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Rosália

J'ai toujours entendu dire que la vengeance était signe de faiblesse. Mais à quel degré de notre chagrin pouvons-nous juger qu'une personne est étiquetée comme faible ? Enclin d'un sentiment fort comme l'humiliation, la rage ou la peine, l'envie de vengeance vient de cette tentation de punir l'autre pour ses actes.

Lorsque vous avez été piétiné tout au long de votre vie, rejeté par ceux que vous pensiez capable de vous ouvrir les portes vers l'épanouissement personnel ou maltraité par une société hypocrite qui est dirigée par la loi du plus fort. Il est naturel qu'un être humain banni par son propre groupe, laissé à l'abandon par les autres, ne soit seulement empli de haine et de rancœur envers le monde qui l'entoure. Non ?

Pourquoi est-il vu comme un acte héroïque et solidaire, de défendre un être cher victime de discrimitation ? Tandis qu'il est jugé vindicatif, l'acte d'une personne voulant se défendre par elle-même. Pourtant les deux ont la même finalité. Vous aimez un être qui a été démoli par la vie, alors par amour vous riposter face à ses démons, jusqu'à vous transformer en une bête nourrie par la rancune. Mais votre vengeance sera maquillée par votre amour inconditionnel pour l'autre. Cependant lorsque vous êtes livré à vous-même dans un monde qui ne vous accepte pas, vous êtes tenté de punir cet affront personnellement. Mais dans ce cas, la société vous considérera comme un être rancunier, rongé par les démons du passé et encore bloqué dans une vie antérieure, bien trop douloureuse a oublié.

Bien que je n'arrive pas à passer à autre chose, cette vengeance est jouissive. Ce plaisir coupable qui redonne bonne mine à mon visage me fait me sentir de nouveau vivante, pour en déplaire à certains. Je sens enfin les choses bouger à mon avantage, et les voir perdre pied est aussi délicieux qu'un bon verre de vin blanc.

En parlant de bon verre de vin blanc, celui entre mes doigts me laisse ce goût sucré le long de ma gorge dès lors que le liquide coule à l'intérieur, détendant mes muscles après cette longue journée. Accompagnée de mon acolyte et sa partenaire, Yoona ne s'arrête plus de parler pour le plaisir de nos oreilles à Octavia et moi. En plus d'être un moulin à parole, cette boule d'énergie d'1m60 ne peut s'empêcher de gesticuler dans tous les sens.

–Puis la prof aujourd'hui était tellement exécrable ! S'exclame ma meilleure amie levant ses bras en l'air d'un air indigné. Elle nous demande de créer un prototype contre les spywares en seulement 2h ! Je répète, deux putain d'heures !

Ne comprenant pas un mot de ce que notre As de l'informatique tente de nous dire, Octavia s'enchaîne les sushis tandis que je m'allume l'énième cigarette de la soirée, écoutant d'une oreille fatiguée.

–...Puis ce gros lourd qui n'arrêtait pas de me draguer sur notre groupe de classe, vous auriez du voir sa réaction quand je lui ai dis que j'étais gay !

Instantanément la brésilienne et moi-même arrêtions tout mouvement, comme si l'horloge accrochée au mur de la cuisine s'était bloquée et que le monde avait arrêté de tourner. Doucement je tourne ma tête vers Octavia puis au moment où nos regards se croisent, il était clair que nous avions pensé à la même chose. Mais Yoona n'avait pas l'air de comprendre notre changement de comportement si soudain, alors naturellement son sourcil droit se haussa et ses mains se posèrent sur ses hanches.

–Je dérange votre discussion silencieuse peut-être ? Demande ma meilleure amie perdue.

Je me racle alors la gorge.

–Yoona... Je commence en la regardant droit dans les yeux. Tu peux nous répéter ce que tu viens de dire ?

Le regard de Yoona fait des allers retours entre Octavia et moi dans l'incompréhension totale.

REVENGE MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant