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Rosália

–Tu vas tout de même pas lui faire confiance ?!

–Et si c'était ma seule chance Yoona ?

–Cette femme est la personification du mal... Tu m'entends ? Du mal !

Depuis une demi-heure ma meilleure amie essaye de me dissuader du pire. Mon corps bloqué entre la raison ou la facilité, je pense presque à pactiser avec le diable pour m'aider à redorer mon blason. De son air ahurie ses jolies yeux en amandes me dévisage comme ci j'étais devenue folle. Et c'est sûrement le cas.

–Même Zacharia ne me croît pas ! Je m'exclame, jetant mes bras en l'air.

–C'est un homme ! Elle hurle en retour. À quoi tu t'attendais ? Qu'il t'aide ? Ils choisissent tous la facilité...

Le ton de sa voix semble nostalgique. Je relève mon regard pour l'ancrer dans le sien, mais il est déjà concentré dans le vide. Si ses pupilles pouvaient raconter une histoire, elles passeraient le fil de sa jeunesse rythmée par les pleures, l'abandon et la solitude. Doucement j'avance vers elle, enlaçant son corps frêle entre mes bras.

–Je sais ce que je fais chérie. Je lui murmure en espérant la rassurer.

–T'en es sûre ?

J'émet une pause. Le cerveau de Yoona travaille constamment, elle assimile et analyse à longueur de journée le moindre détail. Parfois même à en devenir folle. En supplément de ses troubles de l'attention, Yoona ne repose jamais son corps ni ses neurones.

–Arrête de trop penser mi hija, je lui réponds d'un ton calme. On en reparlera plus tard maintenant repose toi on a grosse soirée.

–Oh mon dieu ! La jeune femme s'écrit brusquement, se détachant de moi. Le spectacle de danse d'Octavia j'avais complètement oublié !

Je la regarde d'un air moqueur s'activer un peu partout dans l'appartement, ne manquant pas de renverser quelques objets ou de se cogner contre quelques recoins sur son passage. Elle court en direction de la porte tout en mettant ses chaussures négligemment.

–Tu vas tomber...

–C'est f-

Puis comme prévu, ma meilleure amie ne voit pas le sac devant elle et finit par trébucher dessus entraînant un fou rire de mon côté.

– Arrête de rigoler 바보 (imbécile) et aide moi plutôt !

Tout en me tenant le ventre je m'approche de mon amie, en lui tendant la main. Maintenant sur ses deux pieds elle n'oublie pas de m'envoyer son maigre poing contre mon épaule, en m'offrant son majeur dès lors qu'elle traverse le pas de la porte d'entrée.

Seule face à moi même, le sentiment de légèreté que je ressentais lorsque Yoona était présente s'évapore peu à peu. Mon anxiété reprend part de mon corps et me voilà replongée dans ses pensées obscures. Instinctivement, mon esprit s'accroche à Zacharia et notre dernière entrevue. Je finis le cocktail devant moi que ma colocataire m'avait gentiment préparé sans oublier de finir le sien par la même occasion, noyant ces pensées douloureuses. Il suffit d'une seconde supplémentaire pour que cette cigarette se retrouve coincée entre mes doigts pour voler jusqu'à mes lèvres.

Là voilà, ma paix.

Il est encore trop tôt pour rejoindre Yoona et sa dulcinée à son show de danse, mais jamais assez tard pour s'enfiler un verre de vin blanc. Ou deux. L'ambiance triste de mon appartement ne me plaît pas, alors mon tourne disque dans mon chant de vision je pose mon vinyle préféré dessus. The Miseducation of Lauryn Hill. Quelques secondes plus tard, la pièce est emplie de sa mélodie. Le beat de la musique entraîne mon corps naturellement, et je me laisse bercer par la délicieuse voix de Ms. Lauryn Hill chantant Can't Take My Eyes Off of You.

REVENGE MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant