Chapitre 1 : la bête

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Ce matin, de mauvaises humeur comme hier et les jours qui précèdent, Marina se levait en trainassant des pieds. Le décors qui lui faisait face à chaque réveil était toujours là, du bordel à perte de vu, des vêtements de personnes inconnues sur le sol du salon et ce vieux Richard. Il était là, à moitié sur le sol, à moitié sur le canapé, les yeux gonflés, cernés et maquillés de grosses veines rouges prêtent à éclatées dans le blanc de ceux-ci. Tant qu'il bredouillait encore, elle savait qu'elle n'avait rien à craindre. Mais c'était trop beau pour être vrai, une cuillère qui lui échappe des mains laissant place à un bruit sourd sur le carrelage et le repos s'en allait tout aussi vite. Il lâcha un cri comateux tout en se dirigeant vers elle. Un liquide puant glissait encore du coin de sa bouche jusqu'aux longs poils gris de sa barbe. Il se plaça derrière elle puis fit passer ses gros doigts sur son bras. « Alors Marina, tu as voulu me réveiller ? Maintenant chose faites tu pourrais me faire plaisir... » lui dit-il, collé à son oreille. Non pas moins terrifiée, elle savait qu'elle ne devait pas le lui montrer, elle avait déjà fait cette erreur bien trop de fois... « Je voudrais bien mais on m'attend dehors, tu ne voudrais pas qu'ils viennent voir ce qu'il se passe ? Alors attends-moi ce soir. » Il lui lâcha le bras et elle sortit à toute vitesse en direction de son école.

« Quelle idiote d'avoir dit ça » se répétait-elle dans sa tête. Tout cela en s'apprêtant à devoir encore affronter les petites pestes du lycée qui ne font que lui faire des crasses pour la simple raison qu'elle serait « une extraterrestre », en effet elle serait trop différente car elle ne porte pas de jupes ni de maquillage et n'adresse la parole à strictement personne. En réalité il s'agissait là de filles complexées car plus belle qu'elles existait, mais ça, Marina ne le voyait pas. Heureusement, c'était sa dernière année. Arrivée devant son vieux casier presque en ruine à cause de pauvres brutes qui s'amusent à donner des coups de pieds dans tout ce qu'ils trouvent, elle s'empressait de prendre ses affaires pour vite arriver en cours. Trop tard. Angela Thombson était derrière elle suivie de son groupe de pétasses, des suiveuses sans caractère qui ont préféré devenir esclaves plutôt que harcelées. « Alors Marina, tu as dû faire les poubelles pour manger ce matin ? » s'exclama Angela en ricanant avant de s'en aller. Marina ne comprenait pas bien le sens de sa phrase jusqu'à ce qu'elle baisse les yeux sur ses vêtements. Eh merde ! Elle n'avait pas eu le temps de s'habiller ce matin et était partie sans réfléchir en pyjama. Mais par-dessus le marché, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait taché son petit haut à fleurs de porridge. Encore une journée qui commençait bien pour elle, il était tant qu'elle se finisse.

Mais malheureusement elle s'écoula bien trop lentement entre les railleries des autres élèves et les regards abusifs des obsédés de sa classe en direction de ses fesses qui étaient à son amble désespoir bien trop moulées dans son legging taille enfant. Une fois 17h sonné, elle ressenti un énorme soulagement de s'en aller mais très vite le souvenir de ses paroles de ce matin retentirent dans sa tête. « Attends-moi ce soir », quelle idiote. Elle savait pertinemment que sinon il ne l'aurait pas lâché mais elle avait encore moins le courage de l'affronter après cette journée. Il n'y avait qu'une issue, marcher, marcher aussi longtemps que possible dehors avant de rentrer en espérant qu'il soit assez tard pour que Richard soit déjà assommé par ses consommations.

Elle erra alors dans les ruelle de ce petit village loin de tout qui était le sien avant de se retrouver à longer l'entrée d'une forêt. Cet endroit l'apaisait, le calme de la nature, le chant des oiseaux et le bruit du ruisseau étaient pour elle comme un temple où se recueillir. Elle suivit alors ce bruit jusqu'à tomber nez à nez avec une cascade absolument splendide. Elle décida alors de s'asseoir tranquillement sur un rocher en attendant que le temps passe.

Là, elle entendit des bruits de feuilles dans les buissons derrière elle. Pensant à un écureuil ou bien un lézard, elle s'approcha lentement puis écarta les branches pour apercevoir l'animal. Son cœur s'arrêta tout comme son souffle, une espèce de créature au pellage bleuté était sous ses yeux, en boule et tremblante. Fuir ou l'aider, il s'agissait là de ses deux options. Mais elle n'hésita que quelques secondes et préféra écouter son instinct plutôt que son cerveau. Elle essaya de le toucher et elle sortit alors brusquement son museau qui ressemblait à celui d'une fouine. En voyant Marina, elle arrêta de trembler et se dirigea vers elle à son plus grand étonnement. Marina put enfin mieux l'observée ; elle constat d'abord qu'il s'agissait là d'un élastique vivant à mesure qu'elle se roulait sur ses genoux, un coup il s'agissait d'une grosse boulette de poil puis l'autre coup il s'agissait d'un très long et mince animal quand il se faufilait dans les creux entre ses jambes et le sol ou encore lorsqu'il grimpait sur ses épaules. Puis quand la bête se posa enfin tranquillement dans les bras de Marina elle vit ses énormes yeux noir et une tâche dorée en forme de losange sur son front. Cette chose était magnifique.

Mais d'où venait elle ? Et pourquoi était-elle si terrifiée dans ce buisson ?

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