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Je quittai sa bécane, et retirai le casque qui fit ébouriffer mes cheveux. Le temps de les remettre en place, il avait déjà quitté le parking et rejoint les escaliers qui menaient à la porte d'entrée. Alors que j'allais entrer à mon tour, il me claqua la porte au nez.

-Ouvre-moi ! hurlai-je en tambourinant la porte. Il fait froid !

Il ouvrit alors la porte, sans m'inviter à entrer. Il me dévisagea alors, avant de rétorquer d'une voix plus froide que le vent qui faisait virevolter mes cheveux :

-Il n'est pas encore 18h30.

Et il referma la porte de nouveau. Je jetai un coup d'œil à ma montre, il était 18h14. Oh quel connard, je n'y crois pas.

Comprenant que ce n'était pas une blague de mauvais goût, je me contentais de patienter sur les froides marches en marbres. Le froid caressait désagréablement ma peau. Mon cœur menaça de bondir de ma poitrine quand j'aperçus au loin un homme armé qui se tenait au portail, à l'intérieur de la propriété. Il semblait même la garder.

Et pour couronner le tout, il se mit à pleuvoir. Super ! Rien de mieux pour rendre ma soirée d'autant plus grise. Je sortis mon parapluie, et patientais les dix minutes qui suivaient.

La porte derrière moi s'ouvrit, signe que je pouvais enfin entrer.

-C'est pas trop tôt ! me plaignis-je.

-Ta gueule. Si tu ne veux pas retourner faire un tour sous la flotte, rétorqua-t-il en quittant l'entrée. Tu veux un truc à boire ?

Mon sourcil s'arqua face à sa soudaine amabilité. Était-il bipolaire ou tout simplement con ?

-Euh... Non merci, répondis-je, encore étonnée.

-Ça tombe bien, je ne t'aurais rien servi.

C'était définitif, il était tout simplement con. Un vrai emmerdeur. Il disparut dans les escaliers, me laissant seule dans sa cuisine. J'en profitais alors pour installer mes cours sur la table du salon. Après plusieurs minutes, il était de retour au rez-de-chaussée, mais quelque peu différent. Il avait quitter son uniforme pour un jogging gris, et avait définitivement abandonné son t-shirt.

Voyant qu'il était de dos, je me permis de contempler les nombreux tatouages qui ornaient sa peau. Comment était-il possible qu'à cet âge-ci, il possédait autant de tatouages ? Il n'était pas encore majeur. Je me demandais comment avait-il pu convaincre ses parents d'accepter toutes ces marques indélébiles.

Mes yeux tombèrent à nouveau sur l'épée ténue prisonnière par le serpent qui l'entourait sur ses omoplates. Une phrase était inscrite sur le bas de son dos, d'ici, il m'était impossible de la déchiffrer. Ses bras étaient couverts d'encre. Sur son-bas ventre, une date était aussi gravée.

Attendez. Bas ventre ? Il n'était plus de dos... Oh bordel de merde, il m'avait cramé ? Oh la honte... Je levais les yeux jusqu'à son visage, tenant de ne pas m'attarder sur les taches d'encre que je n'avais pas encore découvertes.

-Tu vas arrêter de me mater comme ça ? me couvrait-il de honte.

Mes joues virèrent à l'écarlate tandis que je détournai le regard, couverte de frisson de gêne.

-On commence ?

Est-ce que je tentai de changer de sujet ? Oui totalement. Est-ce qu'il l'avait deviné ? Probablement. Et est-ce que j'avais envie de prendre les jambes à mon cou et ne jamais revenir ici ? Positif.

Son regard accusateur trahissait l'agacement qui débordait en lui.

-Moi non plus ça ne m'enchante pas d'être ici, ok ? Mais j'ai besoin de cette tune. Alors bouges-toi et viens travailler.

HeartlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant