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Ses plaies ouvertes et les hématomes sur son abdomen devaient lui être douloureuses. Je ne connaissais que trop bien ce sentiment de piqûre à chaque mouvement qui touchait de près ou de loin les ecchymoses. Cette sensation de lourdeur qui déferlait dans tous tes membres jusqu'à ce que tu ne puisses plus porter ton propre poids.

Les plaies ouvertes qui cisaillaient ton âme.

-Où est la salle de bains ?

-À l'étage au fond du couloir, m'indiqua le mercenaire tout en me dévisageant.

Je revins alors avec une trousse de soins que j'avais trouvée dans un des placards.

-Sympa, j'ai une infirmière à domicile, ricana-t-il.

-Oui, et une assassin aussi, si tu ne la fermes pas, commençai-je à retrouver ma repartie.

Il s'assit sur un des tabourets de l'îlot central dans la cuisine. Je le suivis et mon sang se glaça lorsqu'il dit malicieusement dos à moi :

-N'échange pas les rôles.

Je déglutis. Mon visage perdit toutes ses couleurs.

Je commençai à soigner ses mains, silencieusement. Le calme apparent dans la pièce n'égalait en rien à ce qu'il se passait dans ma tête. Mes battements de cœur étaient tellement bruyant que je soupçonnai mon ravisseur de les entendre d'ici.

Je sentais son regard insistant sur les traits de mon visage.

-Arrête de me regarder, lui dis-je en rougissant.

J'aperçus un sourire en coin. Il ne retirait néanmoins, aucunement ses yeux brûlants de mes taches de rousseur. Elles n'étaient tellement pas jolies ainsi... Beaucoup trop voyantes. Et un peu trop répandues. Elles auraient pu être assez jolies, mais l'asymétrie et l'homothétie qu'elles comportaient entre elles les rendaient encore plus vilaines.

Il retira sa chemise tachée et je découvris l'entaille sur sa côte.

-Il n'y a plus de désinfectant, dis-je tentant d'imbiber ma compresse.

Il prit mon coton et le plongea dans son verre d'alcool avant de me le rendre. Le liquide coulait sous mes doigts.

Bon bah c'est sûr maintenant, il est maso.

-T'as conscience que ça va piquer ? l'interrogeai-je tout en fronçant les sourcils.

-Ce n'est pas grave, sourit-il faiblement en entrelaçant nos mains. On souffrira à deux.

Il termina sa phrase en exerçant une pression sur ma main qu'il avait dans la sienne. Je tentai de me défaire de sa poigne sous son sourire narquois. Il maintint son emprise féroce.

Il est vraiment malade...

-C'est toi qui t'es battu, je ne vois pas pourquoi tu voudrais te défouler sur moi !

-Tout simplement parce que t'es là. Mauvais endroit au mauvais moment. Triste réalité. Et estime toi heureuse que ce ne soit pas ton cou que je serre.

HeartlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant