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Une fois que nous étions de retour chez Arès, j'avais filée sous la douche. Abby s'était rendue à la réunion à laquelle je n'étais pas conviée. J'étais restée à l'extérieur de la salle dans laquelle ils étaient tous enfermés à attendre comme une mijaurée que la porte s'ouvre, marquant la fin de leur entrevue.

Abby m'avait gentiment apporté quelques affaires neufs afin que je puisse quitter son petit short en tissu qui révélait un peu trop ma peau. Elle avait confirmé mes craintes. J'allais rester chez lui un bon bout de temps.

J'avais aussi rencontré un certain Aaron. Celui qu'il avait eu au téléphone quand nous étions poursuivis.

Ouais, quand t'as faillit crever aussi.

Vrai.

Cependant, l'image qui me restait en tête et qui m'avait empêché de fermer l'œil était celle de mon ravisseur les poings ensanglantés et son sweat-shirt tacheté d'hémoglobine. Je me souvenais encore de son regard noir quand il avait brusquement quitté la salle de réunion.

J'ignorais comment c'était arrivé mais ça ne m'avait pas étonné plus que ça. Il avait l'habitude après tout.

Je me demandais comment c'était possible d'assassiner un être vivant sans regret. Retirer une vie sans penser que cela puisse avoir des répercussions sur la tienne. Pourrir son âme en s'emparant de celle de sa victime. Noircir son cœur en cessant de faire battre le sien.

Comment c'était possible de se permettre d'abattre un humain sans se demander si cet acte n'aura pas une place réservée à lui-même dans ses cauchemars ?

Quand nous étions rentrés, j'avais sentie une tension palpable dans la voiture qui elle était dans un état pitoyable. Entre le rétroviseur explosé, le pare-brise arrière entièrement désintégré et les balles qui avaient troué la carrosserie... Plus rien n'allait.

Mes pensées s'interrompirent lorsque mon ventre se tordit finement. Je n'avais rien avalé depuis plus de 24 heures. La nouveauté des événements occupait bien trop mes esprits pour laisser ne serait-ce qu'une misérable place à l'état de mon estomac. Mon alimentation prenait une place secondaire dans ma vie. Parfois, il m'arrivait d'oublier et sauter quelques repas jusqu'à ce que je frôle le malaise.

J'ignorais d'où sortait ce trouble, mais il s'avérait si dangereux qu'il m'ait arrivé de faire une crise d'hypoglycémie tres violente. J'avais des sortes de malaises. Lorsque cela m'arrivait durant mes années scolaires, c'était toujours le même remède : un sucre que les infirmières diluaient dans de l'eau accompagné d'une myriade de questions.

« Tu as mangé ce matin ? »

« Est-ce que t'es parents te nourrissent ? »

« Tu es sûre de ne pas faire de diabète ? »

Toujours les mêmes.

Avant de m'élancer sur la pointe des pieds jusqu'à l'étage inférieur, je lançai un bref coup d'œil au réveil qui reposait toujours sur le chevet. Il était 8 heures du matin. Peut-être qu'il dormait encore ? Au fond de moi, je l'espérais.

Je descendis les marches en veillant à ne faire aucun bruit. Si je le réveillais je n'osais pas penser à ce qui pourrait m'arrivait. Ce type était un taré doublé d'un psychopathe.

Mes pas me guidèrent jusqu'à la cuisine dans laquelle j'ouvris le frigo. Mon ventre criait famine.

-Qu'est-ce que tu fous ? m'interrogea la voix rauque que je voulais éviter.

HeartlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant