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Point de vu : Azilis.

— J'ai faim, soufflai-je en m'étant sur pause l'épisode.

— Et ? T'as cru que j'étais ta nounou ? rétorqua mon ravisseur.

Depuis mon réveil, j'étais descendue dans le salon. Il était arrivé seulement quelques minutes après moi. J'ignorais d'où il revenait mais il était encore plus désagréable que d'habitude.

Ce qui est bien compliqué.

Nous avions alors passé toute la matinée dans le salon sans s'adresser un mot, hormis les piques qu'il me lançait fièrement comme le trou du cul qu'il était et auxquelles d'ailleurs, je ne répondais pas.

Je me levai, et partis me faire bouillir de l'eau. Une fois que mes pâtes étaient cuites, je me servis une assiette avant de m'installer sur l'un des tabourets de l'îlot central.

— Fais deux assiettes, j'ai la dalle, m'ordonna sèchement mon ravisseur depuis le canapé.

Je pouffai.

— Et ? T'as cru que j'étais ta nounou ?

Oups.

C'était sorti seul. Je regrettai mes mots dès leur sortie. Qu'est-ce qui m'avait pris ?! Je déglutis lorsque je le vis quitter le canapé d'un bond, tout en marmonnant des insultes. Je venais de signer mon arrêt de mort en le provoquant.

J'avais choisi le meilleur jour pour l'énerver.

Super Azilis, tu mérites des baffes par moment.

Il se rapprocha dangereusement, tandis que je tentai de fuir en abandonnant mon siège pour me réfugier un peu plus loin dans la cuisine. J'étais dans l'angle, entre le lave-vaisselle encore ouvert et le frigo.

Sa fureur était palpable. Ses sourcils froncés firent naître sur mon épiderme fébrile, une traînée de frisson. Je tremblais rien qu'en le voyant grincer des dents. Je me recroquevillai plus profondément contre les meubles, tentant presque de fusionner avec.

Les pas lourds du mercenaire faisaient trembler chacune de mes cellules. Il n'était plus qu'à quelques centimètres désormais. Ses poings serrés tendaient tout son corps.

L'une de ses mains attrapa violemment mon poignet. Très vite, sa taille me surplomba d'une tête et demie. Son odeur masculine mélangée à celle de la cigarette pénétra mes narines.

— Répète ça.

J'ignorais si c'était du sarcasme ou s'il tentait de m'intimider, mais il réussissait à merveille. J'étais intimidée.

— Je t'ai dit : répète ! cracha-t-il, la voix emplie de dégoût.

— Je... Je..

Son sourire mauvais aux lèvres suspendît mon semblant de phrase. Je m'arrêtai et coupai ma respiration. Je ne savais pas ce qui l'avait mis en rogne cette nuit mais ma pique n'aurait pas dû le contrarier de la sorte s'il était dans son état normal.

— Comme je te l'ai déjà dit, sale gamine, ici, c'est chez moi. Mon monde, souligna-t-il. Et tu sais ce que je leur fais aux gens qui me manquent de respect, dans mon monde ?

Je secouai la tête. Bien sûr que je savais et que j'avais menti. Parce que je ne voulais pas être la preuve qui confirmait ses dires.

Il esquissa un nouveau sourire sournois qui me fit frémir. Je détestais ce sourire.

— Je pourrais peut-être te montrer, se réjouit-il presque.

Je n'eus pas le temps de contester que sa main avait empoigné le couteau de cuisine dans le lave-vaisselle juste derrière lui. Il tira sur mon bras et fit glisser la lame lisse sur ma chair encore frissonnante d'effroi. Son corps contre le mien m'avait empêchée de me débattre. Le temps de réaliser fut assez court. La douleur se fit ressentir une fois que la coupure laissa échapper un filet d'hémoglobine avant de s'échouer sur le sol.

HeartlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant