Chapitre 2

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Son corps ensanglanté tombe dans le vide sans que je n'ai le temps de le rattraper. Mes membres refusent de bouger pendant que la forme s'écrase dans la rivière en contrebas.

J'ouvre grand les yeux, peinant à respirer complètement. Je tâtonne à la recherche de mon réveil, posé quelque part sur ma table. Une fois l'appareil entre mes mains tremblantes, je m'empresse de l'allumer et regarde l'heure : quatre heure et demi à peine.

J'essuie mon front trempé de sueur du revers de mon pyjama et tente de refermer les yeux.
Mais en vain. Les images de mon cauchemar ne cessent de me revenir en mémoire dès que le noir se referme sous mes paupières. La fatigue me guette mais plus aucun moyen de me rendormir.

Je me décide donc à allumer ma lampe de chevet, histoire de ne pas rester dans le noir. Je détend mon corps crispé sous la couverture, détournant mon esprit des images qui me hante. Je focalise mon regard sur un des posters accroché à mon plafond qui représente le boy group
BTS. Je souris faiblement entre les larmes qui dévalent mes joues.
Cela peut paraître fou ou immature mais en ce moment les groupes de musique sont les seuls à savoir me faire sourire.

Je réalise dans la foulée que nous sommes lundi et qu'il me reste moins de deux heures de sommeil. Si c'est pour perdre des heures de sommeil et ressembler à un panda demain autant le faire bien. Je décide donc de me lever et de faire quelques rangements de-ci de-là.

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Quand ma mère vient me réveiller à sept heures le lendemain, je feins la mauvaise humeur pour ne pas l'inquiéter et fait mine de me réveiller. Je lui adresse une mine bougonne histoire qu'elle ne comprenne pas que ça fait en réalité trois heures que je suis réveillé.

Je me prépare à la vitesse exemplaire de vingt minutes pour mettre un pull puis je descends les escaliers à la manière d'un poulpe. Je fixe le verre posé sur la table rempli de jus de fruit ainsi que le paquet de gâteaux. Je décide de le laisser sur la table au même endroit pour qu'elle ne voit pas la différence. Je dirais que je n'ai pas eut le temps. Je n'ai pas particulièrement envie qu'elle m'interroge encore sur le fait que je ne prends plus de petit-déjeuner depuis plusieurs jours.

Avant de partir, j'observe avec dépit mon corps dans le miroir. Sans même en prendre réellement conscience, je me toise avec dégoût.
L'amour que Bangseok portait à ce corps reflété dans le miroir a finit par me faire me détester en même temps que je le détestait lui.
J'entends la porte d'entrée vibrer signe que le bus est passé devant chez moi. Je franchis l'entrée à la va-vite et sors de la maison en courant.
Avec une chance plutôt considérable, j'arrive à attraper mon bus au vol.
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J'entre dans la cour par le grand portail comme d'habitude, le froid me saisissant la gorge. Comme d'habitude mon estomac se serre à la vue de la foule amassée autour des bancs.
Je rejoins mes deux amis avec toujours la même impression, celle d'être de trop. Depuis qu'ils se sont retrouvés dans la même classe sans moi, Mi-yun et Mi-chan se sont énormément rapprochés et je finis toujours par être le dernier au courant de leurs histoires.
Je sais que je finirais par lâcher prise avec eux deux pour les laisser ensembles mais j'essaye le plus possible d'entretenir notre relation.
Je garde le silence contrairement à mon habitude, mais cette fois je n'écoute même pas un minimum de leur conversation. Je reste perdu dans mes pensées et comme plus tôt dans la nuit, je me laisse assaillir par mes images cauchemardesques.

Mes amis ne semblent pas remarquer la différence pendant que je sens le stress serrer ma gorge. Mais je ne leur en veux pas, je n'aurais aucune raison de leur en vouloir de toute façon. Je tente en vain de me débarrasser des cicatrices flottant devant ma rétine en faisant semblant de porter attention à leur conversation.

Le regard perdu dans le vague, je tend l'oreille, entendant la sonnerie entre le sifflement continu qui s'est installé dans mon crâne et leur fait un discret signe de la main en rejoignant mon rang.

Comme d'habitude, je retrouve mon petit groupe d'amis avec qui je ne reste que très peu, pour les cours et pour manger. Ils m'adressent tous un petit sourire auquel je m'efforce de répondre.

Ils étaient déjà amis avant que j'arrive dans leur groupe mais étonnement je n'ai eut aucune difficulté à m'intégrer.

Ma classe a le schéma basique des séparations, avec plusieurs groupes de populaires et mon groupe.

J'ai toujours préféré les amis pas trop populaires, avec qui je ne me sens pas à l'aise, notamment à cause des quelques insultes que j'avais reçu en début d'année.

Je lève les yeux en voyant le même imbecile au fond qui continue de se moquer de moi au fond du rang.
Toujours le même.

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