Chapitre 7

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Je suis roulé en boule contre la porte des toilettes, le visage appuyé contre mes genoux. Je reprends doucement ma respiration après avoir vomis le contenu de mon repas dans la cuvette. Les images ne cessent de parvenir à mes paupières, et je ne parvins à oublier mon cauchemar. Je crache le reste de la bile présente dans le fond de ma gorge et tire la chasse d'eau.

Je me relève, ayant bien conscience que mon retour en classe ne passera pas inaperçu.

Dès que mon corps m'avait forcé à me réveiller, une violente migraine m'avait saisit les tempes et ma poitrine s'était violemment serrée. Ma respiration s'était alors subitement bloquée sans que je ne sache réagir.

Malgré l'étau qui entourait ma tête, je m'étais obligé à lever la main.

Je détestais voir tous les regards de mes camarades se poser sur moi, certains me détaillant, alors qu'ils attendaient que je prenne la parole.

Mon temps de réponse à l'interrogation du professeur entraîna quelques railleries. Les quelques mots dépassèrent mes lèvres et le tremblement de mon bras contre mon ventre s'accentua. Je me levai, traversai la classe entière et sorti de la classe.

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Je marche maintenant en direction de mon batiment, perdu dans ce qu'il me reste de pensées normales. Mais le calme ne dure pas et mon esprit dévie déjà vers d'autres choses moins agréables.

Toujours le même vide émotionnel qui m'envahit, mais par dessus tout, une seule impression, surmontant toute les autres. Elle me saisit la gorge, et je reconnais ce sentiment de flotter qui me prend après mes sommeils mouvementés, comme si je dormais toujours. Il y eut comme une déconnexion entre moi et le reste de mon corps, me vidant de toute sensation.

Il n'est pas rare que je me sente vide après mes cauchemars, il arrive même souvent que cette impression me suive sur plusieurs heures, permettant à mon cerveau de reprendre connaissance de la réalité.

Parfois, la détresse et l'angoisse se réveillent dans le coin sombre de mon esprit, me rappelant que mon cerveau a toujours cette partie effrayante qui retient mes dernières émotions.

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Je toque nonchalamment à la porte de ma classe, sans prendre garde aux regards qui s'attardent sur moi.

Je retourne m'assoir sur ma chaise, sous l'œil interrogateur de ma voisine. Elle n'attend probablement aucune explication de ma part, mais continue de chercher dans mes yeux un semblant de réponse.

Elle est comme toute les autres, son masque est bien trop fragile pour passer inaperçu. Ses sourires et ses rires sont bien trop irréalistes pour que puisse ne pas les remarquer.

Je lui réponds simplement par un jugement exagéré, comme j'ai l'habitude de faire et retourne à mes occupations.

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Quand enfin l'heure d repas se présenta, je suivis mes amis comme d'habitude vers le réfectoire. Josh continue ses conversations naturellement avec les autres, avec qui il est devenu ami.

Il croise mon regard et me fais un léger sourire.

"- Est ce que je suis censé lui répondre ?"

Mon cerveau analyse l'information sur quelques secondes, alors que j'observe son visage souriant.

Je lui adresse un sourire timide, et un moment de surprise apparait dans ses yeux.

C'était mon premier sourire à son égard.

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-J'ai besoin d'une psy maman.

Ma phrase brise le silence qui s'est installé dans ma chambre depuis qu'elle est entrée.

Elle me regarde longuement, cherchant à trouver mes yeux, qui l'évitent.

Elle ne prononce pas un mot, et dans le silence le plus complet, acquiesce de la tête avant de sortir.

Je fixe mon plafond, en quête d'une quelconque réponse à toutes les questions qui s'enchainent dans ma tête.

J'ai très bien conscience que la difficulté que j'aurais à me confier à une inconnue sera importante, mais l'enjeu n'est plus le même maintenant.

Il faut que je mette les chances de mon coté. Car je veux me comprendre maintenant.

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J'ai eu mon premier rendez-vous chez une psychologue il y à deux jours maintenant. La séance a été plus compliqué que prévue. Elle avait beau me pousser  à me confier à coeur ouvert, mes réponses restaient vagues et sans débouchés particuliers. Elle m'interrogeait beaucoup mais j'avais accepté de lui expliquer seulement certains détails, la faisant reculer dans tous ses raisonnements.

J'avais tout de même repris un rendez-vous, dans l'espoir naïf de pouvoir avoir un déblocage.

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