Esperanza

La découverte.

Amérique, Loraya.

Arrivé en Amérique, je n'imaginais pas qu'autant de choses puissent changer seulement en quelques années...

Maïly est au ange, bien sûr. Son but est clairement de découvrir le monde, donc on va dire qu'ici avec moi, elle est servie.

On a loué une voiture pour le temps que je reste ici, même si je pense que j'aurais pu m'en acheter une. C'est Maïly qui n'a pas voulu, elle voulait " faire la grande expérience". Bien sûr, elle ne s'attendait pas à avoir le cul endormi après 3 h de route. Je l'avais prévenu que les voitures à louer n'étaient pas de très bonne qualité, mais je pense qu'elle comprend et que je vais devoir vite acheter une voiture.

Arrivé devant le ranch, j'ai l'impression de remonter dans le temps. J'ai l'impression d'entendre mon père me crier au loin qu'il faut préparer les chevaux pour le concours et que je suis encore en retard. C'est seulement grâce à Maïly que ma transe prend fin et que je réalise que nous sommes arrêtés devant la porte et que je ne bouge plus. Devant nous, un vieil homme, sûrement le notaire, qui nous regarde de bas en haut. Il est assez grand et il a une imposante stature. On sent que cet homme a passé l'âge de sourire, tellement il tire la gueule. Il doit certainement être en fin de carrière, entre 60/65 ans. Et il est évident que vu ses grands airs, il n'a pas souvent dû voir du monde.

C'est clair que notre façon de nous habiller ici et en France sont différentes. Mais je pensais que ce n'était pas un détail à prendre en compte.

Rater.

On a l'impression d'être des extraterrestres venus sur terre. Lui aussi est dans une transe, c'est quand je lui dis bonjour et que j'agite ma main devant ses yeux qu'il remarque que nous sommes bien des êtres vivants et que nous parlons la même langue.

- Bonjour, veuillez excuser mon manque de réaction. Je ne m'attendais pas à vous voir arriver maintenant et encore moins dans cette tenue.

- Bonjour, oui, nous sommes désolés. On n'a pas vraiment su se changer dans l'avion. Vous vouliez me rencontrer ? Je suis Loraya, la fille de l'homme qui habitait ces lieux avant de mourir.
De quoi est-il mort d'ailleurs, s'il vous plaît ? Vous ne l'avez pas dit ?

- Monsieur Gérard est mort d'une crise cardiaque. À vous entendre parler, vous ne vous êtes pas quitté en bons termes...

- Non, exactement. Si je suis là, c'est pour aider les chevaux et ensuite revendre le ranch à quelqu'un qui, je m'en assurerais, prendra grand soin des chevaux à ma place.

- Il ne reste qu'un cheval et permettez-moi de vous le dire, il n'a rien d'un champion. Donc, vous devriez le vendre tout de suite. Sur ce, je vous donne les clés, à très bientôt si vous restez ou à jamais. Au revoir et bonne journée !

Je me retourne vers Maïly qui n'a rien raté de l'échange.

- J'ai bien entendu, il a dit qu'il n'en restait qu'un seul ?

- Qu'un seul, quoi ?

- Cheval, Maïly !! Tu es parmi nous ou quoi ?

- À oui, désolé, je pense que c'est ce qu'il a dit. Tu sais encore où sont les boxes ? Je n'ai pas vraiment envie de chercher après un cheval pendant des heures dans cet endroit presque abandonné...

- Oui, ne t'en fait pas, je connais l'endroit comme ma poche !

Normalement, quand on passe par-derrière, il y a à gauche les paddocks, à droite les pistes, et dans le fond ce sont les écuries.
Alors, si je passe tout en fermant les yeux, car il ne faut pas le nier, l'endroit a réellement été laissé à l'abandon.

C'est ici !

- PUTAIN !

Ça, c'était Maïly...

Moi, c'est à l'intérieur que je hurle.

Devant nous, des boxes.

Dans les boxes ?

Vous voulez que je vous le dise ?

Moi, je n'aurais pas eu envie...

Et ici, maintenant, je suis obligé d'ouvrir les yeux.

Des chevaux... morts.

Tout ce qu'il y a dans l'écurie, c'est ça.

Ils sont tous morts.

Ça sent horriblement mauvais.

Mais quand Maïly tape son pied dans un seau, j'entends un hennissement.

Ils ne sont pas tous morts.

Il en reste un.

Ou plutôt, une...