16 - Hypoxie

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Humide. C'est ce que je réponds à mon père quand il me demande comment se passe ma nouvelle vie écossaise. Humide. Il faut dire que je ne suis pas arrivée à la meilleure période de l'année avec l'approche de l'hiver mais le temps maussade est au moins en accord avec mon humeur depuis mon emménagement il y a un mois. Ma rentrée s'est très bien passée et l'université a tenu ses promesses en étant plus qu'arrangeante à propos de mon emploi du temps pour qu'il coïncide avec celui des équipes Red Bull. Je n'ai pour l'instant eu besoin que de temps de télétravail mais je dois m'absenter du Royaume-Uni en cette fin de semaine pour assister à la dernière course de la saison à l'occasion de laquelle j'aurais la chance de rencontrer les différents pilotes juniors. Ce voyage me stresse énormément et je tente de me rassurer en relisant encore et encore les fiches de présentation que m'a fait parvenir Red Bull afin que je découvre les membres de la Junior Team. Je connais désormais leurs présentations par cœur mais je sais qu'elles ne seront jamais suffisantes pour me faire connaitre ces jeunes tellement plus complexes que de simples résumés. Je trépigne d'impatience et d'appréhension mélangées tandis que l'avion se pose enfin sur le sol des Emirats Arabes Unis. Je revêts pour la première fois les vêtements floquées aux couleurs de ma nouvelle écurie et je dois avouer éprouver une certaine fierté en observant mon reflet dans le miroir des toilettes étonnamment propres de l'aéroport. Je traine ma valise à ma suite tout en essayant de me repérer dans les dédales des différents bâtiments jusqu'à ce que j'aperçoive finalement la longue file de taxis qui attendent devant les portes vitrées qui ne me protègent désormais plus de la chaleur étouffante du pays. Je me félicite mentalement d'avoir attaché mes longs cheveux en un chignon haut tout en essuyant la goutte de transpiration qui coule déjà le long de ma tempe. Je dois retenir l'exaspération qui me gagne en sentant les regards scrutateurs des chauffeurs qui se demandent certainement ce que peut bien leur vouloir une femme seule avant de finalement monter dans un véhicule qui accepte de me transporter jusqu'au circuit. Le trajet se passe dans un silence seulement troublé par le bruit de l'autoradio et je souffle de soulagement en apercevant les portiques du paddock qui apparaissent enfin devant moi. Je règle ma course en remerciant le chauffeur avant de finalement me diriger vers les entrées. Nous ne sommes que jeudi ce qui signifie que la plupart des spectateurs ne sont pas encore présents, aussi je n'ai pas trop de mal à me faufiler jusqu'aux barrières de sécurité qui s'ouvrent dès que je dépose mon badge sur les emplacements prévus à cet effet. L'euphorie qui m'envahie en enfilant le working pass autour de mon cou ne me quitte pas tandis que je tente de retrouver mon chemin pour atteindre les garages bleus qui se trouvent à une extrémité de la pite-lane. J'hésite un instant devant les portes de l'hospitalité puis je me souviens du mail qui me disait de retrouver Helmut Marko à l'intérieur et je souffle bruyamment avant de prendre une grande inspiration censée me donner du courage. Je m'avance ensuite sur la petite terrasse et passe les portes aux couleurs de l'écurie pour plonger dans cet univers dont je n'osais même pas rêver. Je dois me pousser du chemin pour laisser passer un groupe en grande conversation qui ne semble pas remarquer ma présence et j'effectue un tour sur moi-même afin d'embrasser du regard l'entièreté de la fourmilière qui s'offre à moi. Des gens s'affairent ici et là sur des projets que je ne comprends pas dans un désordre organisé où chacun semble avoir sa place. Alors que je longe un mur en me demandant comment je vais pouvoir retrouver le directeur du programme junior parmi tout ce monde, une main se pose sur mon bras, me faisant sursauter.


-          Livia ?

-          Max ! Tu m'as fait peur !


Le pilote néerlandais me sourit de toutes ses dents avant de m'attirer dans une étreinte à laquelle je ne m'attendais pas mais que je lui rends avec plaisir, heureuse de croiser un visage familier.


-          Je vois que tu t'es déjà faite au merch de l'écurie c'est cool.

-          Obligation professionnelle. Je suis un membre de l'équipe désormais...

Comme une étincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant