Comme une étincelle

34 - Je t'aime

-           Je ne crois toujours pas que tu sois avec Lando.

-           Pas si fort Arthur !

Je me retourne pour vérifier que personne ne l'a entendu alors que nous traversons le paddock en direction du réfectoire. Arthur nous a rejoint à Las Vegas pour soutenir son frère ce week-end et je crois bien que Mara ne devrait pas tarder également. Je n'ai d'ailleurs pas très bien compris pourquoi la monégasque serait présente ce week-end, elle qui n'assiste qu'au Grand Prix de Monaco en temps normal, mais son message me prévenant que nous pourrions nous croiser ne laissait pas entendre qu'elle était prête à s'en justifier donc je n'ai pas insisté. Après tout, peut-être que je me fais des films et qu'elle avait un évènement dans le coin pour décider de nous rejoindre ensuite. Toujours est-il que je me demande encore comment je peux espérer garder ma relation discrète en en parlant à mon meilleur ami qui est aussi la pire commère de la discipline. Cet enfant finira par avoir ma peau.

-           Oh ça va, personne n'écoute !

-           Qu'est ce qu'il ne faut pas écouter ?

Je sursaute brusquement en entendant cette voix qui retentit dans mon dos et je me retourne pour faire face à ce visiteur surprise.

-           Mon dieu Emerson tu m'as fait peur !

Le sourire de l'américaine s'agrandit alors que ses yeux analysent notre duo. Si je ne la connaissais pas, je pourrais me sentir intimidée par son regard scrutateur qui semble en permanence chercher à savoir si nous méritons son intérêt. Je sais que c'est une façade que la chargée de relations publiques s'est construite au fil des années mais elle est quand même sacrément intimidante pour qui ne la connait pas.

-           Excuse-moi je ne voulais pas vous interrompre mais vous avez attisé ma curiosité.

-           On parlait de tu sais qui.

-           Quelque chose de croustillant à me communiquer ?

-           Rien que tu ne saches à peu près non.

-           Comment ça ?

Arthur nous regarde toutes les deux, surpris de cette familiarité entre nous. Je lui ai pourtant parlé de notre voyage entre filles mais je pense qu'il n'avait pas réalisé que je fais désormais partie des personnes à qui Emerson sourit sincèrement.

-           Tu te rappelles qu'on a fait un voyage ensemble il n'y a pas longtemps ? Tu croyais qu'on avait parlé de quoi Minimoy ? Ta sœur était même présente si ma mémoire ne me fait pas défaut.

Arthur se ratatine sous les mots de l'employée Mercedes et je ris de la façon dont elle parvient à l'intimider en quelques phrases. Emerson brise rapidement son personnage pour prouver au monégasque qu'elle plaisante avec lui et je suis fascinée de la vitesse à laquelle elle parvient à changer de sujet.

-           Sinon je voulais te proposer d'aller boire un – ou plusieurs – verres ce soir. Histoire de profiter un peu des joies de Vegas ! Les enfants sont chez leurs grands-parents ce week-end !

-           Ça aurait été avec plaisir mais j'ai déjà quelque chose de prévu. Une prochaine fois ?

-           Bien sûr ! Mais tu n'y échapperas pas la prochaine fois que je te le propose.

-           Promis ! Demande à Mara elle voudra peut-être se joindre à toi.

Je lui fais part de la venue de la monégasque, mal à l'aise de devoir refuser son invitation. L'américaine est plus que douée pour cacher ses émotions, mais le voile de déception que je vois recouvrir ses prunelles me fait sentir coupable de ne pas pouvoir l'accompagner. Emerson note l'idée avant de s'excuser et elle repart au pas de course pour rejoindre le garage de son équipe, perchée sur des talons qui me donnent le vertige simplement en les voyant.