23 - J'y crois encore

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-           Est-ce que tu veux un thé ?


La grande sœur d'Arthur se tient devant moi, une tasse à la main alors que les autres invités se sont éparpillés à travers le salon. Le reste de la fratrie est arrivé hier soir et tous les nouveaux arrivants se sont montrés chaleureux avec moi, à l'image de leur plus jeune frère. Mara, la seule fille de la famille, a été particulièrement accueillante et nos trois années de différence ne nous ont pas empêché de tout de suite bien nous entendre. Elle est rédactrice pour un prestigieux magasine de mode et la passion qu'elle éprouve pour son métier rend son discours fascinant même si ce n'est pas vraiment un domaine dans lequel j'excelle. Celle qui, sans leurs quatre années d'écart, pourrait passer pour la jumelle d'Arthur du fait de leur ressemblance impressionnante, a ainsi réussi à m'introduire des notions de hautes coutures dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Usant certainement de la sorcellerie dont se sert cette famille, elle a également réussi à me convaincre de faire un séance shopping avec elle avant notre départ de la principauté. Si j'étais légèrement angoissée à l'idée de ne pas m'intégrer parmi les monégasques, tous m'ont vite prouvé qu'ils ne comptaient pas me laisser me mettre à l'écart. Le sourire qui ne quitte pas les lèvres d'Arthur depuis l'arrivée du reste de sa famille provoque régulièrement le mien et je suis heureuse de le voir si épanoui après sa fin de saison compliquée. Alors que les trois frères se chamaillent pour savoir qui obtiendra la meilleure manette pour leur partie de Mario Kart, je m'installe sur l'un des fauteuils du salon pour profiter de cette ambiance festive, une tasse chaude entre les doigts. Pascale nous rejoint quelques minutes plus tard et nous nous attelons à encourager les garçons qui semblent jouer le reste de leur vie à travers la course qu'ils disputent sur l'écran. Alors qu'ils s'apprêtent à relancer une partie, le débat pour savoir qui prendra le meilleur départ est interrompu par le téléphone d'Arthur qu'il s'empresse de décrocher en constatant que l'appel vient de sa petite-amie. Ses frères ne se gênent pas pour le charrier alors même que leurs copines respectives sont dans la pièce et le plus jeune de la fratrie s'éloigne pour ne plus avoir à supporter leurs remarques. La mère de famille décide alors qu'il est grand temps de commencer l'apéritif pendant ce temps-là et, avec l'aide de chacun, tout est rapidement installé sur la table. Arthur se glisse à mes côtés en nous rejoignant quelques minutes plus tard et le repas se déroule dans la bonne humeur, entre éclats de rires et anecdotes farfelues des prouesses de la fratrie Leclerc qui semble avoir poussé à leur maximum les limites de leur mère. Ce n'est que plusieurs heures plus tard que nous quittons enfin la table, le ventre rempli pour les quinze jours à venir et des crampes aux joues à force d'avoir trop ri. Tout le monde se dirige alors vers le sapin pour la distribution des cadeaux et je prends soin de donner à chacun les petits présents que j'ai réussi à trouver avec l'aide d'Arthur.


-           Tiens Livia, celui-ci est pour toi. Ce n'est pas grand-chose mais je... enfin j'espère qu'il te plaira.

-           Merci Pascale mais il ne fallait pas !

-           Ça me fait plaisir.


Je me saisis du paquet que me tend la mère de famille, me demandant ce qu'elle a bien pu m'offrir. Je ne m'attendais pas du tout à recevoir quoique ce soit en venant ici pour les fêtes et je dois avouer être un peu gênée de ces attentions même si j'ai fait la même chose. Je déchire doucement le papier cadeau qui est décoré de petites têtes de rênes pour découvrir le pull d'une laideur exceptionnelle qu'il renferme. Un pull de Noël. Un pull de Noël ridicule. Un de ceux que j'aurais été ravie de dénicher pour l'offrir à mon père. 

Comme une étincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant