5 - Complicité

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- Lando dépêche-toi le taxi est en bas !

- Oui oui j'arrive.


Je le vois émerger de la salle de bain quelques secondes plus tard, la tête coincée dans son sweat qu'il tente d'enfiler tout en venant dans ma direction. Je ris de le voir en mauvaise posture et lorsqu'il se cogne contre le coin du lit, je me décide à m'approcher de lui pour l'aider. Ses yeux pétillants émergent enfin du vêtement quand je guide le chemin de sa tête et je ne peux que répondre au sourire qui illumine son visage. Il dépose un baiser sur mon front avant de rapidement me contourner et d'attraper ses affaires en partant en direction de la porte.


- Je dirais au chauffeur que c'est de ta faute.


Je me précipite à sa suite et claque la porte de notre chambre d'hôtel avant d'essayer de le rattraper alors qu'il court déjà vers les escaliers. Cela fait quinze jours que j'ai rejoint mon meilleur ami et j'ai l'impression que nous ne nous sommes jamais quittés, notre complicité étant toujours aussi forte et naturelle malgré les mois passés à distance l'un de l'autre. Lando a dû retourner à l'usine de son écurie en début de semaine après le Grand Prix d'Autriche pour travailler avec ses ingénieurs et faire du simulateur mais il a tout de même pu avoir sa fin de semaine libre et nous avons donc décidé de profiter de Bruxelles en ce vendredi ensoleillé. Nous sommes arrivés tard hier soir et n'avons donc pas pu faire grand-chose mais je compte bien profiter de cette journée pour redécouvrir la ville. Ce matin nous avons choisi de nous rendre dans un parc d'attraction un peu en retrait du centre, raison pour laquelle j'ai commandé un taxi qui nous attend maintenant depuis quelques minutes. Lorsque je passe les portes coulissantes du bâtiment je peux voir que Lando a remonté sa capuche pour dissimuler une partie de son visage et qu'il hésite quant au véhicule dans lequel monter. Je le rattrape pour glisser mon bras sous le sien et l'emporte à ma suite en direction de notre taxi en riant de l'inutilité de sa fuite pour me devancer. Nous nous excusons auprès du chauffeur pour l'attente et nous voilà partis en directions des montagnes russes. Cela fait des années que nous ne sommes pas aller dans un parc de ce genre et même si j'appréhende un peu le fait que Lando se fasse reconnaitre, je suis ravie de pouvoir partager ce moment avec lui. Au cours de nos différents étés passés ensemble, nos parents ont fait en sorte de nous emmener dans la plupart des parcs européens et j'ai hâte de pouvoir redécouvrir cette activité maintenant que nous n'avons plus besoin de la surveillance d'un adulte. Enfin pour ma part, car lorsque je vois le visage couvert de chocolat de Lando qui a voulu prendre une gaufre après seulement deux attractions, je me questionne sur l'âge réel de cet énergumène et sur sa capacité à prendre des décisions réfléchies. Ce questionnement se confirme d'ailleurs quelques minutes plus tard quand nous descendons d'un manège et qu'il m'annonce avoir envie de vomir.


- Je t'avais dit que ce n'était pas une bonne idée de manger une gaufre maintenant !

- J'ai l'impression d'entendre Andréa.

- Peut-être qu'il t'a jeté un sort pour te faire regretter tes écarts...


Il relève les yeux vers moi pour me jeter un regard assassin et je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire face à son expression torturée. Je m'assois à ses côtés sur un banc qui fait face au lac et sort une bouteille d'eau de mon sac pour la lui tendre tout en passant une main dans son dos. Il me remercie tout en commençant à boire de petites gorgées. Nous restons assis quelques minutes en silence à observer les mouvements de l'eau en face de nous, les bruits des attractions résonnant au loin. Nous nous connaissons depuis si longtemps que je ne trouve pas ces moments gênants, nous n'avons parfois même pas besoin de parler pour nous comprendre et ce qui pourrait passer pour des blancs insupportables pour d'autres sont en fait des instants où nous profitons simplement de la présence de l'autre sans éprouver le besoin de combler le vide de la conversation. Une fois que Lando se sent mieux nous retournons faire des attractions et nos hurlements sont aussi nombreux que nos éclats de rire sur les rails des manèges que nous choisissons de faire. Nous décidons de quitter le parc aux alentours de 15 heure lorsque nous avons fait ce que nous voulions et que nous constatons que mon meilleur ami est de plus en plus reconnu sans la barrière protectrice du sweat-shirt qu'il a enlevé en raison de la chaleur et malgré ses lunettes de soleil. Nous rejoignons les rues de la métropole et nous déambulons dans les boutiques souvenirs au cours de la fin d'après-midi. Lando fait un stock scandaleux de gaufres au caramel et je sais d'avance qu'il compte mettre certains de ces paquets dans ses valises pour ses prochains déplacements.

Comme une étincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant