Comme une étincelle

26 - Face à face

-           Alors ce nouveau séjour en Australie ?

-           C'était cool !

-           Moins bien qu'avec moi j'espère ?

-           Bien sûr, tu sais que tu restes mon australien préféré Daniel ! Mais c'était sympa d'accompagner les petits de F3 qui découvraient le circuit pour leurs essais.

Je souris au pilote alors qu'il s'approche pour me serrer contre lui. Je me suis beaucoup rapprochée de l'australien depuis mon entrée dans la famille Red Bull et le duo qu'il forme avec Max a été l'objet de mes tourments pendant une bonne partie de l'année dernière. Ils se sont donnés un malin plaisir à essayer de me faire peur après avoir compris que j'étais facilement surprise et je suis étonnée de ne pas encore avoir succombé à une crise cardiaque à cause de ces deux-là.

-           Ton mari n'est pas avec toi ?

-           Non il est en conférence de presse, je suis sur le prochain créneau.

-           Quelle honte de vous avoir séparés !

Depuis que je passe plus de temps avec eux, j'ai pris l'habitude de donner ce surnom aux deux pilotes Red Bull, à nouveau réunis pour cette nouvelle saison, et qui se comportent parfois comme un vieux couple. Ils se cherchent en permanence et la complicité qui les unis ne trompe personne.

-           D'ailleurs Heidi voulait savoir si tu avais eu des nouvelles du fleuriste pour le mariage ?

-           Oui Pascale est passée à la boutique de Monaco la semaine dernière, je voulais la voir pour en parler avec elle, elle est là ce week-end ?

-           Oui elle est partie visiter un peu mais vous devriez pouvoir vous croiser à l'hôtel.

-           Je vais lui envoyer un message alors.

Daniel a demandé Heidi en mariage l'année dernière et si cette information a réussi à rester secrète aux yeux de la presse jusqu'ici, je suis ravie d'être dans la confidence et de pouvoir participer aux préparatifs de cet évènement qui s'annonce fabuleux. Le couple qui m'a recueilli lors de ma crise au Japon il y a maintenant deux ans et demi a bien évolué et j'ai été honorée qu'ils me demandent mon aide pour la préparation de la cérémonie qui doit se tenir cet été à Monaco. J'ai d'ailleurs cette année encore réussi à éviter de me rendre dans le pays du soleil levant, ce dernier me rappelant trop de mauvais souvenirs. J'ai réellement essayé de m'y rendre l'année passée, allant même jusqu'à la porte d'embarquement de mon vol. Mais je n'ai jamais réussi à tendre mon billet d'avion aux hôtesses d'accueil. Le simple fait d'observer les bannières à l'effigie du pays au-dessus des sièges pour attendre l'embarquement m'a complètement pétrifié et j'ai dû ressortir de l'aéroport en vitesse afin de ne pas faire une crise d'angoisse au milieu de celui-ci. Je suis pourtant fière de dire que j'ai beaucoup évolué cette dernière année et que je me sens plus forte que jamais. Seulement certaines choses ne sont peut-être pas prêtes à être résolues tout de suite. C'est le seul Grand Prix pour lequel j'ai dû trouver une alternative cette année. Les essais de Formule 2 et 3 en Australie sur la même période pour cette saison m'ont d'ailleurs bien arrangé puisque je n'ai pas eu à argumenter longtemps pour convaincre Helmut de l'importance de ma présence là-bas. Je suis sortie de mes réflexions par le pilote australien qui m'informe qu'il doit se rendre en zone de presse et je me dirige à mon tour vers la sortie de nos hospitalités pour me rendre vers le garage orange que j'essaie d'habitude d'éviter. J'ai cependant reçu un message d'Oscar qui me demandait si je pouvais passer dans sa driver room pour lui donner ce que j'ai récupéré en Australie pour lui et je n'ai pas eu à cœur de refuser à cause de l'appréhension que m'inspire un face à face avec son coéquipier. Je tends mon badge au vigile à l'entrée une fois arrivée devant les hospitalités de l'écurie concurrente et il m'informe avoir été prévenu de ma visite avant de me laisser entrer dans le bâtiment. Pour être déjà venue il y a quelques années, je parviens à me repérer sans trop de difficultés et me dirige aussitôt vers l'escalier se trouvant à ma droite une fois les portes vitrées passées. Je gravis les marches en vérifiant les notifications de mon téléphone quand une conversation me fait relever les yeux pour me concentrer sur la scène qui se joue devant moi. La porte de la driver room de Lando est restée ouverte et je ne peux m'empêcher d'écouter la conversation qu'il a avec sa petite-amie et qui ne semble pas des plus réjouissantes, profitant de l'angle du couloir pour ne pas leur signaler ma présence. Je sais que je ne devrais pas écouter aux portes mais ma curiosité l'emporte face à ma raison dans le cas précis.