Chapitre 5 : Amour maternel

40 4 1
                                    

Billie avait fini par somnoler mais dès que les bruits de la ville avaient montré leurs premiers signes d'éveil, la jeune fille s'était secouée pour se mettre en route. D'abord un arrêt au Starbucks pour un méga petit déjeuner. Deux tranches de bacon fumé, un œuf au plat, et du fromage dans un sandwich chaud et doré, accompagné d'un chocolat chaud et d'un yaourt énorme, à vrai dire, c'était sans doute le meilleur repas qu'elle avait fait de toute sa vie. Ensuite un arrêt à l'épicerie du coin pour faire quelques provisions pour le voyage et les jours à venir, rien d'exceptionnel, juste de quoi ne pas mourir de faim et, luxe suprême, quelques lingettes humides afin de s'assurer une hygiène toute relative. Le sac à dos plein à craquer, Billie était prête à entamer son grand voyage !


L'achat des billets n'étant qu'une simple formalité, elle a même la chance d'avoir un bus qui part dans la demi-heure suivante. L'adolescente grimpe parmi les premiers passagers du bus et salue leur chauffeur avec un large sourire, un de ces sourires qui, elle en est certaine, va faire fondre son père quand elle le rencontrera. Les premières heures de trajet sont des plus paisibles, la majorité des passagers somnole ou a les yeux rivés sur leurs téléphones. Quelques rares spécimens s'attardent sur les pages d'un livre ou d'un journal et le peu de conversations qui ont lieu se tiennent à voix basse. La tête calée sur son sac, Billie ne met pas très longtemps à s'endormir, bercée par les mouvements fluides du véhicule sur la large route qui la rapproche de son rêve.


-Chicago, Terminus ! Bonne journée M'sieurs Dames et oubliez pas le chauffeur.


Le conducteur adresse un clin d'œil à Billie, déposant sa casquette bien en vue devant lui pour recevoir les pourboires des passagers avant d'ouvrir les portes de son véhicule. Rares sont ceux qui prennent le temps de saluer l'homme, encore plus rares ceux qui déposent quelque chose dans la casquette. Billie, après avoir fouillé dans son sac, en extirpe deux billets d'un dollar qu'elle dépose dans le couvre-chef après avoir souhaité une bonne journée au chauffeur.


Les bruits de Chicago, ses odeurs, l'assaillent dès qu'elle pose le pied à terre. Elle en a le vertige. Ici, tout va vite, tout est démesuré, et les gens grouillent de partout. Si Détroit est une grande ville, elle l'effraie moins que celle-ci. Peut-être parce qu'elle y avait grandi.


Plusieurs fois, la gamine essaie d'arrêter quelqu'un pour demander son chemin jusqu'à Station Union, mais rien à faire, les gens l'ignorent ou lui jettent des regards courroucés. Finalement elle tombe sur une fille d'à peu près son âge qui lui indique la route à suivre avant de rejoindre son groupe de copines. Billie a le cœur qui se serre en pensant à Sarah qu'elle a laissé derrière elle. Leurs éclats de rires et leur complicité lui manqueront, c'est certain, et puis, ce sentiment nouveau qui ne demandait qu'à grandir aussi lui manquera. La gosse secoue la tête pour chasser ses pensées moroses de son esprit et se met en chemin.


Impossible pour Billie d'ignorer qu'elle vient d'arriver à sa destination. Le bâtiment aux imposantes colonnes est ornée, sur sa façade de l'inscription « union station ». Elle resserre la prise sur son sac à dos et entre dans l'imposante bâtisse, s'arrêtant dès le premier pas, bouche grande ouverte. Le hall est immense, luxueux, de grandes colonnes sculptées délimitent l'espace, surmontées d'arches aux décors somptueux. Le sol reflète la lumière du jour, et, bien qu'elle ne soit pas une connaisseuse, elle jurerai que c'est du marbre. Elle entend un éclat de rire sur sa gauche, tournant la tête, elle croise le regard amusé d'un adolescent à peine plus vieux qu'elle qui lui adresse un petit signe amical de la main.

Les Enfants de la Faucheuse : Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant