Chapitre seize : Les années noires

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  À peine sommes-nous sortis de la navette que des gardes se pressent vers nous. J'échange un regard avec Ben qui ne semble pas comprendre ce qu'il se passe.

  — Suivez-nous, fait l'un d'eux.

  Nous ne nous faisons pas prier et les suivons le long des couloirs de notre Bâtiment. Ils avancent rapidement et il est difficile de suivre leur allure après la journée d'aujourd'hui.

  Lorsque nous nous arrêtons, c'est devant une salle que je n'avais jamais vue. Ils ouvrent la porte et nous poussent à l'intérieur où se trouvent déjà Noy – le Chef des Gardes –, Kane et Pséma. Ces derniers nous invitent d'un mouvement de la main à rejoindre les chaises vides à la table sur laquelle ils sont installés. Nous nous exécutons et la porte se ferme derrière nous, nous laissant seuls avec les trois membres les plus importants de notre Bâtiment. Kane se lève alors et commence :

  — J'ose espérer que vous n'avez pas été trop touchés par les événements d'aujourd'hui.

  — Bien sûr que non, réplique la Mentor de Lorcan.

  Kane l'ignore et continue :

  — Ce qu'il s'est passé est vraiment regrettable. Si j'avais pu, j'aurais moi-même fait arrêter cette maudite simulation.

  Je fronce les sourcils.

  — Vous êtes autorisés à prendre la parole, évidemment, précise-t-il.

  — Vous l'auriez réellement fait ? je demande alors.

  — Je ne laisserai aucun mal être fait aux nôtres.

  — Ce n'est pas ce que laisse paraître le sort d'Igétis.

  Il me jauge un instant du regard, ne paraissant aucunement offensé par mes propos. Non, il a plutôt l'air compréhensif.

  — Je n'avais aucunement la main sur ce qu'il lui est arrivé, j'en suis navré. Il était devenu un ami. Sa perte est douloureuse pour beaucoup d'entre nous. Mais la justice a décidé qu'il était un ennemi de l'OMEG et qu'il devait mourir.

  — Qu'est-il arrivé à Saren ? le questionne soudainement Lorcan.

  — Je me doutais que j'allais devoir y répondre, admet le Haut Représentant. Eh bien, les juges ont dit qu'elle méritait le même sort qu'Igétis, mais qu'elle pouvait s'en repentir si elle gagnait l'Aíma.

  — L'Aíma... je murmure.

  Je baisse la tête. L'Aíma est un combat armé entre des ennemis de l'OMEG. Ils s'entretuent jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une personne. Elle gagne peut-être sa survie, mais elle devient une sorte d'esclave, même si ce n'est pas le terme employé. J'ai toujours trouvé ça barbare. Mais, apparemment, ils se sont basés sur des histoires anciennes de notre Terre. Les gladiateurs. Je doute que ce soit la meilleure manière de savoir qui mérite de vivre ou de mourir.

  — Pourquoi Igétis n'y a pas participé ? demande soudainement la Mentor de Lorcan.

  — Parce qu'il a refusé de se battre, répond Pséma. Selon lui, il méritait la mort. Et il ne voulait pas mourir en se battant.

  — Pourquoi ?

  C'est moi qui pose la question, ce qui semble les étonner.

  — Pourquoi ne pas vouloir mourir en combattant alors que cela serait plus... glorieux ? N'est-ce pas ce que tout le monde recherche ? Une mort dans la gloire ?

  — Est-ce donc ce que vous souhaitez, Miss Johnson ? m'interroge Kane. Mourir dans la gloire.

  — Je ne veux pas mourir, je réponds. Mais je serais prête à le faire si ça peut sauver les miens.

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