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L'automne venait seulement d'arriver. Emmitouflée dans sa cape, le bas du visage dissimulée sous son écharpe aux couleurs bleu et bronze, Zoey avait trouvé un peu de calme au bord du Lac Noir, non loin de la plage de galet où quelques étudiants profitaient encore des derniers rayons de soleil. Il ne faisait pas assez chaud pour que l'étudiante se sépare de ses vêtements mais suffisamment bon pour jouir de cet fin d'après-midi ensoleillée.

En contre-bas du rivage, Zoey percevait les rires, les exclamations enjouées et parfois, perçant le silence, une insulte ou une taquinerie bien placée. La Serdaigle se concentra, délégua ses sons à un arrière-plan feutré et s'abandonna au roulis de l'eau sombre sur les galets blancs, au chant mélancolique d'un oiseau ou au souffle du vent dans les branchages. C'était, songeait-elle en s'installant confortablement contre le tronc noueux du chêne d'eau, l'endroit parfait pour lire.

Il devait être seize heures. Un peu plus, peut-être moins. Plongée dans son ouvrage – un traité poussiéreux sur les procès des sorcières de North Berwick, la jeune femme de seize ans était parvenue à cet état miraculeux de semi-conscience où la seule chose qui importait vraiment était le texte qu'elle déchiffrait et le vent qui venait, de temps à autres, caresser son visage gelé. Zoey ne perdait pas une miette du texte, rien qui puisse manquer à sa compréhension de l'évènement et encore moins à la beauté discrète du vieil anglais, langue dans laquelle avait été rédigé le traité.

Ce tableau aurait été parfait si, d'aventure, les galets n'avaient pas crissé sous les pas pressés de deux jeunes gens qui, elle en était sûre, se rapprochaient.

– Il n'y a que toi pour lire ce genre de choses, remarqua une voix masculine derrière la Serdaigle.

Zoey nota soigneusement la page, la ligne et le mot où elle avait buté et, figée dans cette position si confortable, se contenta de lever les yeux au ciel.

– Et il n'y a que vous deux pour me déranger quand je lis, répliqua-t-elle.

Bien que son ton fut quelque peu agressif, elle souriait discrètement.

– C'est de sa faute, Zoo, marmonna la voix.

– C'est toujours de ma faute, Lorenzo, grogna une seconde, plus grave.

Zoey Walker ferma non sans regret le livre qu'elle posa sur ses genoux et ne prit pas la peine de se lever. Elle se retourna vaguement et adressa un coup d'œil amusé à ses camarades de classe.

Lorenzo Berkshire était le plus petit d'entre eux. Serdaigle lui aussi, il était connu à l'école pour ses talents et son imagination sans limite. Il ne traînait pas beaucoup avec les camarades de son dortoir, préférant à leur compagnie celle des Serpentard, mais était particulièrement apprécié de tous, notamment parce qu'il jouait comme attrapeur au sein de l'équipe de Quidditch. C'était un ami fidèle, doux et compréhensif. Presque naïf... mais c'était à s'y méprendre. Zoey ne connaissait pas plus fourbe que Lorenzo lorsqu'il s'agissait de gagner quelque chose.

Il en était tout autre pour Mattheo Riddle. Le dépassant d'une bonne tête, batteur dans l'équipe de Serpentard, le jeune homme était connu pour ses frasques – dignes des frères Weasley – et son appétence pour le combat à mains nues, préférant la poésie du poing au langage chantant des sortilèges. Probablement avait-il été impliqué dans une énième rixe puisqu'à cet instant précis, son visage tuméfié était égratigné et il s'échappait de son nez un filet de sang écarlate.

Zoey les dévisagea, excédée. C'était toujours la même rengaine : alors qu'elle venait de dénicher le meilleur endroit pour lire, convaincue d'avoir trouvé le paradis, Lorenzo et Mattheo débarquaient et, d'une simple pichenette dans la bienséance et le flegme anglais, venaient bousculer l'univers apaisé de l'étudiante. C'était, à son plus grand damne, ce qui les rendait si attachants.

Le contrat (Fanfiction HP)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant