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Zoey trouvait toujours une bonne excuse pour ne pas sortir en soirée. Je suis mal lunée, en ce moment. Peut-être demain ? Je dois réviser pour l'examen de potion. Ce genre de chose qu'on balbutiait entre deux prétextes inventés à la va-vite, qui contenait une part de vérité dans un mensonge disproportionné.

À cet instant précis, ce qu'elle cherchait, c'était un moyen de se défiler. Elle ignorait encore la raison pour laquelle elle avait accepté la proposition de Lorenzo et Mattheo mais il n'était pas encore trop tard pour s'échapper. La tour d'astronomie ? Pratique. Frileux, toutefois. Une urgence à l'infirmerie ? Tout le monde savait que Madame Pomfresh n'engageait des élèves qu'en cas d'épidémie ou d'évènements graves – comme le dernier match de Quidditch entre Gryffondor et Serdaigle. La bibliothèque ? Si elle fonctionnait comme un repoussoir sur Mattheo, Lorenzo en franchirait les portes sans aucune hésitation pour ramener Zoey dans les cachots.

Non, il fallait se rendre à l'évidence : à moins de dire franchement qu'elle ne voulait pas y aller, l'étudiante devait assumer sa décision et rejoindre son ami dans la salle commune.

Comme convenu, il l'attendait à dix-neuf heures tapante, tranquillement adossé au mur qui faisait face aux escaliers menant aux dortoirs. Lorenzo avait passé une tenue moins formelle quoique très raffinée. Il avait gardé son pantalon d'uniforme et sa chemise blanche, et celle-ci drapait ses épaules comme tomberait sur son corps une toge de soie. Tout ce qui devait être souligné l'était sans trop d'exagération, laissant deviner qui était Lorenzo d'un simple coup d'œil. Zoey s'en voulut de n'avoir passé qu'un jean et un pull rayé. Elle aurait dû fournir un effort.

– J'étais en train de me demander dans quelle partie du château tu t'étais enfuie, s'amusa Lorenzo lorsqu'elle fut à sa hauteur.

– Je suis donc si prévisible ?

– Tu l'es un peu, oui.

Comme pour la rassurer, il passa un bras autour de ses épaules et l'attira contre lui. Ce n'était pas très surprenant, venant de sa part et Zoey appréciait ce contact. L'un des seuls qu'elle se sentait capable d'accepter après... La Serdaigle secoua si discrètement la tête que son ami n'aurait jamais pu sentir son trouble. Bras dessus, bras dessous, ils se mirent en route, ignorant les regards indiscrets qui se posaient sur eux.

– J'imagine que c'est utopique de croire qu'on sera rentré avant le couvre-feu ? demanda Zoey lorsqu'ils se retrouvèrent dans les escaliers.

– Pansy ne te laissera jamais partir avant.

– On s'est vus ce matin, elle en a peut-être marre de moi.

– Personne ne peut se passer de toi, Zoo.

On aurait pu croire qu'ils se fréquentaient mais rien, pas même une once d'attirance physique, n'animait leur relation au-delà d'une amitié sincère et profonde. Lorenzo estimait Zoey presque autant qu'elle le considérait comme un frère et il en allait de même avec Mattheo. Tout ce que Lorenzo disait à son amie, il le pensait sans désir coupable, sans éprouver le besoin de la toucher ou de l'embrasser. Il y avait entre eux ce genre de connexion indicible, qui ne faisait sens que lorsqu'on avait éprouvé l'amitié telle qu'ils la vivaient chaque jour.

Toutes ses belles promesses avaient toutefois une faille : il y avait une chose que Zoey n'avait pas su dire à ses amis et qui la hantait chaque seconde où son esprit n'était pas occupé par quelque chose. Nous n'étions que fin septembre, la jeune femme pouvait toujours en parler. Pour l'instant, c'était encore trop dur et les mots ne lui venaient pas. Elle se sentait lâche face à ce silence et avait la sensation qu'à un moment donné, cette incapacité à se confier finirait par creuser un fossé entre eux.

Le contrat (Fanfiction HP)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant