5

28 3 1
                                    

Zoey se réveilla en sursaut. Les yeux grands ouverts, fixant le plafond avec appréhension, elle écouta le silence assourdissant qui l'entourait. Sur le lit d'une de ses amies, un chat s'étira avant de l'observer de son regard jaune. Elle soutint cette lueur animale quelques secondes puis se concentra à nouveau sur la plafond. La jeune femme respirait avec peine et son pyjama, à l'arrière de son dos, était trempé. Rassemblant ses jambes contre sa poitrine, elle surveilla d'un œil inquiet ses camarades de dortoir. À priori, tout le monde dormait.

Il devait encore être tôt, car la nuit s'éclaircissait à peine, dehors. Plongée dans ses pensées, l'étudiante s'allongea sur son flanc, les yeux perdus dans le vague. Jusqu'à présent, Zoey était parvenue à éviter McLaggen. Dans les couloirs, lors des repas, elle avait redoublé d'ingéniosité pour qu'on oublie son existence. Il avait suffi d'une journée pour que tous ses efforts soient réduits à néant. Maintenant, il n'allait plus la lâcher.

Couverte de frisson, épuisée, Zoey décida qu'il était temps de mettre un terme à sa nuit. Elle glissa ses pieds dans ses pantoufles et s'aventura, ses vêtements en mains, dans la salle de bain. L'étudiante prit une douche, se frotta encore et encore et encore, jusqu'à ce que sa peau soit rouge et que ses mains lui fassent mal. Elle s'oublia sous le jet brûlant. Quand elle en eut assez, l'étudiante ferma le robinet et pressa la pointe de ses cheveux pour en faire couler l'eau.

Zoey se retrouva nue devant le miroir. Elle avait toujours eu une relation apaisée avec son corps. Il était comme elle le souhaitait : un peu rond, légèrement disproportionné, les épaules, les bras et les jambes recouverts de petites taches brunes. À présent, elle le détestait. Ce qu'elle avait trouvé harmonieux, elle voulait que ce soit laid pour que plus jamais quelqu'un n'essaie de la regarder. Ou pire encore... de la toucher.

Zoey gardait sous son bras droit les traces de cette relation et savait que si elle investiguait un peu plus loin, elle en trouverait d'autres. Il n'y avait rien sur lequel la Serdaigle avait encore le contrôle. Tout, jusqu'à la façon dont son corps réagissait, semblait à présent lui échapper. Les frissons de dégoût quand ses mains passaient sur son ventre, les sueurs froides que provoquaient la majorité des contacts imprévisibles avec les autres. La peur, la boule au ventre, les larmes. La honte. Zoey n'était plus la même.

Elle sortit de la salle de bain au bout d'une vingtaine de minutes. Le dortoir était encore bercé par la présence de Morphée, aussi décida-t-elle de se promener dans le château. Un dimanche matin, il était presque impossible de croiser McLaggen. Si elle avait retenu une chose de ses vacances, c'était qu'il était toujours le dernier à sortir du lit.

Zoey trouva naturel de se diriger vers sa salle de classe préférée. Si elle l'avait dit à quelqu'un, on ne l'aurait pas cru. Et pourtant, elle adorait les cours d'Histoire de la Magie. Bien sûr, le professeur Binns était le pire de tous, mais elle avait appris à l'écouter comme on suit une lecture et avait découvert un monde insoupçonnée. Zoey était Sang-Mêlée. Son père, Moldu, était archéologue. Sa mère, sorcière, était une membre haut-placée du Ministère. Si Zoey avait baigné toute son enfance dans cette double-culture, elle avait eu la sensation de se découvrir sur les bancs du cours du professeur Binns. Voilà qu'on donnait un sens à toutes ces évènements qui construisaient l'histoire de ses semblables, les crises qui avaient mené la société sorcière à se terrer dans le secret, celles qui l'avaient poussée à se dévoiler. Doucement, sûrement, Zoey espérait frôler du bout des doigts la source de toute magie, comprendre comment, d'un jour à l'autre du début du monde, des êtres s'étaient vus offrir pouvoirs magiques et savoirs ancestraux.

La salle de classe n'était pas vide. Le professeur Binns hantait la pièce depuis sa mort sans s'être véritablement rendu compte qu'il était passé de vie à trépas. Il lui arrivait de quitter son bureau pour descendre en salle des professeurs, mais c'était chose assez rare de ne pas le trouver à son pupitre.

Le contrat (Fanfiction HP)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant