Chapitre 1

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Je l'admets, j'ai une très haute opinion de moi-même.

C'est normal, après tout, lorsque vous savez que vous êtes doué dans un domaine, et que tout le monde vous le confirme, que vous êtes la meilleure, pas que vous soyez un peu prétentieuse. Vous le savez et les autres le reconnaissent, donc c'est vrai. Je ne me vante pas si ce sont les autres qui le disent, je ne fais qu'accepter humblement... ok, je me vante, mais cela donne des objectifs aux autres. Eux aussi peuvent être bons, à force de travail. Pas tout le monde, certains devront travailler plus, beaucoup plus, les autres, ce sont des causes perdues. J'en connais personnellement un ou deux, sans même y réfléchir.

Je soupire d'aise en profitant de mon bain chaud et mousseux à souhait. Le voyage a été long et me plonger dans cette baignoire est un bonheur sans nom. Je regarde par la fenêtre, le jour se lève à peine, mais je sens que ça va être une magnifique journée. Je bois une gorgée de café, le service est vraiment supérieur, mes employeurs ont mis le paquet pour me faire plaisir cette fois-ci. Quand la génératrice s'arrête et que je glisse en voulant voir ce qu'il se passe, m'immergeant complètement dans la baignoire, je me mets en colère. Je donne un coup de poing contre la paroi du pick-up et la trappe s'ouvre.

« Mon bain refroidit, les gars ! »

L'homme assis côté siège passager me regarde en secouant la tête.

« Nous avons un problème, Taylor, habille-toi. »

Je le savais, c'était trop demander de transformer l'arrière du pick-up en baignoire ! Est-ce que je peux avoir cinq minutes pour moi, pour relaxer ? Je récupère une serviette, m'essuie le visage et me sèche les cheveux. J'entends crier autour du pick-up, ça risque de devenir intéressant d'ici quelques secondes.

« Yalla ! Yalla ! »

Des pas se rapprochent, ils soulèvent la bâche de la toile de tente avec son imprimé camouflage de type désert. J'enroule une serviette autour de ma tête et je me retiens à la paroi du pick-up, du côté opposé des éléments chauffants installés pour chauffer l'eau de mon bain. Mes collaborateurs ont été ingénieux sur ce coup-là. Deux hommes baissent le tailgate du pick-up et se retrouvent baignés par mille huit cent litres d'eau mousseuse parfumée aloès et concombre. Des têtes s'approchent pour voir ce que c'est, découvrant une magnifique quadragénaire en bikini.

« Salut les gars ! Il y a moyen d'installer une chaise longue et d'avoir de la crème solaire ? »

Personne ne répond, tous se demandent si je suis une sirène ou un djinn. Si on me pose la question, mon vote penche naturellement pour la sirène, si vous demandez à Smith ou à tous ceux avec qui je travaille... non il vaut mieux éviter, je pourrais mal le prendre.

« Eh ho, les barbus ! »

Rien à faire, ils sont subjugués. En même temps, je les comprends, je fais du sport régulièrement, je mange sainement, sauf lorsqu'il y a des soirées pizza, des soirées barbecue aussi... et les desserts. Bon, là n'est pas la question, je fais attention à mon corps et il me le rend bien, je fais dix ans de moins, sans me vanter. Je dois être la première femme qu'ils voient depuis des mois, du coup, je la sens beaucoup moins bien cette opération.

Nous sommes en plein milieu de l'Irak, nous ne devions pas être dérangés par des bédouins ou je ne sais quoi.

« Dis-donc, Smith, tu es sûr que l'on est au bon endroit ?

- Affirmatif. Le camp d'Ahmed doit être encore à plusieurs kilomètres à l'Est, selon nos renseignements. Nous sommes dans un coin tranquille.

- Alors pourquoi sommes-nous entourés de garçons de plage armés ?

Faceless 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant