Faceless 2

Chapitre 8

Les filles prennent ça au sérieux. Elles se sont mises en pyjama, sucreries, sandwiches et boissons sur la table, elles lisent le manuel que leur a fait Jane, personnalisé à leurs noms, avant de lancer le jeu. Jane leur tend une boîte de mouchoirs en voyant leurs larmes couler.

« Putain de dieu ! Les graphismes sont magnifiques ! »

À la seconde où toutes les sélections sont faites pour leurs avatars et que la partie commence, je ne les entends plus. Je regarde l'écran, c'est vrai que c'est beau. Manhattan, la ville qu'aime tant Jane, est magnifiée. Le jeu est fluide, c'est un shoot'em up. Les filles se pourchassent dans Manhattan, les possibilités sont énormes. Jane donne des explications au fur et à mesure, jusqu'à ce que les filles mettent le jeu sur pause et la prennent dans leur bras.

« Tu pourrais te faire un fric de dingue en le vendant ! Une compagnie de jeu payerait cher pour le commercialiser.

- Il est pour vous, c'était une promesse.

- Tu es la meilleure des amies !

- Il est vraiment bien ? » demande Riley qui n'a jamais aimé les jeux vidéos.

« Oh oui, les gens se l'arracheraient !

- On verra avec le prochain, celui que je présenterai pour mon examen final.

- Jane, tu es une déesse. »

Je regarde les deux J se mettre à genoux et s'incliner, je comprends qu'elles sont sérieuses. Jane leur avait promis un jeu vidéo, mais elles ne s'attendaient pas à ça.

En fin de soirée, je reçois un message de Smith accompagné d'une photographie que je montre à tout le monde. « Tu vas me le payer ! » Smith et sa fille trinquent, une bière à la main, tout sourire.

« Vous avez fait une bonne action les filles.

- Robyn est heureuse.

- Smith va se venger, » soupirais-je. Je n'ai pas de nouvelles des agents, une équipe restreinte va continuer de scruter les caméras sur le quart de nuit, nous allons bien mettre la main sur les conteneurs et le commanditaire.

Je laisse les filles entre elles et monte dans ma chambre, restant assise sur le lit un moment, genoux contre moi avant d'aller ouvrir un tiroir de ma commode et d'en sortir une vieille boîte en bois. Retournant m'assoir sur mon lit, je pose délicatement les doigts dessus en fermant les yeux, faisant remonter le souvenir de Carter me l'offrant. L'ouvrant délicatement, je prends une photographie en main, quand on en avait encore des physiques, je ne peux m'empêcher de sourire tout en essuyant mes larmes. J'étais si jeune, une toute jeune adolescente. Je suis accroché au bras de Carter. Je regarde la chambre de mon frère Luke, les souvenirs affluent.

Putain, je fais une dépression !

C'est ma conclusion. Je suis dans un état de lassitude tel, dans une déprime personnelle, je n'ai pas d'autre analyse à effectuer, je suis en train de me faire une petite dépression comme une grande.

Je prends une lettre de Carter et les vannes s'ouvrent en la lisant, alertant mes filles qui montent en courant. Maddison se jette dans mes bras, me serrant contre elle tandis que Riley prend délicatement la lettre et la photographie, la regardant avant d'essuyer ses yeux puis de lire la lettre. Ashley, Jane et les deux J sont dans le couloir, inquiètes.

« Oh... Maman.

- Papa me manque, » soupirais-je.

Soudain, ça me percute.

C'est il y a trente ans que j'ai rencontré Carter pour la première fois.

« Ça va aller les filles, ce n'est qu'un coup de blues.