Wild Wolf (Wolves Chronicles - tome 3) [Piarles]

Chapitre 14

Le soir suivant, Charles était nerveux à s'en ronger les griffes. Il aurait voulu rester avec Shadow la veille, mais il savait qu'il ne servirait à rien de se précipiter. Shadow avait vécu des choses qui lui avaient laissé des cicatrices et il ne tenait pas à le pousser. Qu'il ait décidé de laisser une chance à leur histoire de s'écrire était déjà bien plus que ce que Charles espérait encore.

Mais il devait retrouver Shadow ce soir et il avait tout le mal du monde à tenir en place. Il aurait voulu en parler à Lando, mais il préférait attendre d'être sûr. Ça lui paraissait encore irréel et malgré les quelques messages qu'ils avaient échangés dans la journée, il était encore à moitié persuadé que Shadow allait changer d'avis à la dernière minute.

Il avait couru la moitié de la nuit précédente, son loup plein d'une énergie qu'il ne demandait qu'à dépenser. Et pourtant lorsqu'il était descendu au petit-déjeuner, sa mère avait commenté avec soulagement qu'il semblait excité avec son sourire idiot et son pas sautillant. Et lorsqu'elle l'avait entendu s'exclamer : « de la bouffe ! », elle ne l'avait même pas reprit, trop heureuse de le voir retrouver son appétit.

Il craignait toujours son alter-ego et son passage devant le conseil, mais il se sentait comme allégé d'une tonne en pensant à Shadow. La veille quand il était allé retrouver son père pour continuer leur travail, il avait une mine hébétée. D'abord incrédule. Puis il avait longuement pensé au récit de Shadow sur la façon dont Rust l'avait contrôlé alors qu'il lui avait fait confiance et il avait décidé que si Shadow ne changeait pas d'avis, il le laisserait décider de la vitesse à laquelle pourrait évoluer leur relation. Charles n'avait aucun problème avec ça et s'ils devaient avancer avec prudence pour que Shadow se sente à l'aise, Charles avait toute sa vie à lui offrir. Il savait qu'il avait à nouveau déposé son coeur aux pieds de Shadow et qu'il pouvait le piétiner, mais Charles n'était pas du genre à laisser la peur d'une blessure l'arrêter quand il avait une chance de gagner.

Il se regardait dans le miroir de sa penderie, il s'était déjà changé deux fois avant de décider que c'était ridicule. Shadow l'avait vu la veille dans ses vieilles fringues pleines de peinture, il n'allait pas le juger sur sa tenue. Ça ne l'avait pas empêché de mettre un pull en cachemire gris pâle que sa mère lui avait offert à Noël — parce qu'elle était la seule à avoir du goût — un jean ajusté et une paire de bottes noires. Ses cheveux étaient en bataille, mais il n'y avait pas grand-chose qu'il put faire pour les dompter. Son œil était critique en se regardant, mais il se sentait trop nerveux pour s'attarder. Il descendit pour trouver son père en espérant pouvoir détourner son attention.

Il le trouva dans la cuisine, parlant avec Lorenzo devant une bière. Lorsqu'il entra, son père le regarda comme s'il ne le reconnaissait qu'à peine.

—  T'as un rendez-vous pour la Saint-Valentin ? s'étonna Liam.

Charles se figea dans ses pas.

—  C'est la Saint-Valentin ? s'étonna-t-il. Est-ce qu'on est censé apporter un cadeau quand c'est un premier rendez-vous ?

Au lieu de lui répondre, son père et Lorenzo eurent une mine intéressée.

—  Tu sors avec qui ? demanda Lorenzo.

—  Shadow.

Un silence de mort tomba sur la cuisine. Puis Liam s'exclama :

—  Quoi ? J'ai mal entendu ?

—  Non, souffla Charles en baissant les yeux. C'est notre premier rendez-vous.

Lorenzo fronça les sourcils avant de laisser un rictus apparaître sur ses lèvres.

—  Tu l'as eu à l'usure, commenta-t-il.