Chapitre 8

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Charles quitta l'appartement de Shadow au moment-même où les néons du Multiplex d'en face s'éteignaient en grésillant. Le vent froid du matin le poussa à fermer son manteau à la hâte. Il était à peine plus de sept heures, aussi il décida de passer par le Coffee Star pour prendre les pâtisseries qui ne manquaient jamais de mettre Nick de bonne humeur. Il descendit la rue d'un pas certain malgré le sol qui avait gelé à pierre fendre durant la nuit. Il tentait de tenir ses pensées à distance, mais c'était une tâche plus ardue quand il sentait Shadow partout sur lui.

Un sourire naquit sur ses lèvres lorsqu'il repéra une Mercedes familière qui l'avait précédé dans ses achats. Il entra dans le coffee shop et vit les larges épaules, la haute taille et les cheveux noirs qu'il s'était attendu à y trouver. Il s'approcha et se plaça à côté du lycan.

—  Salut Chili, lança-t-il avec un sourire.

—  Tu traînes trop avec ton père, répondit immédiatement Carlos sans être surpris de sa présence.

Il feignait d'être irrité, mais tourna la tête vers lui et ses yeux d'un chocolat profond semblaient amusés.

—  Comment tu vas, Charles ?

—  Ça va, soupira-t-il sans grande conviction.

Carlos remarqua son sourire fatigué et sentit la présence de Shadow sur ses vêtements, mais il décida de ne pas faire de commentaires sur le sujet.

—  Lando n'est pas avec toi ? demanda Charles en regardant autour de lui comme s'il s'attendait à le voir apparaître.

—  Non, il dort encore. Il n'a aucun cours ce matin, donc je me suis dit que j'allais passer lui prendre des muffins.

—  Des muscles et des muffins, plaisanta Charles. Qui pourrait rêver meilleur compagnon ?

La plaisanterie était habituelle, mais cette fois Carlos crut déceler de la tristesse dans son ton. Il fronça les sourcils et étudia le visage de son ami. Il semblait un peu fatigué, mais rien d'alarmant, il ne savait pas ce qui clochait mais savait que quelque chose tracassait Charles. Etait-ce en rapport avec son travail ou Shadow lui avait-il à nouveau brisé le cœur ?

Carlos ne se souvenait que trop bien les semaines suivant la débâcle du printemps précédent. Charles avait perdu sa joie de vivre habituelle pendant quelques temps avant de se remettre sur pied et Lando avait souffert de voir son meilleur ami le coeur brisé. Charles, comme toujours, avait tenté de faire bonne figure pour n'inquiéter personne, il n'avait jamais voulu confier sa peine à voix haute, même à Lando. Et à présent, il semblait triste et portait l'odeur de Shadow... Carlos tenta de contenir ses envies de meurtres. S'il faisait encore souffrir Charles, et Lando par la même occasion, Carlos lui en ferait sentir les conséquences.

—  Tu me le dirais si quelque chose n'allait pas, pas vrai ? encouragea-t-il. Si tu as besoin de parler sans que ça en vienne aux grandes eaux, tu sais que j'encaisse mieux que Lando, j'ai pas la même empathie.

Charles lui offrit un sourire un peu plus sincère et cogna son épaule.

—  Je sais, Terminator. Mais ne t'en fais pas, ce n'est pas ce que tu sembles croire.

Carlos hocha la tête pour lui montrer qu'il acceptait son explication  — qui n'en était pas une — et se tourna vers le comptoir où on déposait un sachet brun devant lui. Il paya et salua Charles avant de quitter le coffee shop. Il resta un instant assis au volant de sa voiture sans la mettre en marche. Il pensait à Shadow et ça le mettait toujours d'une humeur sombre, pas à cause du punk et de sa relation avec Charles, mais à cause de leur passé commun. A cause de la souffrance qu'ils avaient l'un et l'autre connue aux mains des chasseurs. Les Helsings. Se souvenir de ce passé, de cette cage et de sa fuite avec Lucy en laissant derrière lui un autre môme. Un môme qui n'avait quitté la captivité que bien plus tard, sans que personne ne sache vraiment les tortures qu'il avait pu subir... Il avait laissé Shadow en arrière. Ils ne se connaissaient pas à l'époque, mais Carlos n'avait jamais oublié ses yeux. Il l'avait reconnu et tenté de lui parler quelques années plus tôt, mais Shadow l'avait envoyé chier. Il le voyait encore, les bras croisés sur son torse, la mine défensive.

Wild Wolf (Wolves Chronicles - tome 3) [Piarles]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant