Chapitre 15

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La colère avait eu le temps de retomber en une journée et demie. Pourtant la détermination était toujours fortement présente chez le prince de Valaria. Il voulait comprendre pourquoi son homme avait été sacrifié pour une telle cause. Cette détermination était ce qui l'avait fait partir bien trop tôt.

Il avait trotté toute l'après-midi avec Marquise pour contrer son avance. S'imaginant plusieurs scénarios sur le chemin. Il était parvenu à quitter le camp seul, bien qu'Atlas était désireux de l'accompagner après cette supposée attaque de brigand. Mais William avait eu la nuit entière pour pondre une excuse.

Il vint tout juste d'arriver aux portes de Java, le ciel s'assombrissant peu à peu. Il put passer facilement en présentant son blason de l'armée royale. Son premier réflex étant de mettre Marquise dans les écuries, payant le prix fort, ce afin de la « cacher ». Il serait peu prudent que quelqu'un reconnaissance sa jument. Même lui, il replaça alors soigneusement sa capuche noir. Elle cachait ses courts cheveux roux.

Il entreprit de se rendre directement à l'auberge, ne prenant pas le temps de regarder autour de lui, marchant tout droit plongé dans son but.

Dans la ruelle de l'auberge, il s'arrêta au pied d'une horloge qui affichait l'heure du dîner passé. Hector serait forcément là, à une heure pareille.

Il ne lui fallut pas longtemps pour retrouver leur lieu de rendez-vous, une boule grandissante dans son estomac à chaque avancée. En entrant dans les lieux, une forte odeur d'alcool qu'il n'avait pas perçue la première fois le prit au nez.

Il traversa la ligne droite pour atteindre le comptoir d'où la gérante le regardait déjà avec un sourcil relevé. Voir des étrangers avec des capuches n'étaient pas nouveau, beaucoup d'hommes qui venaient ici souhaitait ne pas se faire reconnaitre. La plupart pour tromper ou régler des comptes. Elle ne s'arrêta donc pas sur l'apparence douteuse que William portait sans s'en rendre compte :

« Bonsoir, auriez-vous un client muet ? Grand, brun.

-Le muet ? Oui oui, il est dans la chambre première porte à droite. »

Elle était la même, son attitude était toujours très nonchalante et détachée. Il ne s'arrêta pas sur son comportement. Il préférait se souvenir que c'était la même chambre.

Le prince avait loué la chambre la plus luxueuse à la vue de leur rendez-vous. Cette pensée le fit frémir comme rigoler nerveusement. Il se permit de l'insulter dans sa barbe, s'approchant vers les escaliers :

« En revanche, je serais vous je n'irais pas le déranger si vite. »

La femme était accoudée sur le bois, son air paraissait amusée. Ses nattes peu soignées retombaient mochement sur le bois sale :

« Pour quelles raisons ?

-Il a loué le garçon de plaisance. »

L'agacement put directement se lire sur les traits du prince. Il se retourna, franchissant tout de même les marches d'escaliers une par une. Il en avait que faire de ses ébats, il désirait simplement des réponses. Il avait déjà vécu cette situation des dizaines de fois rien qu'avec son capitaine, avec un garonien, cela ne changerait rien.

William s'arrêta sur le bas de la porte, tendant l'oreille. Aucun gémissement n'était audible provenant de la chambre, le lit paraissait bien silencieux aussi. Il songea même à l'absence des deux hommes durant quelques secondes, mais cessa d'y penser en entendant l'un d'eux rire. Un rire joyeux et apaisé.

Il posa sa main violemment sur la poignée, ouvrant la porte fortement. Les deux pairs de yeux se tournèrent directement sur lui, surpris. Lorsqu'Hector le vit, il paraissait soulagé de comprendre que son message était bel et bien passé.

Princes de Guerre - Tome 1 : Le début d'une guerre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant