Chapitre 2

35 7 4
                                    

   — Andy !? souffle la voix de ma mère. Ouvre les yeux ou serre-moi la main.

Je suis dans l'obscurité totale, seulement le noir en guise de compagnie. Où d'autres y ressentiraient des angoisses, moi, je m'y sens bien. La température est agréable, la surface sur laquelle je gis est confortable et mon corps n'a jamais été aussi détendu que maintenant, mais la voix implorante de ma mère m'invite à ouvrir les yeux.

Elle se tient au-dessus de moi, l'air inquiet. Ses cheveux rapidement attachés par un stylo lui tombent sur les joues. Je lui souris, surprise de la savoir près de moi, puis je m'étire pour chasser ma nuit.

Mais, quand mon regard balaye l'espace qui m'entoure, je me redresse sur mes bras pour constater que je suis installée dans un box des urgences et non dans ma chambre.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? dis-je étonnée de me retrouver sur un brancard à moitié débraillée.

— Tu as perdu connaissance devant le campus.

— Perdu... connaissance... Depuis combien de temps ?

— Environ trente minutes, m'explique-t-elle en consultant sa montre.

Abasourdie par ce que je viens d'apprendre, je tente dans un effort colossal de me remémorer ces dernières trente minutes. Je me revois assise dans le bus qui mène au campus et...et c'est le trou noir ! Un épisode de ma vie joue une partie de cache-cache dans les abysses de ma mémoire, j'ai beau chercher, fouiller, creuser, il n'y a rien entre ce satané bus et maintenant.

— Andy, j'aimerais te poser des questions d'ordre médical, à moins que tu ne préfères être prise en charge par un de mes confrères, me demande-t-elle sur un ton professionnel et maternel à la fois.

— Je n'ai confiance qu'en toi ! Alors, je vous écoute.

— Bien, y aurait-il des risques que tu sois enceinte ?

— Non, aucun risque de ce côté-là, dis-je sans honte.

— As-tu pris depuis ces dernières vingt-quatre heures où prends-tu souvent des drogues ?

— Comment peux-tu me demander une chose pareille ? demandé-je froissée.

— Andy, tu es restée inconsciente plus de trente minutes, on dépasse de loin un simple malaise vagal !

— Tu aurais pu au moins porter ton hypothèse sur une épilepsie !

— C'est ce à quoi j'ai d'abord pensé, mais tu n'es pas sujette à ça et tes convulsions ne ressemblaient en rien à ceux que j'ai pu voir tout au long de ma carrière. Ton état était très caractéristique, il reflétait tous les signes d'une emprise de drogue. Tu jonglais entre le calme et l'agitation, sans montrer de signe de souffrance, mais plutôt d'euphorie. Ta tension dévoilait une hyper activité et ton cœur me donnait l'impression d'être sur les montagnes russes.

— Alors une hypoglycémie ?

— Je t'ai bien évidemment fait un hémoglucotest et ta glycémie était normale.

— Une crise de spasmophilie peut-être ? insistè-je.

— Andy, tu te doutes bien que j'ai exploré toutes les éventualités, mais ton corps inerte réagissait de façon agitée. Un état très distinctif quand il est sous l'emprise de drogue. Avais-tu emporté un mug ou avais-tu commandé une boisson en chemin ? Quelqu'un aurait pu t'y verser une substance à l'intérieur.

Je replonge dans mes souvenirs, mais l'effort est plus difficile qu'il n'y parait. Les éléments de la matinée s'emmêlent, se démêlent sans aucune boisson à l'horizon.

L'ombre PourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant