Chapitre 9

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  Nous avons discuté pendant des heures, simplement allongés sur son lit. J'ai aimé l'écouter parler, l'entendre rire et surtout, j'ai adoré me perdre dans ses yeux quand nous gardions de longs silences pour nous permettre de nous acclimater l'un à l'autre. J'avais ce besoin constant qu'il me touche afin de sentir sa peau singulièrement fraîche s'allier à la mienne. Mon cœur était empli d'un nouveau bonheur, que je n'ai pas eu honte de lui livrer. Dans son profond regard, j'ai pu percevoir notre avenir. Je me suis sentie en sécurité, bercée par le rêve d'un futur à deux, que j'espère partager avec lui dans le temps.

Nous étions dans une bulle intime, concentrée d'un amour unique en son genre et je ne voulais plus en sortir. Contraints et forcés, nous avons dû mettre un terme à cette journée. C'est le cœur lourd et la tête retournée que je rentre chez moi au volant de ma voiture. Il est tard et plus de trente-six heures m'éloignent de mes proches et d'une vie saine, car avec Trévor rien a de sens et rien n'est normal, pourtant j'aime que cela soit ainsi. Il est mon énigme que je compte bien percer à jour. Entre nous l'attirance est inévitable et l'attraction sexuelle est irréversible. Je n'ai jamais ressenti une telle intensité pour un autre.

Arrivée devant chez moi, je constate qu'il y a de l'agitation. La voiture de Célia ainsi qu'un 4X4 noir sont garés au parking des invités. Il ne me semble pas que nous devions recevoir du monde aujourd'hui, mais avec ma famille, c'est souvent la surprise, surtout venant de mon frère. Je jette un coup d'œil dans le miroir pour remettre de l'ordre dans mes cheveux et je m'aperçois que Trévor a marqué mon cou d'un indélicat suçon. Je déteste ce genre de coquetterie que je réserve à l'adolescence. Blasée, je remonte le col de ma veste en me disant qu'il va falloir que je lui en touche deux mots.

A l'intérieur, je me retrouve douloureusement confrontée à l'image de Célia et Matt collés l'un à l'autre, diffusant leur amour sans honte dans le salon en compagnie de Nathan. Un pic de jalousie lacère mon cœur, alors sous la torture, je ferme les yeux et détourne le regard pour ne pas avoir à subir la dure réalité. Ma jalousie n'a plus sa place, mais je ne peux balayer d'un revers de la main, cet amour que j'éprouve depuis maintenant huit ans. Il y a beau avoir Trévor ou un autre, Matt restera toujours Matt, mon premier amour.

Est-ce que le premier amour reste à jamais gravé dans notre cœur ? Ou est-ce qu'il se doit d'être oublié ? Je laisse cette question en suspens et rouvre les yeux, pour tomber nez à nez avec ma mère.

— Ok que tu es majeure, mais tu aurais pu tout de même m'appeler au lieu de m'envoyer un simple texto pour m'avertir de ton absence, souligne-t-elle un brin déçue.

— Tu as raison, je suis désolée, dis-je dans une moue d'excuse.

— Comment s'appelle-t-il ? reprend-elle sans préambule.

— Qui donc ?

— Celui qui t'a enlevée tout ce temps et pour qui tu as raté la fac, et ce, pour la première fois, c'est qu'il doit être très intéressant. Cela dit, il ne faut pas que ce soit récurrent, l'amour c'est bien, mais il ne faudrait pas oublier ton objectif.

Le rouge aux joues, je me suis fait prendre à mon propre piège. Évidemment, mon escapade de presque deux jours ne passe pas inaperçue et il faut bien que je me justifie à un moment donné sur cette absence. Cela dit, j'ai tout de même droit à une vie privée.

— Gina, tu es trop curieuse. Pour l'instant, dis-toi qu'il s'appelle Personne. Au fait, Nathan t'a dit que j'ai été tirée au sort pour partir en Bulgarie. J'ai tellement hâte de faire ce voyage, dis-je en sautillant de joie, pressée de retrouver les bras de Trévor.

— Félicitations ma chérie, tout le monde est ravi pour toi.

— Je reste ici, dis-je en regagnant ma chambre.

L'ombre PourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant