Chapitre 8

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   Le plaisir...sauvage ! La douleur... une simple information, rien de plus ! La jouissance...indescriptible ! Mes sens... à leur paroxysme. Le cerveau...déconnecté ! Car rien n'a de sens, alors il arrête de réfléchir pour vivre simplement l'instant et accueillir l'extase, que dis-je, l'euphorie ! Abandonne-toi, abandonne-toi, abandonne-toi....

... Mon corps ne fait qu'un avec la surface confortable qui m'accueille en totalité. Le tissu est agréable et la température ambiante est parfaite. Je me sens si bien. Je sors d'un long sommeil qui se voulait réparateur. Peut-être ai-je trop dormi pour avoir les paupières si lourdes ? J'ai envie de jouer les prolongations en m'accordant quelques minutes supplémentaires. Des minutes qui me permettront de remonter gentiment à la surface, celles qui me remémoreront mon rêve si je le souhaite et qui me rafraîchiront la mémoire sur la date du jour et à peu près l'heure du moment.

— Comment as-tu pu être aussi égoïste et négligent ?

— La situation m'a échappé.

— C'est le moins que l'on puisse dire !

La voix de deux hommes vient interférer mon processus de réveil. Bizarrement, je les entend très distinctement, pourtant je les perçois loin de là où je me trouve. Comme si mon ouïe effleurait chaque matière autour de moi, afin de me retransmettre le moindre son ; une souris ronge du bois, des goûttes fuitent d'un tuyau et une mouche vient de se faire prendre au piège dans une toile d'araignée. J'hallucine !

— Il y avait une seule et unique règle à ne pas entraver dans ce bas monde et toi tu nous fais cet affront ! Il était comme mon frère, le premier à m'avoir tendu la main pour me sortir de cet enfer. Grâce à lui, j'ai pu enfin donner un sens à mon existence, car il m'a offert une part d'humanité. C'est la seule personne à ne m'avoir jamais jugé, jamais trahi, jamais déçu pendant tellement de temps qu'à la fin lui et moi ne faisions qu'un. Des années que je veille à ce que cet accord ne soit pas rompu. Je lui avais donné ma parole en le regardant droit dans les yeux, Trévor ! crie une voix sombre.

— C'est arrivé si vite que je me suis retrouvé au piège sans me rendre compte que j'étais marqué.

— Marqué en plus ! Il y a sept milliards d'êtres humains sur cette planète et toi parmi ce large choix, tu t'entiches d'une Mac Duffelling.

— Elle s'appelait Duff putain, Duff ! Et non pas la descendance de...

La discussion se tait quand je m'étire dans ces draps de satin sur ce grand lit king size. Interpellée par l'endroit qui m'est inconnu, je m'assois en sursaut en remontant la couette sur mon corps dépourvu de vêtements. Où suis-je bordel ? Pourquoi suis-je nue ? Et surtout, quel est mon dernier souvenir ? Mon cerveau semble être rempli d'un épais brouillard où ma vie s'arrête à...à quoi bon sang ?

Andy Duff, vingt-quatre ans, je réside au 364 White Side road, j'ai un frère jumeau qui se nomme Nathan et mes meilleurs amis Mattéo et Livia. Bon, jusque-là tout va bien. Je suis en cinquième année de médecine et j'ai pour projet de devenir chercheuse en biologie, mais d'abord, je dois voyager en Bulgarie pour... Trévor ! Le tirage au sort ! Et bordel, comment j'ai pu oublier, on a fait l'amour sur son bureau dans l'amphithéâtre et après...non rien ! Mes souvenirs se perdent en pleine jouissance. J'hallucine ! Il me manque un sacré bout de ma vie et pas n'importe lequel.

Je me frotte le visage à deux mains, puis je tends l'oreille pour écouter un bruit réconfortant, une voix, quelque chose, mais rien. Il me semblait avoir entendu les brides d'une discussion entre deux hommes, dont un était Trévor...je ne sais plus, je ne suis pas sûre. Ma nuit se dissipe emportant à jamais certains de mes rêves et le début de ce réveil atypique. Elle se dissipe... rapidement... jusqu'à ne plus avoir de trace.

L'ombre PourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant