Chapitre 7

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 J'ai validé mes partiels du premier semestre avec brio. J'ai pu jalousement voir l'amour naître entre Matt et Célia. J'ai inlassablement soutenu Livia de ses peines de cœur à répétitions. J'ai fait beaucoup de cheval pour tuer l'ennui de ma vie. Mais en aucun cas depuis des mois, je n'ai pensé à lui, car il n'existait tout simplement pas.

Il est apparu dans ma vie seulement trois fois et il y a déjà de cela plus de quatre mois. Il y est entré puis il y en est sorti comme s'il n'avait jamais existé. À mes yeux, il était un simple individu de passage qui ne marque pas les esprits, si l'on exclut le fait qu'il soit très séduisant. Du moins c'est ce que j'ai cru jusqu'à présent. Parce que en réalité, il s'était tapi dans l'ombre de mes entrailles, agissant comme un cancer malin, s'emparant silencieusement de mes organes, un... par... Un, jusqu'à prendre possession de mon cœur. Camouflé par une mémoire partielle et sélective à son égard. Comment ? Grand mystère !

Depuis cette fameuse soirée sur le parking, il y a deux jours, il inonde toutes mes pensées à chaque instant. Je me surprends à caresser du bout de l'index mes lèvres, dans l'espoir de faire réapparaître les siennes.

Je déglutis lourdement quand son goût ressurgit dans ma bouche avec gourmandise, à chaque fois que je mange une sucrerie. Et je serre les cuisses entre elles quand une brise sinue dans mes cheveux, me rappelant avec plaisir la douceur de ses doigts sur mon cou.

Mon corps semble à l'affut du moindre souvenir, se languissant de recouvrer l'extase que Trévor lui a procuré par le biais d'un simple baiser volé. En ce qui concerne ma conscience, elle me crie tout haut de fuir ce personnage mystérieux et compliqué. Indécise devant la porte de l'amphithéâtre, je pèse le pour et le contre de le revoir de si tôt. S'il m'évite, je me sentirais blessée et très honteuse d'avoir pu fantasmer sur une personne qui ne ressent pas la même chose envers moi. Pourtant, tout son corps semblait en éveil entre mes bras, il me transmettait le contraire de l'indifférence.

— Toujours en avance à ce que je vois !

La voix de Matt dans mon dos me fait sursauter comme jamais. La main sur le cœur et l'autre sur la poignée de la porte, je lui fais face.

— Matt t'es fou, j'ai failli faire une crise cardiaque !

Mon ami rigole à pleins poumons de son entrée fracassante. Son beau sourire rayonne d'une blancheur sans pareille, illuminant mon visage. Il me manque ! me crie ma conscience. Je lui souris à mon tour, toujours autant ébahie par sa beauté chaleureuse, italienne.

— Désolé.

Je regarde ma montre pour constater que la présentation ne commence que dans trente-cinq minutes. Matt n'est pas un de ceux qui arrive à l'avance, au contraire, généralement sur le fil du rasoir ou comme bien souvent en retard.

— Tu es d'humeur matinale à ce que je vois, dis-je en lui montrant l'heure.

— Je voulais te parler, mais comme tu me fuis depuis un moment déjà, j'ai dû ruser et tomber de mon lit pour pouvoir t'attraper, vilaine fille !

— Comment ça je te fuis, je ne comprends pas ?! demandé-je sans honte.

— Andy je te connais comme le fond de ma poche, alors regarde-moi franchement dans les yeux et prouve-moi le contraire, m'impose-t-il en capturant mon visage dans le creux de sa main.

Comment lui mentir ? Il a toujours su lire en moi comme dans un livre ouvert, c'est bien pour ça aussi que je lui en veux de snober mes sentiments, car il sait ce que je ressens pour lui depuis l'enfance.

— Ce n'est pas le lieu ni le jour pour parler de ça !

— Andy, avec toi, ça ne sera jamais le bon moment ! L'écart va davantage se creuser entre nous, ce dont je n'ai pas envie. Alors, rentrons dans l'amphi, de toute façon, il n'y a encore personne.

L'ombre PourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant