Chapitre 4

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   Aujourd'hui, je n'ai pas trop le moral, et pour cause, cette femme ! Je m'en veux d'avoir décliné l'offre d'hier soir au pub. Livia vient de m'informer par téléphone qu'une fois de plus, le charme de Matt avait fait succomber une fille de vingt-six ans. Ma jalousie vient d'être mise à rude épreuve par une femme plus mûre que moi.

J'ai pratiquement raccroché au nez de Livia de colère. Comme si le ciel m'en voulait, Matt a débarqué chez moi pour voir mon frère. Il vient de passer plus d'une heure à se confier auprès de Nathan à propos de cette fille prénommée Célia. Il en est carrément envoûté. J'espère qu'il aura la décence de ne pas se présenter avec elle à son bras ce soir !

Au plus loin que je m'en souvienne, Mattéo Rosano est la pièce rapportée de cette maison, le fils adoptif de mes parents, il fait tout simplement partie de la famille.

Ce sicilien de pure souche a vu le jour à Palerme, puis avec ses proches, il a migré à l'âge de ses deux ans. Son père Alfio Rosano a eu du flair dans le monde de l'import/export, c'est pourquoi ils ont pu financièrement s'installer près du manoir. Très vite, nos mères sont devenues de grandes amies. Gina lui apprenait notre langue et la familiarisait avec nos coutumes. En contrepartie, Francesca Rosano la mère de Matt, nous servait de nounou quand mes parents travaillaient.

C'est au sein de leur maison que j'ai pu apprendre cet accent qui chante et cuisiner les arancinis, spécialités siciliennes. Nous avons créé un équilibre solide entre nos deux familles, jusqu'à n'en faire qu'une. Ici, le Home sweet home prend tout son sens. De plus, son grand-père Monsieur Antonio Rosano est souvent de passage, six mois ici et six mois là-bas, très présent dans la vie de cette famille pure souche Sicilienne. Ce Monsieur, au regard dur et au visage fermé, m'a toujours impressionnée, mais dans le fond, il est plutôt gentil. Il était devenu un très grand ami de mon défunt grand-père, ils s'appréciaient beaucoup. D'ailleurs, depuis sa mort, nous n'avons plus de nouvel d'Antonio. Ernest Mac Duffelling a laissé un grand vide autour de lui.

Cet après-midi, mon père semble nerveux quant aux préparatifs de ce soir. Il sollicite Anna comme jamais auparavant. La pauvre femme court de gauche à droite sans avoir un moment de répit sous les ordres stricts de son patron. La salle de réception se retrouve sans dessus dessous pour finir par être irréprochable et guindée. Des amis d'enfance ?! Au vu de cette mascarade, je m'attends plus au prince d'Arabie, cela dit, je suis très curieuse de découvrir ces gens. J'aimerais pouvoir questionner mon père sur ces convives, mais j'ai bien peur, de finir comme la pauvre gouvernante, épuisée !

Je me retranche dans ma chambre afin de me préparer à mon tour. Sur mon lit, Anna a soigneusement dressé la robe qui va me sublimer ce soir. L'étoffe taillée dans de la soie s'illumine d'un rouge vif. Le col ample dessine un gracieux décolleté qui change de forme à chacun de mes mouvements. La robe souligne agréablement mes courbes sans les étouffer puis finit sa course évasée à mi-mollet. Retenue par de simples bretelles fines, elle se suffit à elle-même sans en rajouter davantage.

Mes cheveux de feu qui ondulent naturellement, rebondissent sur mes épaules et tombent en cascade en bas de mon dos. Je retravaille quelques boucles pour qu'elles sinuent sur le bombé de mes seins afin de cacher le délicat dessin de mes tétons libres de lingerie. J'orne mes yeux émeraude d'une double couche de mascara et assortis mon rouge à lèvres à ma robe.

Pour finir, je grimpe sur mes talons ajourés avant de me regarder dans le miroir. Je reste pantoise devant la femme qui se trouve devant moi. Celle-ci, je la laisse peu s'exprimer, pourtant je n'ai rien à n'envier à personne. Je me sens plus à l'aise avec mon naturel quotidien, mais ce soir, je veux que Matt me remarque.

L'ombre PourpreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant