Dark pain of soul

Chapitre 4 : Première mission

MORANA

Accroupie derrière une caisse en bois, j'entends Carden qui balbutie quelque chose. Il a l'air stressé, alors que moi je suis totalement détendue. Mon arme dans ma main droite et un couteau bien tranchant accroché à la ceinture, je me sens parfaitement maîtresse de la situation. Trois jours plus tôt, Carden me parlait de la mission. Nous voilà à présent cachés pour ne pas nous faire voir par nos rivaux : les Anson. C'est la première mission que j'effectue avec Carden – j'ai bien plus l'habitude d'être seule – et je veux prouver à celui-ci que je suis capable de tout. J'ai presque envie de rire en voyant que Carden, celui qui joue toujours au mec confiant, a beaucoup moins l'air de l'être maintenant que nous sommes en action.

Je jette un bref coup d'œil à Carden qui observe attentivement les types devant nous. Nous avons réussi à nous infiltrer par une porte dérobée. Le gardien, bien trop simple à acheter, nous a laissé entrer quand on a dit qu'on venait pour un genre d'entretien. A croire qu'on ne peut pas lui faire confiance alors qu'il est censé se douter de ce genre de choses. Et je dois avouer être déçue d'avoir perdu cent euros au lieu de lui avoir tirer une balle entre les deux yeux. Décevant, mais sans doute mieux.

A la dérobée, je constate que les boucles de Carden sont plaquées en arrière. Il souffle un grand coup avant de me faire signe. Nous n'avons par reparlé de ce qu'il s'est passé la dernière fois, au sous-sol. Ce jour-là, j'avais tellement envie de coucher avec lui que je n'ai pas pensé une seule seconde au fait que ça pouvait être une mauvaise idée. Déjà car Carden est un espère d'insolent qui ne manque pas de me faire savoir ce qu'il attend de moi – mais je ne peux pas trop lui en vouloir étant donné que je veux la même chose. Mais c'est surtout dû au fait que j'ai peur de la manière dont les autres verront ça, et je penche plutôt sur l'idée qu'ils voient ça d'un mauvais œil. Je ne veux pas que l'on pense que je suis ici uniquement parce que je couche avec le fils du boss et non pas par mon apprentissage et mon savoir-faire. Quant à Verena, si je n'ai pas trop apprécié la manière dont Carden l'a traité, c'est le cadet de mes soucis.

— Passons par-là, lance Carden en me tirant de mes pensées et en montrant un conduit d'aération. Sur les plans que j'ai eu, ça nous fera tomber dans la pièce où tout est stocké.

— Tu t'es cru dans un putain de film ? Personne ne fait ça ! grogné-je.

— Attends, tu veux dire que tu ne l'as jamais fait ?

— De quoi ? Me trainer dans ce genre de truc comme si j'étais un ver de terre ? Non merci, j'ai un minimum de dignité.

Carden fronce les sourcils. S'il me prend certainement pour une fille étrange, je le pense encore plus de lui. Je ne sais pas s'il a trop regardé de films d'horreur ou trop jouer à Outlast, mais quelque chose dans son crâne à du exploser, je ne vois que cette explication à cette envie soudaine de jouer aux alpinistes.

— Eh bien mets ta dignité de côté, parce que nous n'avons pas d'autres choix, bébé. Nous allons passer par là, et ce n'est pas toi qui décides.

Je tique sur son bébé, mais encore plus sur la réalité de la situation. C'est vrai que c'est Carden qui est censé superviser cette mission, et constater cela me donne envie de m'arracher tous les cheveux un à un tant que je frustrée.

— Bon, d'accord, on passe par où ?

Carden me fait un grand sourire, visiblement heureux que je me décide à suivre son plan foireux. Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée, mais soit. Dans le pire des cas, le flingue dans ma main me servira. Et puis, je ne suis pas en danger, je le sais. Personne ne peut rivaliser face à moi, sauf peut-être Carden...