Dark pain of soul

Chapitre 11 : Découvertes

CARDEN

Morana ne parle plus. Elle fixe les feuilles du dossier furtivement, hors d'elle et emplit de questions. Je ne sais pas quoi faire, pas quoi dire. Lorsque le dossier s'est trouvé entre mes mains, je me suis questionné. A présent, ce que je lis sur le visage de Morana me déconcerte. Elle semble perdue et en colère. Elle cherche comme une forcenée le moindre détail.

Je peux comprendre ce qu'elle ressent. Morana a besoin de réponses, tout comme j'en ai eu besoin après la mort de Melantha mais n'en ai pas eu. Je devine sans mal le choc que cela doit lui faire. Quand j'ai vu les prénoms des parents de Morana, j'ai eu un frisson d'horreur, moi qui ne suis pourtant pas très sensible. Et en voyant l'air de panique qui a assombrit son visage, quelque chose s'est retourné en moi. Je ne connais pas Kent et Charlotte Osborne, pourtant mon père, lui, semble bien les connaitre puisqu'il les a tué. En comprenant que les parents biologiques étaient des anciens d'ici, j'ai automatiquement su qu'il y avait un problème.

Je m'approche de Morana. J'ai envie de poser une main sur son épaule mais je me retiens en la voyant qui bouge dans tous les sens en gueulant que Karter est un « gros enfoiré ». A vrai dire, je suis plutôt d'accord avec ce qu'elle dit. Je pose mon regard sur les feuilles qu'elle a étalé devant elle. Il y en a tellement qu'on pourrait croire que Morana nage dedans. Elle observe tout, le moindre détail, en fronçant les sourcils.

— Tu veux que je t'aide ?

Morana lève ses grands yeux gris vers moi. Elle semble être à deux doigts de pleurer. Je crois ne jamais l'avoir vu ainsi. Elle est comme moi : nous n'aimons pas montrer nos faiblesses. Pourtant, je la sens fébrile. Elle marque un instant de pause et s'humecte les lèvres en réfléchissant.

— Je ne sais pas quoi te dire, Carden. Ton père a tué mes parents. Pour une histoire de fric, putain ! De fric !

Morana crie. Ses mains se serrent sur les feuilles tandis que je la regarde faire, étrangement silencieux. Je ne sais pas comment je pourrais la rassurer, ni si c'est ce dont elle a besoin. Elle fait tomber quelques feuilles sur le sol en bougeant et j'en ramasse une que je lis distraitement.

10 mars 2003,

Kent et Charlotte Osborne ont été tués à leur domicile en fin de journée. La petite fille, Morana Osborne, a disparu. Les membres sont en quête de la retrouver.

27 avril 2006,

Morana Osborne a été retrouvé dans un orphelinat du Michigan. Nos agent commencent à l'approcher. Un membre de l'organisation se fait passer pour un professeur de self-défense afin de commencer à l'entrainer.

Je fronce les sourcils et tends les feuilles à Morana. Je ne comprends plus rien. Alors, depuis tout ce temps, elle était suivie ? Son arrivée ici était préméditée depuis le départ ? Morana a-t-elle eu le choix une seule fois depuis sa naissance ?

— Je n'y crois pas... finit par marmonner Morana.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Elle relève ses yeux vers moi une nouvelle fois et me montre les feuilles que je lui ai donné du regard. Ses yeux se teintent d'un voile de tristesse qui me fait froid dans le dos. Je me demande à quoi elle pense. Me déteste-t-elle car tout est de la faute de mon père ? Ou au contraire comprend-t-elle que je n'ai rien fait et que je suis aussi dégouté qu'elle ? Je ne sais pas pourquoi je me sens ainsi, j'ai l'habitude que mon père soit responsable de la mort des gens. Pourtant, je n'ai jamais vu des personnes pleurer pour les morts, et retrouver Morana qui apprend cela, des années après, me perturbe. Je n'avais pas imaginé que tous ces gens avaient des familles, et que certains étaient susceptibles de les retrouver.