Chapitre 15 : Règlement de comptes

15 1 0
                                    

CARDEN

Qu'est-ce qui m'a pris ? C'est la première chose qui me frappe lorsque je me réveille, à deux centimètres du visage de Morana. Celle-ci s'est tournée durant la nuit, ce qui fait que j'ai une parfaite vue sur ses lèvres rosées qui remuent doucement pendant qu'elle respire faiblement, toujours endormie. Je me passe une main dans mes boucles noires, étrangement tendu. Je ne comprends ce qu'il m'arrive, ni ce que je fou ici, dans le pieu de Morana alors que je devrais la détester pour la proximité qu'elle a eu avec ce connard. C'est quoi son prénom, déjà ? Je fronce les sourcils et il me faut quelques secondes pour me rappeler de son prénom. Sohan. Même son prénom est merdique.

J'ai voulu lui tirer dessus, je n'ai pas réfléchi une seule seconde lorsque je l'ai vu poser ses sales mains sur Morana. Le regard qu'il m'a jeté en la touchant m'a rendu fou : il n'avait pas le droit. Il n'y a que moi que Morana doit regarder ainsi, j'ignore pourquoi la voir aussi proche d'un autre homme m'a mit hors de moi. Je devrais m'en foutre, mais ne rien faire m'a rendu dingue, j'avais envie de tout exploser – en commençant par le crâne de ce type. Je ne peux pas le détester – enfin c'est ce que la logique voudrait – parce que malgré tout il nous prête son cachot bizarre. Je me demande quels genres de trucs glauques ce type fait là-dedans, et je préfère ne pas savoir. Honnêtement, tout chez lui m'agace. Sa manière de parler. Sa manière d'agir. Sa manière de se comporter en général, et surtout avec Morana.

Morana est devenue une de mes faiblesses et je n'aime pas ça. Personne ne doit savoir quelque chose que je ne comprends pas moi-même. Je ne peux pas agir comme ça, montrer que les agissements de Morana exercent une influence sur moi. Je ne peux pas laisser les gens penser que je change depuis qu'elle est arrivée dans ma vie. Pourtant, c'est un peu ce qu'il se passe. Je me suis confié à elle comme je ne l'ai jamais fait, mais ça ne devait rien être d'autre qu'un moment d'égarement, je ne vois pas pourquoi je lui aurais dit toutes ces choses. Peut-être est-ce aussi parce que l'histoire avec ses parents m'a fait de la peine et que je ne voulais pas lui donner l'impression d'être seule. Malgré tout, j'ai aussi cette sensation que Morana change à mon contact, et je ne parle pas que d'un contact physique. Psychiquement aussi, elle change. Elle n'est plus aussi agaçante qu'au début. Elle est... électrique. L'air qui crépite autour d'elle est chargé d'un désir sexuel qui m'atteint plus que de raison.

Mais je ne peux pas. Je ne sais pas ce que je fais, mais je sais que je ne peux pas. Je ne suis pas comme ça, je ne suis pas le genre d'homme qui se glisse dans le lit d'une fille alors qu'il ne compte pas la baiser. J'ai envie d'elle, c'est certain, mais pourquoi suis-je directement allé la retrouver après ma fuite ?

Je sors brusquement du lit. La couverture s'abaisse lorsque je me lève, laissant apparaitre le ventre de Morana. Son tee-shirt est légèrement remonté sur sa poitrine, ce qui me laisse un aperçu de sa peau claire qui réveille en moi des envies de la toucher ici, et partout ailleurs. Je secoue la tête, détourne le regard, et file hors de la chambre. Je prends une grande inspiration et lâche tout l'air contenu dans mes poumons.

Lorsque je quitte la pièce, je tombe sur un salon que je n'ai pas pu vraiment apercevoir hier, après être entré ici en pleine nuit. Je n'avais qu'une envie : retrouver Morana. Je lève les yeux, éblouis quelques instants par le soleil, puis finis par regarder autour de moi. On dirait vraiment une copie parfaite d'un chalet. Tout est fait de bois clair. La table, les chaises, le parquet. C'est trop bizarre, ça me rappelle le genre d'endroit où nous allions, ma mère, Melantha et moi. Enfin, ça, c'était avant que tout ne s'effondre. Personne n'est ici, par chance tout le monde dort encore. Et heureusement, car je n'ai pas envie de me payer la tête d'Evander dès le matin, et encore moins celle dégueulasse de cet abruti de Sohan.

Dark pain of soulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant