Chapitre 2

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Des papouilles sur le visage me réveillent en douceur. Je papillonne des yeux et croise le regard d'Ambre. 
— Bonjour mon chaton.
— Bonjour Monsieur...
— Bien dormi ?
Je hoche doucement la tête. Et d'un coup, les images de mon rêve viennent me hanter l'esprit. Je sens mon visage se chauffer. Je détourne le regard, et attrape mon oreiller pour le poser sur mon visage.
— Mila ?
— Mhhh...
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Rien...
Mon oreiller se fait retirer. Mon menton se fait relever par son index, j'essaie de me débattre mais très vite, c'est sa main entière qui m'attrape la mâchoire.
— Mila.
— Rien...!
— Ne me mens pas.
— Ça n'en vaut pas la peine, je vous jure...
— Dis-moi.
— Moi.
Sa mâchoire se tend. Sa main descend à mon cou. Ma respiration s'accélère. Ses doigts viennent serrer les deux côtés de mon cou, sans me faire mal. Je ferme les yeux et lâche un petit gémissement.
— Ne me provoque pas dès le matin, soumise.
— Sinon quoi, Monsieur ?
Je ne sais pas pourquoi ces mots sont sortis de ma bouche. Je le regrette instantanément après, sans même qu'il me fasse quoi que ce soit.
— Non, pardon ! Oui, pardon, je ne vous provoque pas ! Je suis désolée ! Je vous jure !
— Tu sais bien que ça ne fonctionne pas comme ça.
— C'est sorti tout seul...
— Mais la punition aussi, va sortir toute seule, je t'assure.
— Non... Monsieur...!
— Ça va aller mon chat, ça va aller. Martinet ou cravache ?
Je hais ce genre de dilemme. Mais je sais que je suis dans l'obligation de répondre.
— Cravache, dis-je au hasard.
— Ok, martinet.
Un rire nerveux me prend. Ce n'est pas la première fois que je me fais avoir comme ça. Il me lâche le cou puis caresse ma joue avant de se lever du lit.
— Déshabille toi et mets toi sur le ventre.
— Je suis désolée...!
— Silence.
Je me redresse et retire ma nuisette avant de me rallonger comme il me l'a demandé, sur le ventre.
— Je ne vais pas t'attacher, tu vas rester sage et ne pas bouger.
— Oui Monsieur...
Je pose ma tête sur mon oreiller et pose mes deux mains en dessous, pour m'empêcher de me débattre.
— Mila.
— Oui Monsieur ?
— Tu sais pourquoi je te punis ?
— Oui...
— Dis-le.
— Je vous ai provoqué. Je l'ai cherché.
— Trouves-tu la punition juste ?
— Oui.
— Mot d'alerte ?
— Clafoutis. *
*(Dans la version éditée du Fouet de la Rose, le mot d'alerte qui était Raclette s'est fait remplacé par Clafoutis)
— Bien.
Je le regarde. Il a l'air calme. Lentement, il ouvre le tiroir où se trouve le martinet, prend l'objet de ma future torture et referme le tiroir. Ses gestes sont lents, il sait que je l'observe. Il aime me torturer ainsi.
Ses doigts viennent effleurer mon dos, j'expire lentement, jusqu'à ce qu'il touche à mon point sensible. Je halète, je ne m'y fais toujours pas. Je ferme les yeux pour me concentrer, et c'est là que je sens le premier coup de martinet, en haut de mon dos. Les nombreuses lanières me fouettent en cœur, et dès le matin, je peux dire que ça réveille bien. Je lâche un petit couinement.
— J'ai un nouveau défi, dis-je doucement.
— Pardon ?
— Je ne vais pas pleurer.
Je l'entends souffler du nez.
— Ah oui ?
— Oui !
— On pari ?
— Non, non, non ! S'il vous plaît !
Un petit rire lui prend, et je ne sais pas si je dois m'en inquiéter, mais aussitôt, les coups s'enchaînent en haut de mon dos. Je frémis et serre les poings en dessous de l'oreiller. Je sais qu'il n'y va pas trop fort, parce que c'est le dos. Il peut frapper en haut sans trop de risque, mais je sais qu'il ne préfère pas le faire aussi fort que sur les fesses. Mais ça fait tout de même assez mal.
— Prête ?
— Non !
— Mais si, je suis sûr que si.
Un coup vient s'abattre sur mes fesses, et là la douleur est tout autre chose. Je gémis fortement, de douleur. Les autres coups gardent la même intensité, et mes yeux s'emplissent de larmes. Mais je refuse de craquer. Je ne veux pas pleurer.
— Arrête de te retenir Mila, si tu veux pleurer, pleure.
— C'est mon nouveau défi...
— Arrête avec ça. Je ne veux pas que tu te retiennes de pleurer. Je sais que pleurer te fait du bien.
— Est-ce que vous... Vous me frappez fort pour me faire pleurer ?
— Non, jamais. C'est une punition, mais je ne veux pas te faire pleurer. Mais si la punition te fait pleurer, je ne veux pas que tu te retiennes.
— C'est un ordre...?
— Oui, c'en est un.
Aussitôt dit, mes larmes coulent le long de mes joues, et mes sanglots suivent pendant que les coups s'enchaînent.
Mes fesses commencent à me brûler, mais comme toujours, j'aime tellement me sentir vulnérable.
Le martinet se fait abandonner et c'est une série de cinq fessées sur chaque fesse qui viennent me torturer à nouveau. Puis des caresses viennent m'apaiser.
Je soupire de bonheur. Ses mains sont chaudes et douces.
De petits baisers viennent se poser dans le creux de mes reins. Aussi agréables soient-ils, ces petits gestes d'affection me torturent, je gigote un peu.
— Chhht... Tout va bien.
Je hoche doucement la tête.
Il va ranger le martinet et ouvre le dernier tiroir de la tour. Il en sort une bouteille d'eau qu'il me tend. Je m'assois doucement, et gémis une nouvelle fois en sentant mes fesses se poser sur le matelas. Je prends la bouteille et bois quelques gorgées, avant de me faire enlever dans ses bras.
Son odeur me rend folle d'amour. Je me blottis contre lui.
— Je n'ai pas oublié que je voulais savoir quelque chose à la base.
— Oups.
Je me cache le visage avec mes mains.
— Mila, ça suffit.
Son ton est assez autoritaire pour que je retire mes mains. J'expire lentement avant de me lancer.
— J'ai rêvé de... J'ai rêvé de Lou.
— Et qu'est-ce qu'il se passait dans ce rêve ?
— Vous n'allez pas lui dire hein ?
— Je te le promets.
— Elle... Je... J'étais... Sa soumise durant une journée...
Honteuse, je me cache à nouveau le visage de mes mains. Mais cette fois-ci, Ambre me prend les deux poignets pour me les retirer, et ne les lâche pas. Prisonnière, je ne peux qu'obtempérer.
— Mais je ne comprends pas, parce que... Je suis votre soumise, à vous... votre copine... et je vous aime vous, pas elle.
Il hoche la tête et me sourit.
— Il n'y a pas de mal à avoir des fantasmes Mila. Et, je pense que ce qu'il s'est passé entre vous il y a quelques mois n'arrange rien à ça.
— C'était ma première expérience avec une femme, et c'était... incroyable.
— Tu veux recommencer ?
Je manque presque de m'étouffer.
— Quoi ? Je... N-... Oui, je sais pas. Elle... enfin...
— Est-ce que tu veux que ton rêve devienne une réalité ?
— Ce n'était qu'un simple rêve je...
— Permets moi d'en douter.
— Puis elle acceptera jamais. Giulia non plus.
— Je n'en serais pas si sûr à ta place.
— Monsieur, vous n'allez pas leur raconter tout ça...
— Non, seulement avec ton consentement.
— Je ne suis pas prête pour ça. Ça me fait peur. Ça fait beaucoup d'informations en quelques mois. Je me suis découverte soumise, puis masochiste, puis potentiellement attirée par une femme, alors que je suis censée être attirée par vous et seulement vous.
— Être ma soumise n'empêche pas d'être attirée par quelqu'un d'autre. Je ne t'en empêche pas.
— Oui mais... Je ne trouve pas ça normal et j'ai l'impression de vouloir vous tromper. Je n'aime pas ça.
— Tu ne me trompes pas, étant donné que tu m'en parles, et que tu ne feras rien sans mon autorisation. Je n'oublie pas que tu es mienne Mila, mais je n'omet pas que tu puisses avoir d'autres désirs, que je ne peux pas combler.
— Oui mais Monsieur...
— Je ne te dis pas que je te laisserais plusieurs jours voire des semaines avec quelqu'un d'autre, ça c'est hors de question. Mais une journée, pour que tu puisses combler un fantasme, je n'en vois en aucun cas d'inconvénient.
— Il est écrit dans le contrat que vous n'avez pas le droit de me prêter à quelqu'un d'autre.
— Sans ton consentement.
— Mhhh...
— Je te laisse y réfléchir.
— Ça vous apporterait quoi, à vous ?
— Est-ce que tu penses que tout doit m'apporter quelque chose en ce qui concerne ton plaisir ?
— Je suis votre soumise.
— Et je veux que ma soumise soit épanouie. Le débat est clôt. Tu veux passer une journée avec Lou ? Pas de souci, je me chargerais d'en parler à Giulia et à elle dès que tu seras prête.
— Mais c'est gênant ! Je ne veux pas qu'elle... Qu'elle... Enfin, si elle ne veut pas, je veux pas qu'elle me voit différemment... qu'elle me déteste parce qu'elle croit que je la vois comme un fantasme...
— Giulia et Lou fonctionnent différemment. Ce sont des choses qu'elles pratiquent depuis des années, qui font partie de leurs fantasmes. Lou adore soumettre des femmes qui ne se pensaient en aucun cas soumise ou attirée par des femmes auparavant. Elle joue avec ça comme jamais.
— Et Giulia s'en fiche ?
— Elle sait que sa soumise lui appartient aussi. Elle n'a pas d'inquiétude à se faire.
— Comme vous...
— Comme moi.
— Ok, alors je veux bien que vous en parliez...
— Ça marche mon chat. Allons prendre notre petit déjeuner maintenant.
Je hoche la tête, et me lève. Je lui demande l'autorisation de remettre ma nuisette, il m'y autorise. Quelques instants plus tard, nous nous retrouvons tous les deux dans la cuisine.
Ambre se prépare des tartines d'avocat et œufs, tandis que personnellement je garde mes éternelles tartines de pâte à tartiner au chocolat. J'ai pourtant tout essayé pour aimer l'avocat, rien n'y fait. Je trouve ça fade et sans aucune saveur. J'accompagne mes deux tartines par une salade de kiwi et de raisins et d'un verre de lait.
Nous nous installons à table pour le petit déjeuner. Ambre est en face de moi, et j'aime quand c'est le cas, je peux l'admirer autant que je le veux et ressentir les tas de papillons me heurter.
Je suis complètement amoureuse.
— Vous travaillez aujourd'hui ?
— J'ai fait en sorte d'adapter mes horaires aux tiennes aujourd'hui. Je suis un homme libre, juste pour toi.
Mon regard s'illumine et je ne peux pas m'empêcher de sourire.
— Vous voulez faire quelque chose en particulier ?
En quelques mois, je ne me suis toujours pas adaptée au tutoiement. Je l'utilise de temps en temps, mais je peux passer des jours entier à ne me servir que du «vous».
Parfois, ça l'amuse et il m'oblige à recommencer ma phrase en le tutoyant. Dans ces cas là, je bégaie un peu.
— Et toi, tu veux faire quelque chose ?
— Tant que je suis avec vous, tout me va.
— T'es adorable. On va se balader ?
— Oh oui !
— Le temps n'est pas encore tout à fait frais, il faut qu'on en profite.
Nous sommes au début de l'automne. La chaleur de l'été s'est calmée, mais le temps reste encore agréable.
Durant le petit déjeuner, Ambre utilise souvent son portable et envoie de nombreux messages. Ça ne me dérange pas, parce que j'ai tout le temps pour l'admirer ainsi.
Nous finissons de manger puis nous filons tous les deux dans la salle de bain afin de nous faire une toilette.
Comme souvent, Ambre passe derrière moi et me démêle les cheveux. Ses gestes sont toujours aussi doux et attentionnés, et pourraient même m'endormir. J'aime qu'il touche à mes cheveux.
Il plaque mes cheveux en arrière avant de réaliser une tresse haute. Ses gestes sont bien différents des miens, à chaque fois que je me coiffe, je ne fais pas bien attention et me fais toujours un peu mal.
— Reste ici, j'arrive.
— D'accord.
Je soulève ma nuisette une fois qu'il est parti afin de regarder l'état de mes fesses. Elles sont encore légèrement rouges, et j'apprécie ce que je vois. J'aime garder certaines marques, garder le souvenir d'une séance ou d'une punition, voir qu'avec ça, je suis à lui. J'aime garder certaines sensations également.

Lorsqu'il revient, il a une petite pile de vêtements dans les mains où est posé un petit pochon en satin noir et un flacon de lubrifiant. Il pose la pile de vêtements avant de sortir le contenu du pochon. Ce sont les boules de geisha. Que je n'ai testé qu'à la maison.
— Retire ta nuisette.
J'obéis.
Il les rince quelques secondes à l'eau, avant de les imbiber de lubrifiant.
— Penche toi en avant et écarte un peu les cuisses.
Ma respiration s'accélère, je m'exécute. Doucement, il me pénètre de deux de ses doigts lubrifiés et réalise quelques vas et viens. Je soupire de plaisir. Ses doigts se retirent et se font remplacer par les trois boules qui entrent petit à petit en moi. Je trouve la sensation étrange au début, mais je sais qu'après, c'est quelque chose d'exquis.
J'ai un moment de réflexion avant de comprendre; il n'a pas utilisé n'importe quel lubrifiant. Celui-ci a un effet chauffant.
— Oh... mon... dieu.
Ce n'est pas la première fois qu'il l'utilise, mais avec les boules de geisha c'est quelque chose de différent. Mon excitation monte en flèche. Mon dominant a un petit sourire sadique sur ses lèvres.
— Habille toi.
Je regarde les vêtements qu'il m'a choisi. Un body noir et un jeans simple. Pas de culotte. Je lui jette un regard et son sourire s'étire.
— Monsieur !
— Madame !
— Comment osez-vous, dis-je sous le ton de la rigolade.
— Ça commence par «con» et ça fini par «trat», ce concept est génial non ?
Je souffle du nez et éclate de rire ensuite. Son ton me fait rire. Mais avec les boules de geisha en moi, ma réaction d'après est bien plus différente. Je me calme vite et expire lentement. Je ne vais jamais tenir.

Je m'habille par la suite tandis qu'il fait de même. Sa tenue à lui est également composée d'un jeans, avec une chemise. Il coiffe ses cheveux en chignon un peu en bataille, qui lui donne un certain charme et agrémente ensuite ses doigts de ses bagues.
Je mets du mascara tandis que lui souligne ses yeux d'un khôl noir et ajoute un fard argenté, bien pailleté.
— Viens là, comme ça on sera assorti.
— Sérieusement ?
— Parfaitement.
Je m'approche et il ajoute des paillettes sur mes yeux.
— C'est joli !
— Évidemment que ça l'est.

***

Nous nous baladons main dans la main au parc de notre première rencontre. Tout ça me rappelle pleins de souvenirs positifs. Je me souviens d'une Mila encore timide. Qui ne savait pas quoi faire avec ce qu'elle ressentait. Qui hésitait. Qui avait peur de devenir soumise mais qui en ressentait le désir.
Je me souviens de nos câlins avec Ambre. De son touché, des premières fois où il a touché ma peau.
Un bonheur m'immonde le cœur.
J'en oublierais presque qu'à chaque pas que je fais, les boules de geisha me taquinent et me torturent.

Au bout de plusieurs dizaines de minutes à marcher, nous nous asseyons tous les deux sur un banc. Je lâche un petit gémissement en sentant l'objet bouger en moi.
— Voyons, Madame...
— C'est de votre faute, Monsieur.
— Tu crois ?
— Je le crois bien, oui.
— Mon pauvre petit chaton...

Je me fige lorsque je vois une certaine silhouette au loin. La chevelure blonde est attachée en un chignon et la robe longue qu'elle porte met parfaitement son corps en valeur. Mon rythme cardiaque s'accélère.
— Oh Lou, mais quel hasard ! Se prononce Ambre.
— Vous n'avez pas fait ça... murmure-je.
— Fait quoi ? Je ne vois pas...
— Je suis sûre que vous savez très bien.
La jeune femme approche, nous dit bonjour avant de s'asseoir à côté de moi, où il y a de la place.
Sa main effleure la mienne et j'ai l'impression que je vais exploser.
— Monsieur !
— Je suis au courant, Mila. Ambre me l'a dit.
— T'a dit quoi ? Parce que je ne vois pas... Trop bizarre...
Un petit rire lui prend.
— Ne fais pas l'innocente, ça ne te réussi pas...
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Tu es sûre de ça ? Pas moi...
Je rougis et détourne le regard pour regarder mon dominant.
— Je vais vous laisser, je vais acheter des boissons. Ça vous laissera le temps de discuter !
— Vous pouvez pas me faire ça Monsieur ! Je vous en prie.
— Oh si je peux. Sois sage.
Je vais la moue, ses lèvres atterrissent doucement sur les miennes. Je lui rends son baiser et lui attrape la nuque pour le garder contre moi. Il met tout de même fin au baiser et secoue la tête.
— À tout de suite chaton.
— Monsieur !
— Non Mila.
Il retire ma main de sa nuque avant de se lever et de s'éloigner.
— Alors, ma belle Mila...
Je me mords la lèvre inférieure en entendant sa phrase. Il faut que je me calme, il ne faut pas que je craque pour aujourd'hui.

Le Fouet de ses DésirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant