Chapitre 9 : Ce n'est pas ta faute.

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Bakugo voyait tout. Dès qu'il apercevait Deku, il jouait aux jeux des sept différences. Les sourires de son ami d'enfance de plus en plus factice. Le poids qu'il perdait. Les yeux rougis, sans doute à cause de larmes versées. Le fait qu'il porte des habits amples alors qu'il faisait chaud. La manière dont Shigaraki posait une main de plus en plus possessive sur lui. Deku ne le voyait même plus, même quand il passait à côté. C'était comme si son monde commençait et s'arrêtait avec Shigaraki. Bakugo tremblait de peur pour Deku, parce qu'il ne pouvait que s'imaginer ce qu'il se passait, et qu'il se sentait inutile.

Il aurait voulu que Deku tende une main vers lui, qu'il l'attrape et le sorte de là. Il aurait voulu défoncer la gueule de Shigaraki. Mais si Deku ne le remarquait même plus, c'était qu'il était dans une bulle – toxique la bulle, Bakugo n'en doutait pas – et que ça devenait difficile de se rappeler à lui.

Il voulait crier « je suis là ». Je suis là et je ne peux rien faire, putain.

Les autres commençaient à voir la différence à leur tour et à s'inquiéter également. Uraraka avait perdu sa positivité et Iida son entrain. Tous commençaient à se sentir inutiles et ne savaient plus comment aider Deku. Bakugo était au bord du gouffre, alors bousculer Deku et glisser des bonbons dans sa poche comme la dernière fois, c'était un acte désespéré. C'était rappeler son ami d'enfance à lui. Le blond ne savait pas si ça allait marcher, vu que ça n'avait rien fait la fois d'avant, malgré leur intervention à tous. Mais il se sentait démuni, et c'était mieux de faire quelque chose même si c'était vain que de ne rien faire du tout.

Couché tôt comme toujours, il avait pris l'habitude de ne pas couper la sonnerie de son téléphone, au cas où. Il fut réveillé au son d'une musique rock, et alors qu'il s'apprêtait à ronchonner et balancer son portable à l'autre bout de la pièce, le nom qui s'afficha fit battre son cœur un peu plus vite. Deku. Il décrocha :

— Allô Deku ?

— Kacchan.

Sa voix était si fine que Bakugo paniqua.

— Je t'en supplie viens me chercher.

Les tripes du blond se retournèrent et il sortit du lit tout en demandant des précisions à Deku, où il était et comment ça allait. Deku lui donna une adresse, mais ne répondit pas à la deuxième question.

— Fais vite, s'il te plaît, fais vite.

Et Deku raccrocha comme s'il était en danger si on le surprenait au téléphone. Bakugo enfila un pantalon, un pull et secoua Kirishima.

— Quoi ? grogna celui-ci.

— Je vais chercher Deku, annonça Bakugo, ramène-toi. Il risque d'il y avoir du grabuge.

En entendant ces paroles Kirishima bondit de son lit, fut prêt en trente seconds chronos et les deux jeunes hommes sortirent du dortoir en vitesse. Ils prirent la voiture de Bakugo, un vieux tacot qui tenait bon, et Bakugo appuya sur la pédale d'accélération comme jamais auparavant. Il se permit même de griller un feu rouge, lui qui avait toujours été un conducteur modèle.

Il se gara n'importe comment sur le parking devant l'immeuble et grogna en voyant qu'il y avait un interphone pour ouvrir la porte. Il ne pouvait pas appeler directement l'appartement 220 où se trouvait Deku, car il avait peur que ce soit Shigaraki qui réponde. Se fichant de réveiller les gens, il commença à faire sonner tous les numéros jusqu'à ce qu'une voix en colère gueule :

— C'est quoi ce bordel ? Vous avez vu l'heure ?

— Police, fit Bakugo sans hésiter, ouvrez-nous, c'est une situation d'urgence.

Les violences du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant