Les violences du coeur

Chapitre 10 : Le véritable amour.

Il fallut un an au moins pour qu'Izuku se remette vraiment. Un an c'était court et long à la fois, mais Kacchan ne l'abandonna pas. Oh ! Izuku garderait une cicatrice, mais il était redevenu lui-même. Un peu plus méfiant sans doute, parfois un peu apeuré par les grands gestes, il mangeait de nouveau à sa faim, mais pouvait rester effrayé par le fait de prendre du poids. Seulement, de façon générale il avait retrouvé son entrain et même son côté un peu innocent.

Plus proche que jamais de Kacchan, il était aussi très heureux de trainer avec tout le groupe. Pendant longtemps cependant, il ne s'était pas senti de recommencer une relation amoureuse. Il s'était même dit que plus jamais il ne serait prêt à sortir à nouveau avec quelqu'un, que ça n'en valait pas la peine, que c'était trop dangereux. Mais petit à petit, pas après pas, il s'était souvenu d'un vieux sentiment qu'il avait ressenti bien avant Shigaraki, bien avant ce mec empoisonné qui lui avait fait tourner la tête. Un sentiment qui avait grandi en lui et qui désormais, malgré ses peurs, prenait toute la place.

Kacchan l'avait invité à venir voir le dernier film de super héros qui sortait au cinéma, et bien entendu Izuku avait accepté avec joie. Il avait mis son plus beau pull, le noir avec la croix verte, celui que Tomura détestait – d'une certaine façon, le mettre s'était faire un pied de nez à cette relation bancale.

Ses cheveux avaient également repoussé et il avait décidé qu'il était mieux avec cette coiffure que celle que lui avait imposée Tomura.

Il avait demandé à Kacchan ce qu'il préférait et son ami d'enfance avait répondu :

— Je préfère que tu sois bien dans ta peau, dans tes fringues, dans tes cheveux. Peu importe ton style, s'il te plaît à toi, il me plait à moi.

C'était des paroles simples. Mais Izuku avait enfin compris quelque chose à propos de Kacchan. Quelque chose qui était là depuis longtemps et qu'il avait été trop aveugle pour le voir.

Kacchan ne choisirait pas ses vêtements ni sa coiffure, il ne lui imposerait jamais ce qu'il doit penser, aimer, faire. Pourtant il était là. Avec son sale caractère, ses grimaces, sa façon de s'exprimer très Kacchienne parfois. Et Izuku se sentait bien avec lui.

Ce n'était pas comme avec Shigaraki. Kacchan ne lui susurrait pas de miel aux oreilles, il était plus brut de décoffrage, n'empêche qu'il était rassurant et même gentil en fait. Ça ne se voyait pas au premier abord, mais Izuku qui le connaissait depuis l'enfance, pouvait le voir. Et il se demandait comment il avait pu être aussi bête pour oublier tout ce que Kacchan lui apportait, juste parce qu'il sortait avec un mec à la langue vicieuse. « Tu n'as pas été bête Deku, tu as été manipulé » lui dirait sans doute Kacchan. Comme chaque fois qu'il s'excusait et se dénigrait à propos de toute cette histoire.

Ils étaient donc allés au cinéma ensemble tous les deux, sans les autres. Kacchan et Izuku avaient, par la suite, échangé sur le film un long moment, se rejouant certaines scènes. Kacchan était aussi excité qu'Izuku, même si le blond taquinait son ami d'enfance en l'appelant « le nerd ».

Soudain, Izuku se tut alors que Bakugo lui pointait du doigt un café pour aller boire un coup. Il eut une réminiscence. Des fois Tomura venait s'incruster dans son esprit, leur histoire aussi. Des fois il était encore là et lui proposait de l'emmener dans son appartement pour coucher ensemble. Izuku en avait discuté avec la psy, et il avait compris qu'il s'était fait agresser sexuellement puisque Tomura insistait toujours alors qu'Izuku disait non. Ça avait été dur à accepter. Longtemps Izuku avait lutté et avait dénié « c'était ma faute, c'était ma faute », répétait-il en boucle. Il avait fallu faire un long travail et désormais Izuku acceptait les faits et cela lui faisait très mal. C'était le truc le plus dur qu'il avait subi, avant même les coups. Il avait été comme sali par Tomura et il avait du mal à s'en remettre totalement.