Chapitre 8 : Julien

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Julien

"Qui veut une glace ?" demandé-je alors qu'on venait de rentrer de la réserve.

Tout le groupe acquiesce.

"Emmène-les au bord de la piscine !" s'exclame Léna déjà en maillot, "il fait super chaud !"

Quand je les rejoins, Léo fait des concours de longueurs avec Léna. Haley lit un livre sur un transat. Je distribue les friandises et m'installe sur le transat à côté d'Haley.

"Tu ne te baignes pas ?" lui demandé-je.

"Je viens de me laver les cheveux, et je n'ai pas envie de le refaire !"

Sincèrement, je ne comprends pas toujours les filles, mais j'ai appris qu'il valait mieux ne pas essayer de les faire changer d'avis et de rester à ma place.

"D'accord. Et où en es-tu avec la cagnotte ?" l'interrogeai-je.

"Eh bien, pour l'instant, nous avons réuni une centaine d'euros. Mes parents ont contribué un peu, Léo et Léna aussi. Tout le monde était partant au début, mais je pense que beaucoup ont oublié."

"Ok, c'est un bon début, je vais en reparler à mon père."

Quelques minutes plus tard, je retourne dans la maison pour jeter les emballages de glaces et retrouve mon père seul sous la varangue.

"Papa, as-tu eu le temps de lire mon mail ?"

Je lui avais envoyé notre projet par écrit.

"Oui, Julien. Assieds-toi si tu veux, j'ai un peu de temps pour en discuter."

M'installant sur le banc, je le regarde attentivement.

"Tu es adulte maintenant et je pense que quand tu as ce genre de projet, tu ne dois pas compter sur tes parents pour t'appuyer, utilise tes propres économies."

"Oui, j'avais prévu de participer un peu, mais tu peux aussi contribuer, la cause ne t'intéresse pas ?"

" Julien, ce que vous faites est très bien, mais nous sommes dans une période où nous devons surveiller nos dépenses. Le covid nous a obligés à fermer des hôtels, alors qu'on était en train d'en construire plusieurs, nous avons perdu beaucoup d'argent. Nous ne sommes pas en faillite, mais nous devons faire attention en ce moment. Et puis, les dépenses liées à ta présence à Paris, en école de commerce, ont un certain coût."

"Ah, je n'avais pas réalisé."

Même si le covid a diminué les revenus de mon père, il aurait pu participer ne serait-ce qu'un peu. Mais avec lui, c'est toujours comme ça. Il faut faire des pieds et des mains pour avoir son attention, pour qu'il s'intéresse à autre chose que ses chiffres.

"D'ailleurs, je pense qu'il est aussi temps que tu le saches : nous allons vendre cette maison."

"Quoi ?"

Comment peut-il envisager ça ? Cette maison est notre repère, notre sanctuaire, notre point d'ancrage annuel.

"Cette maison coûte cher à entretenir, et nous en profitons très peu. C'est une dépense inutile que nous ne pouvons plus nous permettre."

"Mais pourquoi ? Où est-ce qu'on va tous se retrouver sans cette maison ?"

"Eh bien, il y a d'autres endroits, on peut louer une villa à l'île Maurice pour se réunir là-bas, on trouvera bien."

"Nous ne reviendrons plus à Rodrigues ?"

"Si, on pourra revenir, nous pourrons prendre un hôtel. Ça nous coûtera beaucoup moins cher, et ça sera tout aussi bien."

Un été à Rodrigues IslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant