Rano Pano [Terraink]

Chapitre 4

"Je ne sais pas pourquoi ils trainaient ensemble ces deux là mais je crois que Damien voyait ça comme un jeu. J'ai toujours trouvé ce gamin trop sage, bien trop sage pour traîner avec un fêtard comme Damien. On en a fait des conneries lui et moi, alors quand j'ai vu qu'il trainait ce mec partout où il allait...Bah ça m'a pas plu. On était super potes, il m'a même trouvé un surnom que beaucoup utilisent encore. Il avait changé avec ce mec. Et j'en voulais pas à ce garçon, c'est à lui que j'en voulais. Il a retourné sa veste si rapidement que j'ai vu notre amitié voler en éclat avant d'avoir eu le temps de dire ouf. Mais voir qu'il n'a pas terminé de foutre le bordel un peu partout, ça me donne encore espoir. Bizarre ? Nan, je trouve pas. J'aime les gens comme ça, qui ne pensent pas au lendemain et je sais que lui aussi. Il finira par revenir vers moi, c'est sûr. On s'est pas trop parlé ces derniers temps lui et moi, il ne me racontait plus rien. Mais je suis sûr que ça changera."

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Il vivait sa vie constamment sur le qui-vive. Chaque détail de sa personnalité était scruté, critiqué et modelé selon les goûts de son paternel. Il était un simple pantin sans libre arbitre, un garçon vide, sans réelle volonté propre. Un bloc d'argile à façonner que son père avait fait à son image à quelques détails prêt. Plus les années passaient et plus il s'était fait à sa condition de marionnette, mais plus jeune, il avait eut du mal à comprendre l'obsession de la perfection de son paternel. En fréquentant d'autres personnes influentes il avait fini par comprendre que la réputation était quelque chose de très important qu'il ne fallait négliger. Il s'était alors adoucit, acceptant de changer sa façon d'être au bon vouloir du marionnettiste le contrôlant. Cela lui provoquait des crises d'angoisses de plus en plus fréquentes. Il avait peur de faire quelque chose de mal et de le regretter à vie. Il ne voulait décevoir personne mais c'était de plus en plus dur de voir les autres vivre librement alors que lui percevait la vie à travers des barreaux de fers qui lui cachaient la vue et le maintenaient prisonnier. Thomas se demandait comment cette histoire se finirait, il n'avait pas espoir de s'en sortir. Il était seul dans cette situation et personne d'autres ne devait être impliqué de toute manière.

Fixant le plafond, seul sa lampe à lave éclairait faiblement la pièce de sa couleur verdâtre. Chaque jour alourdissait le poids déjà bien présent sur ses épaules, et qui, de sa taille massive, assombrissait son avenir. Et pourtant dans cette ombre il ferait de grandes choses, il en était sûr. Diriger une entreprise ne le dérangeait pas, il aimerait pouvoir contrôler quelque chose. Ce qui le dérangerait c'était de rester dans l'ombre de son père toute sa vie et n'être que l'ombre de lui même par la même occasion. 
Il se leva et traîna les pieds jusqu'à sa fenêtre. La vue des jardins et du coucher de soleil lui remonta un peu le moral mais son sourire s'effaça rapidement lorsqu'il vit Damien au loin remonter dans sa limousine. Il se hâta de sortir de sa chambre et de rejoindre Meredith qui devait probablement être encore dans l'entrée. Après un coup d'œil au dessus de la rembarde afin de vérifier qu'elle était toujours là, il descendit rapidement les marches pour la rejoindre. 

"Meredith ! Je viens de voir Laguionie partir ! Que s'est-il passé ?
-Vous m'aviez demandé de ne pas le laisser entrer dans votre chambre alors je l'ai renvoyé chez lui !"

Thomas se pinça l'arrête du nez. Visiblement ils s'étaient mal compris. Il soupira en secouant la tête, agacé.

"Oui, j'ai demandé à ce qu'il n'entre pas dans ma chambre, pas à ce que vous le renvoyiez chez lui."

Visiblement mal à l'aise, un hoquet de surprise s'échappa de la bouche de la femme qui joignit ses mains.

"Oh mon dieu Thomas je suis désolé, pardonnez moi, je pensais que vous ne vouliez pas le voir alors j'ai prétexté votre absence !
-Hum...C'est bien au moins vous ne l'avez pas renvoyé chez lui comme un mal propre...Bien, il est tard je pense que vous pouvez disposer."