Chapitre 12

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Il avait du mal à se concentrer aujourd'hui. La tête reposant sur sa main, il griffonnait sur un coin de sa feuille, seul assit à une table de la salle d'étude. De temps en temps il regardait par la fenêtre les étudiants qui passaient. Quand Robbie sorti du bâtiment principal, une foule de personnes à ses côtés riant à ses blagues, Thomas sourit tristement. Les gens l'appréciaient plus ou moins, mais de loin. Ce n'était pas comme Robbie qui était sans cesse accompagné, il n'avait jamais vu le garçon seul. Lui, l'était souvent. Quand son ami lui fit un signe rapide avant de s'éloigner, il lui sourit avant de baisser à nouveau la tête vers sa feuille. Il était là depuis plus d'une heure et il n'avait rien écrit d'utile pour l'exposé. Il arracha sa feuille de son carnet avant de former une boule et de la poser sur un coin de la table. Un soupire s'échappa de la barrière de ses lèvres. Il repensait encore à sa soirée de la veille. Il ne pensait pas seulement à la remarque de Damien, non, ce qu'avait dit son père n'avait pas aidé du tout.

"Papa, j'ai écrit mon discours du bal d'automne avec Robbie. Peux-tu le lire et me dire ce que tu en penses s'il-te-plait ?"

Son paternel avait prit délicatement la feuille, replacé ses lunettes et commencé à lire en silence. Au vu des grimaces qu'il avait faites, Thomas avait directement su que quelque chose lui déplaisait. Il lui avait rendu la feuille sans le regarder et chuchoté un "mouais" faiblement. 

"Pas terrible. Cela ne te ressemble pas du tout. Jette ce torchon à la poubelle, je vais t'en écrire un, tu n'auras qu'à le lire pour ne pas nous faire honte."

Il avait gardé les deux discours dans sa pochette et honnêtement celui de son père ne lui plaisait pas du tout. Robbie avait trouvé le sien guindé mais celui de son père était encore pire. Il ne respirait pas du tout la joie de vivre et était bien digne du réunion entre cinquantenaire chefs d'entreprise. Si Robbie avait lu ça, il aurait probablement pleuré de désarroi. Il prit délicatement les deux feuilles dans ses mains, relisant rapidement les deux discours avant de les ranger soigneusement. Son discours n'était pourtant pas si mal, il était bien plus adapté à la situation que l'était celui de son père... Seulement il n'avait visiblement pas le choix, le sien ne servirait à rien et Robbie en serait très déçu...

Thomas fut sorti de ses pensés par un sac en papier se posant juste devant lui. "Ladurée" y était inscrit. Quand il leva la tête, Damien se tenait devant sa table, les bras croisés. Thomas se redressa, curieux il inspecta l'extérieur du sac puis pencha la tête, et observa Damien. Il pouvait se voir dans ses lunettes de soleil, sa cravate était desserrée, comme d'habitude, et il semblait plus mal à l'aise qu'à l'accoutumé. Ses joues étaient légèrement rougies et sa respiration saccadée. Etait-il gêné ou avait-il couru pour venir jusqu'ici ? Il pencha plutôt pour la deuxième option.
Le plus petit désigna le sac du doigt avant de prendre la parole. 

"Pourquoi ce sac ?
-Pour toi."

Thomas arqua un sourcil, intrigué par cet élan de gentillesse, bien qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'être méfiant.

"En quel honneur ?
-Pour m'excuser par rapport à hier. J'ai bien vu que je t'avais vexé. Je voulais te taquiner mais je suis allé trop loin."

Il prétendait vouloir s'excuser mais n'avait pas prononcé les mots tant attendus par Thomas. D'ailleurs ce dernier fut surpris de voir que Damien était capable d'un tel exploit. Cette fois, il menait la danse. Le bouclé lui adressa un sourire poli avant de croiser les bras, lui aussi.

"Il ne me semble pas avoir entendu d'excuses pourtant."

Damien retira ses lunettes d'un geste brusque et se pencha vers lui. Il plaqua ses mains de part et d'autre de la table et s'avança à quelques centimètres du visage du bouclé. Ils étaient si proches que Thomas pouvait sentir son parfum. Il se surprit à penser qu'il dégageait une odeur de musc plutôt agréable. Il plongea son regard dans les yeux azurs de son camarade, l'air sûr de lui.

Rano Pano [Terraink]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant