Chapitre 2

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"La première fois que je l'ai vu ? Je ne m'en souviens pas très bien. Je crois que Thomas l'avait invité à diner un soir, ses parents étaient absents. Il sait que je ne suis pas du genre à raconter. Vous savez, ce petit, je l'ai toujours aimé comme mon fils. Je peux vous assurer que tout le personnel de cette maison l'adore. Je ne comprend pas pourquoi il restait avec ce garçon. Ils avaient l'air si différents, tous les deux. Vous savez, Thomas n'est pas du genre à créer des problèmes alors que ce garçon là, il en traîne des casseroles... Mais je n'ai jamais rien dit. Vous savez, je ne suis que le cuisinier. Je n'ai rien à dire sur ses fréquentations. Je sais qu'il est revenu plusieurs fois, mais il ne dinait presque jamais dans la salle. Ce que je sais, c'est que les deux garçons se faisaient livrer des pizzas et qu'ils mangeaient à l'étage. Moi, ça ne me dérangeait pas. Mais Meredith était inquiète. Je ne sais pas ce qu'elle vous a raconté mais je vous garantie qu'elle m'a fait part de ses inquiétudes plus d'une fois. On se parle beaucoup ici. Elle avait peur que Damien l'embarque dans ses conneries, ce que je conçois. Mais du peu que j'ai vu, Thomas avait l'air bien avec ce garçon. Alors pourquoi pas ? Après tout, si ils étaient amis c'est qu'il y avait une raison."



Il était clair qu'il était temps pour lui de s'en aller au moment ou tous les regards s'étaient braqués vers eux. Visiblement son "amie" avait prit le temps de se resservir plusieurs fois au bar et cela lui avait joué des tours. Ne tenant plus très bien sur ses escarpins rouges vernis, elle avait perdu l'équilibre et n'avait rien trouvé de mieux a faire que de se rattraper sur la pyramide de vin. 
Lorsqu'ils étaient sortis de la demeure, laissant le personnel éponger à leur place, il les avaient gentiment renvoyées chez elles avec sa limousine alors que lui avait décidé de rentrer à pieds. La poisse le suivait jusqu'au bout, il avait commencé à pleuvoir au moment où il avait mit le nez dehors. Il était ainsi rentré trempé chez lui.

Lorsqu'il passa la porte, les cheveux dégoulinants et son costume poisseux et collant, son majordome accourut vers lui.

"Mon dieu, Damien vous êtes trempés ! Je vais aller chercher de quoi vous sécher.
-Non, ça va. Merci."

Il lui avait répondu d'un ton sec accompagné d'un geste de la main lui demandant de le laisser tranquille. Etant habitué aux changements d'humeur de Damien, le majordome tourna les talons, lui laissant de l'espace. Le grand ne resta pas longtemps dans le hall. Il grimpa rapidement les marches pour regagner sa chambre. Il ferma cette dernière à clef afin de ne pas être dérangé. Son paternel ne tarderait sûrement pas à être mis au courant de ce qu'il s'était passé lors du gala. Il le paierait cher, comme à chaque fois. Chaque trait de son caractère faisait l'objet de remontrance, qu'il se tienne bien ou non. Il avait arrêté les faux semblants depuis longtemps. Il était riche, il profitait de la vie comme tous devraient le faire. 
Il se dirigea vers sa salle de bain,  n'ayant qu'une envie :  se débarrasser de ce costume poisseux qui sentait l'alcool à plein nez. Sa douche fut rapide. Il s'avança vers sa fenêtre. Il voyait les lampadaires s'étendre à perte de vue, et de l'autre côté, l'océan. Le reflet de la lune éclairant la mer de sa douce lumière le fit sourire. A cette hauteur, il ne pouvait s'empêcher d'avoir le vertige devant l'immensité du monde qui s'offrait à ses yeux. Mais cette altitude lui rappela autre chose.
Il revoyait encore Thomas au assit sur le rebord du toit, les pieds dans le vide. Il se rappela encore la mélancolie gravée sur son visage. Il ne l'avait vu que de profil mais il connaissait ce sentiment par cœur. Sans réfléchir, il avait accouru pour lui porter secours. Même si Thomas affirmait qu'il n'allait pas sauter, Damien était persuadé qu'il l'avait envisagé au moins une fois. Sinon pourquoi prendre de tels risques ? Quelque chose avait l'air de le tracasser, mais Damien avait lui aussi ses problèmes. Et puis Thomas ne se tournerait jamais vers lui pour se confier, c'était sûr. 
Il soupira puis s'assit sur un fauteuil, le regard tourné vers la mer. Est-ce que ce geste rendrait leur relation encore plus compliquée qu'avant ? Peut-être mais il ne regrettait rien. Il n'aurait pas pu simplement tourner les talons et sortir en faisant semblant de n'avoir rien vu. 









Rano Pano [Terraink]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant