Chapitre 6

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- Arthur -

Il est plus qu'évident que j'aime Charles : je veux dire, c'est mon grand frère et puis c'est lui qui m'a transmis sa passion pour l'automobile, ainsi que le rêve de devenir un jour pilote de Formule 1. Jules et papa ont aussi indirectement contribué à cette passion partagée, puisque c'est d'eux que Charles s'est inspiré pour trouver sa voie.

J'avais quatorze ans quand Jules est parti, et mon plus grand regret a bien sûr été de ne pas m'être rapproché de lui bien plus que ce que je ne l'ai fait. Charles en revanche, avait tissé un lien très puissant avec son parrain, et son décès a été une expérience plus que compliquée à surmonter pour lui, je le sais et je l'ai ressenti dans le changement de comportement de mon frère, et ce par le fait que nous sommes très fusionnels avec mes frères, puisque notre famille manque également d'une figure paternelle depuis plus de six ans maintenant.

Mais malgré tout l'attachement que j'ai pour lui, autant que pour Lorenzo évidemment, j'ai vingt-trois ans, et j'ai besoin de bouger, d'air frais, de me détacher du cocon familial. Et puis je ne pars pas non plus à l'autre bout du monde, il n'y a que six heures de route entre Monaco et Venise... Cependant je sais aussi que ce n'est pas Charles qui sera le plus affecté par mon départ, mais notre mère.

Maman s'est toujours beaucoup trop inquiétée pour ses fils, encore plus à cause du fait que notre métier est dangereux, mais elle sait qu'elle ne pourra jamais nous enlever notre passion, et malgré cette peur constante qui l'habite, elle nous encourage à poursuivre nos rêves, c'est pour ça que c'est la meilleure maman du monde.

Quand Charles ou moi rentrons à Monaco, il ne se passe pas une seconde sans que notre mère nous couve littéralement pendant tout notre séjour, et nous fasse lui promettre qu'il ne nous arrivera rien lors de nos prochaines courses. Ces moments à la maison sont nécessaires autant pour elle que pour nous, parce que notre proximité avec elle n'a jamais cessé d'évoluer dans le bon sens.

Alors forcément, quand elle a appris que je voulais partir dans un autre pays, quittant par la même occasion l'appartement que je partage avec Charles, ça a été un choc, ce qui doit très certainement expliquer le fait qu'elle est en train de me serrer dans ses bras comme si sa vie en dépendait.

« Maman doucement tu m'écrases, je lui lance en rigolant. Je reviens à Monaco dans deux semaines pour venir chercher le reste de mes affaires, ça ne sera pas long je te le promets. »

Même si j'essaie d'être le plus doux possible avec elle, et de la faire rire comme je le peux, je ne peux pas m'empêcher d'avoir un gros pincement au cœur quand je vois que ses yeux sont mouillés par de petites larmes.

« Promets-moi de m'appeler régulièrement et de tout me raconter.

- Oui maman.

- Promets-moi de prendre soin de toi et de ceux qui t'accompagneront.

- Oui maman.

- Promets-moi de ne pas te bloquer à cause de ton histoire avec Carla, et que si une jolie et gentille demoiselle vient à toi, tu ne la refuseras pas dans ta vie.

- Oui maman. Attends quoi ? »

Ma remarque nous fait rire tous les deux, il est vrai que je devrais vraiment écouter ce qu'elle me dit parfois.

« Maman... Tu sais que je ne veux personne en ce moment. Je suis à un tournant plus que décisif de ma carrière, alors je préfère me concentrer sur ça. Mais oui, si ça peut te rassurer, si je tombe amoureux, je laisserai peut-être une chance à ma vie sentimentale.

- Parfait, je suis fière de toi mon grand.

- Merci maman... »

Vu que les gestes ont toujours mieux marché que les mots dans notre famille, ma mère sait aussi bien que moi que cette dernière étreinte que nous nous autorisons veut en dire gros, et que même si des centaines de kilomètres nous séparent, cet amour mère-fils sera toujours aussi fort.

ContretempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant