Le bureau des suicides

Chapitre 7

Samir conduisit Iris jusqu'à un immeuble un peu caché au fond du quartier. Il ouvrit la porte et laissa entrer Iris. Une lumière vacillante s'alluma sur leur passage. Les deux adolescents montèrent jusqu'au troisième étage par les escaliers, l'ascenseur était en panne. Samir se dirigea jusqu'au bout du couloir et ouvrit la porte d'un petit appartement. Il était meublé de manière très sobre avec une simple table à manger, une petite cuisine, un canapé et une vieille télévision. Il y avait un petit couloir avec plusieurs portes, sûrement pour les chambres. 

- Tu es sûr que je ne dérangerai pas tes parents? demanda Iris d'une petite voix. 

- Non, c'est certainement ceux que tu dérangeras le moins ici, répondit-il d'une voix amère. 

- Pardon, je ne voulais pas être indiscrète. 

- Tu ne l'es pas. Mais ils n'habitent pas ici donc tu ne les dérangeras pas. 

- Tu vis seul? 

- Non. 

- Alors pourquoi tu as arrêté tes études pour travailler? Oh, pardon, s'empressa de dire Iris en plaquant ses mains sur sa bouche. On se connaît à peine et je pose trop de questions je crois. 

Samir la regarda avec un air amusé alors qu'elle rougissait. 

- Ce n'est pas grave, Iris. Tu es chez moi alors que je n'ai que 17 ans, c'est normal que tu te poses des questions. 

- Non, c'est assez impoli de ma part je trouve. 

Samir secoua la tête. 

- Yanis, tu peux venir? Je dois te présenté quelqu'un. 

Il avait parlé en se tournant vers le couloir. Une porte s'ouvrit pour laisser apparaître un jeune homme dans un fauteuil roulant. Il devait avoir une vingtaine d'années et ressemblait beaucoup à Samir. C'était probablement son frère, qui avait l'air triste et fatigué. 

- Yanis, voici Iris, une fille du centre, expliqua Samir en regardant le jeune homme. Iris, je te présente Yanis, mon frère. 

- Bonjour, répondit Iris d'une petite voix. 

- Pourquoi tu l'as amenée? demanda Yanis d'une voix pour le moins froide. 

- Evan, répondit Samir.

Cette réponse devait avoir satisfait Yanis car il ne posa pas plus de questions et retourna dans sa chambre. 

- Excuse-le, il n'aime pas vraiment voir des gens, expliqua Samir. 

- Ça ne doit pas être facile tous les jours avec sa condition. Surtout avec un ascenseur en panne. 

- En effet. Je reviens, je vais faire un truc à manger. Mais ne t'attends pas à de la grande gastronomie. 

- C'est déjà gentil de m'accueillir chez toi alors même des pâtes, ça me va. 

Avec un sourire qui semblait exprimer de la reconnaissance, Samir s'éloigna, laissant Iris seule dans la pièce principale. En regardant autour d'elle, Iris aperçut une étagère en face d'elle, juste en dessous de la télé. Dessus, il y avait une jarre avec des pièces dedans, un cadre photo avec Samir et son frère et un livre. Elle n'y fit pas plus attention et se dirigea vers la cuisine pour savoir si Samir avait besoin d'aide. Il lui répondit simplement de poser les assiettes et les couverts sur la table, ce qu'elle fit sans broncher. Elle s'assit ensuite dans le canapé et elle se rendit compte que finalement, ce garçon avec une réputation d'asocial avait peut-être un grand cœur. Elle n'en doutait pas vraiment mais on ne pouvait pas dire qu'il lui avait fait une très bonne impression quand elle était arrivée.