Lorelai Meyer
— Et ton job alors, il te plaît ?
Je suis allongée sur le canapé d'Ash, la tête posée sur ses cuisses. Il a un joint au coin des lèvres, et la fumée qu'il souffle dans ma direction me pique les yeux et me monte à la tête. Je grimace en agitant la main devant mon visage.
Il éclate d'un petit rire moqueur.
Je me redresse un peu, réajuste ma position, le regard perdu dans le vide.
— J'ai à peine commencé... Mais pour l'instant, c'est plutôt... pas mal ?
Ash m'observe du coin de l'œil, les sourcils froncés.
— Tu tentes de convaincre qui là ? Toi ou moi, gamine ?
Je lui lance un regard noir.
— Non vraiment, j'ai bien aimé. Ce n'était pas si mal.
Et le pire, c'est que je ne mens même pas. J'ai vraiment apprécié cette première journée.
— Mouais...
Il n'a pas l'air convaincu.
— Et c'est bien payé !
Dis-je en lui donnant un léger coup dans le bras.
Il laisse échapper un nouveau rire.
— En même temps, tu te sers de mon client comme si c'était un Uber. Ce n'est pas le prix du trajet qui va te ruiner.
Je fais une moue embarrassée. Il n'a pas tort, ce con.
— Pas faux...
Je jette un œil à l'heure sur mon téléphone. Il est temps que je rentre. Je me lève, m'étire, sous le regard amusé d'Ash.
— Je file.
— Incroyable. Tu deviens raisonnable ?
Je ramasse mon sac.
— Je suis pleine de surprises.
Je ponctue ma phrase d'un clin d'œil.
— Ouais, c'est ça, Beyoncé. Rentre bien. Et fais pas de détour.
— Promis, papa. Je vais droit à la maison.
Je l'entends souffler dans son dos un « t'es drôle toi... ». J'ignore si je dois être soulagée qu'il y ait du vent. J'ai froid et mes cheveux s'emmêlent, mais j'espère que ça dissipera l'odeur entêtante de beuh.
Ça sent fort, putain.
Jusqu'ici, j'ai toujours réussi à planquer ça à mes parents. Ça doit continuer comme ça. Sinon, ils auront une raison de plus de me rappeler à quel point je les déçois.
Surtout que je ne fume même pas, je viens juste voir Ash.
Je sors ma brume « Victoria's Secret » et m'asperge. Ash avait raison : la nuit tombe vite. Je me dépêche. J'ai déjà traversé le pire coin, alors ne stresse pas Lorelai ...
Enfin, si, un peu. Je suis assez parano comme fille...
Les lampadaires s'allument, mes pas résonnent contre le bitume, rythmés par le frottement régulier de mes New Balance et de mon jean qui traines par terre.
Et puis, une sensation étrange me serre la poitrine.
Je m'arrête.
Immobile.

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SEVEN
RomansaLorelai Meyer n'est pas celle que l'on croit, elle se cache derrière la façade d'une fille froide et distance pour se protéger d'elle-même. Derrière son regard de glace et son silence se dissimule un chaos intérieur qu'elle peine à maîtriser. Elle a...