-глава-11

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[Nikolaï]

Salle de cours, lycée Yokohoma, 08:35 ;

Je n'écoutais que partiellement le long monologue de la professeur d'anglais. Mon attention était davantage portée sur mon ami assis à côté, Fyodor Dostoyevsky. Il rayonne de beauté et de majesté, à l'image de son nom. Les paroles de Kuyo résonnent constamment en moi depuis ce jour-là.

« C'est toi qu'il aime, idiot ! »

Et puis, comment le sait-elle ?

Je le fixe intensément en plissant les yeux, submergé par mes propres interrogations qui résonnent dans ma tête. Soudain, il tourne la tête vers moi et je réalise trop tard qu'il me regarde d'un air interrogatif en arquant un sourcil.

Quand je réalise cela, je sursaute en entendant mon prénom prononcé d'une manière particulière par la professeur. Bien évidemment, c'est à ce moment-là qu'elle décide de m'interroger. Je lui adresse un petit sourire innocent et commence à balbutier quelques mots incompréhensibles en anglais. La professeur affiche rapidement un air blasé devant mes réponses, ce qui me décourage davantage dans ma tentative maladroite.

Elle me stoppe immédiatement pour me faire une autre remarque sur le fait que je devrais assister plus régulièrement au cours, ce qui ne me satisfait pas vraiment. En signe de frustration, je soupire exagérément et détourne la tête.

Je ressens son regard stupéfait posé sur moi tandis qu'elle esquisse un sourire en coin désapprobateur, ce qui n'est guère encourageant pour moi.

— Nikolaï, votre langage paraverbale, s'il vous plaît, dit-elle d'un ton catégorique.
— Mm, murmurai-je, me moquant complètement de ce qu'elle me reproche.
— Me regarder est optionnel lorsque je parle, jeune homme ? Demanda-t-elle en s'approchant dangereusement de moi.

Je refuse de lever les yeux vers la professeur, alors qu'elle frappe sa main sur ma table avec un regard en colère.

— Dehors ! Étant donné que vous ne me considérez même pas comme une personne, votre comportement est inacceptable, s'écria-t-elle sous mon regard moqueur.

Sans hésiter, je saisis mes affaires et mon sac afin de quitter la salle, observé par les autres élèves avec un mélange d'approbation et d'amusement.

Jardin du lycée, 12:59 ;

Je suis assis sur un banc dans un coin du petit jardin, penché en avant avec les coudes posés sur mes cuisses, donnant probablement l'impression d'un enfant puni.

— Tu ne viens pas manger ? Une voix angélique résonne, appartenant à une personne que je connais très bien.

Il s'assoit à côté de moi, croise ses jambes et me fixe intensément, ce qui me pousse à lui adresser un regard désabusé.

— Qu'est-ce qu'il te prend de te comporter comme ceci avec cette professeur aussi, me reprocha-t-il d'un ton ennuyé.
— Cette prof' est naze, dis-je sans hésiter. Ses manies m'agacent au plus haut point.

Le rire de Fyodor me fait plaisir et me met de bonne humeur. Je suis prêt à répéter cette bêtise à l'infini juste pour écouter son ricanement, au final.

Je le fixe avec un sourire rusé et je me redresse en croisant mes bras derrière ma tête.

— Est-ce que tu voudrais venir te promener avec moi après les cours ? Demandai-je en lui lançant un regard suppliant.
— Où est-ce que vous désirez vous promener, monsieur ? Demanda-t-il en retour avec un léger sourire complice.
— N'importe. Où tu voudras, répondis-je en lui rendant son sourire.
— Hm, murmura-t-il en acceptant ma demande.

Je baisse les yeux vers ma main, posée finalement sur le banc à côté de la sienne. En détournant la tête, je l'approche discrètement et touche enfin son petit doigt avec le mien, ce qui me fait sourire bêtement.

Face à mes bêtises, il ne réagit pas mais sourit seulement en soupirant et secouant la tête par exaspération.

— Espèce de gamin, marmonna-t-il en lâchant un sourire moqueur.
— Ton petit gamin préféré ! M'écriai-je avec un large sourire.

Rue commerciale de Yokohama, 18:56 ;

Fyodor et moi nous promenons calmement dans une rue commerçante près du lycée. En fait, je lui ai donné le choix de l'endroit pour découvrir ce qui l'intéressait pendant mon absence.

De temps en temps, je le regarde du coin de l'œil tout en marchant les mains dans les poches, le mimant également. Un sourire se dessine sur mon visage et mes joues rougissent en le voyant sourire encore plus face aux décors magnifiques qui nous entourent.

Le fait que ma joie dépende d'une seule personne me trouble profondément. Chacune de ses actions, de ses gestes, de ses paroles me touche intensément.

Une voix à l'intérieur de ma tête me met en garde contre la dépendance affective, mais je n'y prête aucune attention. Fyodor est mon idole et je lui serai fidèle jusqu'à la fin de mes jours.

Je scrute avec curiosité tout ce qui m'entoure. Des stands de jeux et de nourriture sont éparpillés dans tous les sens. L'ambiance est festive, avec des familles et des couples main dans la main.

Je jette un coup d'œil au bras de Fyodor qui se balance d'avant en arrière et observe sa main. Sa magnifique main de teinte pâle. Ses longs et fins doigts que je visualise innocemment entre les miens.
Je soupire profondément. Tout ceci m'apparaît soudain comme un rêve lointain. Cependant, Dostoyevsky, retiens ceci : je ne renoncerai pas.

Soudain, une idée brillante me vient à l'esprit en voyant le panneau de la passe tête photographique. On y prend des photos en insérant nos têtes dans les trous prévus à cet effet, pour se 'déguiser' en différents personnages et capturer le moment. C'était exactement ce que je cherchais. L'image montrait un clown avec une jeune fille, légèrement plus petite, à ses côtés.
– Regarde Dostoy, faut que l'on fasse ça ! Criai-je de joie en pointant mon doigt vers l'homme avec son appareil photo dans les mains en face du panneau en question.

Avant même qu'il puisse dire quelque chose, je saisis soudainement sa main et le conduis vers le stand. En le cachant derrière le panneau, je ris bêtement en voyant sa réaction sceptique devant ce panneau.

– Qu'est-ce que l'on fait ? Demanda-t-il en croisant ses bras contre son torse.
– Prendre une photo rigolote ensemble ! Répondis-je avec amusement.

J'entends son soupir alors qu'il observe attentivement son environnement.
– Allons-y, souffla-t-il d'une voix moins enchantée.

Nous glissons nos têtes simultanément dans les trous et je souris largement d'une manière niaise tandis qu'il esquisse un sourire moqueur en voyant ma tête.

Ruelle sombre de Yokohama, 21:27 ;

Après plusieurs heures, nous quittons l'ambiance festive. Un large sourire illumine mon visage alors que je remarque l'obscurité intense qui nous entoure. Fyodor marche légèrement devant moi, ce qui me permet de l'examiner avec amusement. Je me dépêche de le rattraper et le fixe intensément avant de lui poser ma question de manière dramatique :

— Dostoy, tu ne veux pas me tenir la main ? Je préfère quand il fait moins sombre, mais si tu ne veux pas, je comprends.., dis-je feignant d'avoir peur.

Il se tourne vers moi en affichant un air qui semble dire « Tu es vraiment sérieux ? ». Je hoche doucement la tête, avec une expression enfantine voulant tenir sa main par peur du noir.

Il soupire avec exaspération et retire sa main de sa poche pour me la tendre timidement. Je le regarde triomphalement en entrelaçant doucement nos mains, ressentant des papillons dans le ventre.

Je jette un coup d'œil furtif, me mordant la lèvre inférieure, hésitant à agir selon mes pensées. Finalement, je rassemble mon courage et me penche vers son oreille pour lui chuchoter sincèrement :

— Merci..

Avant qu'il ne puisse se retourner, j'en profite pour déposer un baiser chaste et affectueux sur sa joue. Il me regarde enfin avec de grands yeux, et je ris en me grattant l'arrière de la nuque.

— Désolé, c'était plus fort que moi.., murmurai-je naïvement.

Kalopsìa || FYOLAÏOù les histoires vivent. Découvrez maintenant