Chapitre 5 partie 1 : Elik

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Nous arrivons à l'endroit que j'appelle mon repère, une maison qui appartenait autrefois à ma famille, mais qui demeure inoccupée depuis plus d’une trentaine d'années. Maintenant, les Mahar et les Arah de la Capitale avec lesquels ils s’unissent,  habitent tous au Château, car telle est la volonté des Archanges. Entretenue la journée par des domestiques comme le souhaite mon père, j'ai découvert son existence à mon adolescence et y ai trouvé un havre de paix.

Au Château, nous n'avons pas vraiment de moment pour nous, nous vivons tous ensemble, tout le temps, du soir au matin et du matin au soir. Alors, quand je me sens d'humeur solitaire, ce qui arrive assez souvent à vrai dire, je viens me ressourcer entre ces murs silencieux qui ont appartenu à mes ancêtres, la partie qui n'était pas Mahar. J'y passe du temps seul, à lire, à me reposer, dans cette bâtisse pittoresque, excentrée du cœur de Tsefira, là où personne ne viendra jamais me déranger.

Je sors une clé de mon pantalon, sous l’armure, et je pénètre dans la demeure de pierre et de bois. Je suis immédiatement envahi par l'odeur de nature et de papier qui en émane et je sens mon esprit s'apaiser. Ce lieu ressemble à une gigantesque bibliothèque, où les livres règnent en maître sur les murs et les tables. Les petites fenêtres laissent très peu filtrer l’extérieur, mais donnent une ambiance intime et chaleureuse.

Je m'applique alors à allumer les chandeliers pour gagner cet environnement chaleureux que j’affectionne et qui est propre à ce lieu. Je suis tiré de mes pensées par la garde du corps de la princesse Immoran, dont j'avais presque oublié jusqu'à leurs présences :

Est-ce ici que se trouve le moyen de rentrer chez nous ? demande-t-elle et je me rappelle alors que je ne leur ai pas expliqué mon plan.
Non, pas vraiment.
Comment ça ? s'inquiète-t-elle et je la vois inconsciemment porter la main à son énorme masse en métal qui dépasse de son sac de voyage.

Je pousse un soupir, j'aurais dû confisquer leurs armes et éviter le risque d'être attaqué à tout moment. Je ne suis pas d'humeur. Mon esprit est trop bouleversé par cette rencontre. J'aurais voulu ne pas les croiser. Je jette un regard à l'objet de mes tourments, la princesse, toujours aussi attirante avec cet air rebelle, malheureusement pour moi. Je fais n'importe quoi quand je suis en sa présence et je n’arrive pas à comprendre pourquoi. J’étais déterminé à en finir tout à l’heure, pourtant je n’ai pas pu m’y résoudre. Quand je l’ai imaginée morte, l’idée m’a rebuté et m’a paru insupportable.

Je tente de me dire qu’en la renvoyant chez elle, je prends la bonne décision envers ma foi, car elle ne sera plus un élément perturbateur qui se balade dans les rues de Tsefira. Mais je n’arrive pas à me convaincre. Quand elle sera partie, tout redeviendra comme avant, et je m’en porterai pour le mieux, que les Archanges en soit garant.

Nous allons passer la nuit ici, dans l’ancienne demeure de mon père. Ce dont j'ai besoin pour vous renvoyer chez vous se trouve à l’annexe du Château, où je ne reprends la surveillance que demain à l'aube, j'explique brièvement.
Comment pouvons-nous être sûres qu’il ne s’agit pas d’un stratagème pour nous incarcérer ? demande la princesse aux cheveux noir corbeau en inspectant la pièce du regard, à la recherche de la moindre chose suspecte.

Je vois mieux ses traits avec les bougies et cela me trouble.

Je ne me serais pas encombré de toute cette mise en scène si cela avait été le cas, mais en effet, vous n'avez pas de manière sûre de savoir que je dis la vérité. Sur ce, il se fait tard et j'aimerais pouvoir me reposer avant de prendre mon tour au petit matin. Je vais dormir ici sur le canapé, vous avez une chambre pour vous si vous le souhaitez à l'étage et vous trouverez dans la salle de bain de quoi panser vos plaies. Ne tentez rien de stupide, je ne dors jamais que d'un œil.

Les Héritiers de la Guerre T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant