Chapitre 4

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-Agaaashe, Haru m'a invité à sa fête d'anniversaire, tu veux venir avec moi ? Je suis sûre qu'il sera d'accord si je lui demande.

-Bokuto laisse le, tu sais que tu peux aller quelque part sans lui pour une fois, ça ne va pas te tuer ni lui ni toi, cria Komi qui était à quelques mètres devant eux avec le reste de l'équipe.

Ce n'était qu'une question. Il le savait. Ce n'était qu'une question sans sous-entendu. Une question comme on se pose entre amis, parce qu'on a envie de passer du temps avec eux. Une question innocente. Une question comme une autre.

Il n'avait aucune raison de paniquer.

Alors pourquoi Akaashi sentit son cœur chanceler et un goût horrible lui monter à la gorge.

Une soirée.

Une soirée avec l'équipe.

Avec Bokuto.

Avec de l'alcool.

Ce n'est pas comme s'il avait arrêté. Il se l'était promis pourtant, s'il voulait rester à côté de Bokuto, il devait changer, devenir une bonne personne. Pouvoir être à la hauteur. Pour lui.

Arrêter tout ça, ses conneries, l'alcool dans son verre. Il l'avait promis et il pouvait jurer qu'il avait essayé de s'y tenir, de toutes ses forces. Ce n'est pas sa faute, si Oikawa continuait de l'appeler comme si de rien n'était. Pas sa faute à lui si ses yeux ne se fermaient pas durant les longues heures qui peuplaient la nuit, si sa maison était vide, si personne ne l'attendait le soir. Pas sa faute si dès qu'il se retrouvait seul, il se rendait compte que si tout s'arrêtait là maintenant d'un coup, ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Alors, oui, il avait craqué quelques fois, juste une ou deux. Par mois. Ce n'était pas beaucoup non ? Si ? Mais il en avait besoin, de ce bruit, de ce goût, de cette sensation qui éteignait les bruits dans sa tête. Il n'arrivait pas à se défaire de ces moments où il avait l'impression que plus rien ne comptait, où tout lui paraissait possible, bien moins compliqué. Où il n'était pas lui, où il n'avait pas besoin d'être lui, où personne n'attendait qu'il soit lui. Après tout, personne ne le connaissait, il ne blessait personne, pas vrai ? Ça n'avait rien de mal ? Et puis, il allait toujours plus loin, dans des anciens endroits, loin d'ici, très loin. Où il n'était qu'un inconnu, un parmi les autres. Personne ne saurait.

Et si, ils l'apprenaient ? Si son équipe qui le considérait comme l'un des leurs l'apprenait. Eux, qui l'avaient accueilli dès le premier jour, qui lui lançait des blagues sur son manque de tact, et qui l'accompagnait jusque chez lui le soir. S'ils le savaient ?

Akaashi croisa le regard de Bokuto et il eut envie de vomir.

Il ne devait pas savoir. Jamais. Pas lui. Tout sauf lui. Bokuto ne devait jamais être mêlé à ça. S'il le voyait, s'il savait à quel point il perdait le contrôle, à quel point il pouvait être sale, à quel point il était horrible quand il se laissait être lui

Bokuto serait incapable de...

Mais c'était encore pire. Il ne le méritait pas, ni lui, ni sa bonté, il ne méritait pas ses mensonges et sa présence qui le tirerait vers le bas un jour. Il allait le blesser, comme il brisait toujours tout, comme il l'avait déjà fait. Pourquoi tous ceux qui l'approchait finissait par regretter de le connaître. Peut-être qu'il n'aurait pas dû venir dans cette école finalement, sa mère avait raison, il aurait dû rester avec elle. Il n'aurait commis aucun dégât. Elle était habituée, elle savait, elle ne s'attendait à rien. Pourquoi il y avait tant d'espoir dans les yeux de Bokuto. Il n'avait pas sa place ici. Il ne devait pas le regarder ainsi. Il ne savait pas ce qu'il était capable de faire, ce qu'il pensait vraiment de lui. Il ne savait pas que son cœur battait plus vite quand il était avec lui. Qu'est-ce qu'il en penserait, s'il lisait ses pensées ? Et tous ces "si" se bloquèrent au fond de sa gorge. Bokuto était une personne exceptionnelle, son cœur était bon, il le savait. Il le savait parce que depuis qu'il l'avait rencontré, il avait commencé à ne plus angoisser le matin, avant la sonnerie de son réveil. Et sa vie souriait quand il l'attendait à la sortie de ses cours malgré leurs années de différence. Quand il regardait dans leurs emplois du temps, le moindre de leur temps libre pour le passer ensemble. Quand il partait courir le matin, sous le froid et le vent, et que Bokuto revenait en arrière pour le rattraper pour être sûr de rester à côté de lui. Et c'était idiot, mais ça le tuait un peu plus chaque jour d'entendre son nom prononcer de cette voix qui lui donnait l'impression qu'il avait de l'importance. De sentir ses bras s'enroulait autour de lui comme s'il contenait le monde et qui criait son prénom pour l'ériger en héros avec lui. Son regard plein d'espoir qui cherchait celui d'Akaashi parmi tous les autres après chacune de ses actions qui lui hurlait de le regarder, de le regarder encore, de le regarder toujours.

A tous les garçons que j'ai embrassé (Bokuaka)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant