Chapitre 8

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- Tu fais quelque chose ce soir ?

- Oula, je vous arrête tout de suite, je n'ai absolument pas prévu de me faire draguer par des vieux de 50 ans ce soir. Je suis beaucoup trop bien pour vous et en plus de ça, je suis mineur donc la loi elle-même vous interdit de m'approcher.

Oikawa soupira, il n'avait vraiment pas besoin de ça, là maintenant tout de suite. C'était trop demandé de le laisser tranquille ? C'est pour ça qu'il ne se promenait jamais seul le soir, mais bon, il venait de se faire lâcher pitoyablement par celui qui devait l'accompagner donc il n'aurait pas pu prédire cette situation. Le pire dans tout ça, c'est qu'en pleurant, il avait dû effacer son maquillage. Il devait avoir l'air d'un clown maintenant, dans sa tenue d'argent. Un clown. C'était tout ce qu'il était.

- C'est bon, on rigole, mec fait pas genre que tu te respectes, regarde comment t'es habillé.

Oikawa essaya de les contourner, mais les deux hommes lui barrèrent le passage.

C'était probablement le début du problème et il n'avait aucune idée de comment se sortir de cette situation. Ça lui rappellerait presque de bons souvenirs. Depuis quand il n'avait pas vécu ça déjà ? Le collège ?

Non, il rigolait, il se faisait insulter dès qu'il mettait un pied dehors.

- Beh alors tu trembles, ne me dit pas qu'on te fait peur, on peut être tout gentil avec toi si tu veux. Tout dépend de toi.

Oikawa détestait son corps. Il avait beau tout faire pour faire semblant qu'il tenait la face, il ne pouvait pas empêcher certaines sensations de resurgir. Et alors qu'il aurait voulu leur tenir tête, il sentit ses jambes se figer, l'empêchant de faire le moindre geste. Qu'il le voulait ou non, il était terrifié.

C'était idiot, il avait grandi depuis, il n'était plus le même, il n'était plus le Oikawa Tooru qui longeait les couloirs pour que personne ne le remarque, qui se recroquevillait dans l'espace par peur de croiser un groupe de troisième.

Mais il avait beau tout faire, pour changer, pour oublier, pour tourner la page, peut-être qu'il était resté coincé dans cette année de quatrième, au milieu des insultes et des regards.

Il y avait des souvenirs plus difficiles à enfouir que d'autres, Oikawa était fort pour jouer la comédie, son corps, un peu moins.

Le corps avait toujours plus de mal à oublier.

C'était idiot la vie parfois, un jour vous embrasser un garçon derrière un bâtiment en oubliant de vous cacher et pour le reste de votre vie vous devenez incapable de faire face à des hommes plus agés sans trembler.

Foutue ironie.

- Vous n'avez pas entendu ? Il vous a dit de dégager.

Iwa-chan. Oikawa sourit. Le brun lui montra l'écran de téléphone où était affiché sa position GPS qu'il lui avait envoyé par message. Les deux hommes, qui n'avaient apparemment pas envie d'avoir des problèmes en voyant la carrure du nouvel arrivant, partirent en maugréant.

Iwazami lui tendit la main.

- T'en as mis du temps, j'ai cru que t'arriverais jamais.

- J'ai fait au plus vite.

C'était toujours ainsi, avec Iwa-chan. Oikawa se mettait toujours dans des situations compliquées et il était toujours là pour le sortir d'affaires. Dès leurs plus jeunes âges d'ailleurs, Tooru avait l'habitude de se disputer avec les enfants de la crèche et Iwaizumi le défendait bec et ongles. Il n'était jamais d'accord sur rien mais dès qu'il était en difficulté, il savait qu'il pouvait compter sur lui.

A tous les garçons que j'ai embrassé (Bokuaka)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant