Chapitre 7

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Je ne m'attendais pas à atterrir devant une maisonnette si commune après que le frère d'Eric m'ait enlevé son bandeau.

J'ai été aveuglé par celui-ci pendant de longues minutes, ne sachant pas où le grand brun allait m'emmener. J'ai été totalement inconsciente de suivre cet inconnu sur sa bécane en ayant les yeux bandés. Il aurait pu m'arriver n'importe quoi mais mon envie de revoir Eric était bien trop forte. Le frère de celui-ci pestait à chaque fois que j'hurlais quand il passait un virage trop sec, serrant assez fortement sa taille de mes bras. D'un autre côté, j'ai honte de m'avouer avoir aimer les sensations fortes que procurent la moto aveuglée. Le sens de la vue enlevé, les autres sensations sont alors décuplées.

- Ne me dis pas que vous vivez tous ici ? demandé-je étonnée, debout face au petit bâtiment.

- Bah quoi ? ricane le frère d'Eric en rangeant le casque qu'il m'a prêté. Tu croyais qu'on vivait sous un pont ?

- Oui ! affirmé-je en me retournant vers le grand brun. Vous avez la peau... sale, comme vos vêtements et vos ventres trahissent votre faim.

Mon constat efface le sourire du frère d'Eric. Il me dépasse et s'arrête devant la porte d'entrée de la maisonnette pour me faire face de nouveau.

- Notre situation est plus compliquée que tu ne penses. Nous nous sacrifions quotidiennement pour espérer avoir un toit au dessus de notre tête, c'est le minimum pour nous. Il est trop dangereux pour notre gang de vivre dehors. Nous sommes l'ennemi de beaucoup, que ce soit pour les autres gangs ou même les flics.

Je le sais. Bon nombres d'articles parlent de vos relations conflictuelles avec la police de Los Angeles.

- Mais comment faîtes-vous pour vivre ici mais ne pas réussir à manger ou à vous doucher ?

Le frère d'Eric souffle et passe la main dans ses cheveux bruns avant de me répondre.

- Nous avons un contact dans l'immobilier qui nous donne les clefs de maisons en état d'abandon avant d'être rachetée et rénovée par la suite, ou bien détruites dans certains cas. En contrepartie, nous lui versons une rente mensuelle. Si je ne paie pas en temps et en heure, adieu nos opportunités. Déjà qu'il risque sa carrière, mon contact ne va pas s'embêter à nous aider s'il n'a pas sa thune rapidement. Ces derniers mois, cet enfoiré l'a augmenté. Nous avons dû mal à suivre. D'autres questions chiantes, princesse ?

J'aurai pu avoir de la peine pour lui face à sa situation critique mais sa remarque me ravise d'éprouver la moindre compassion. Il est si odieux avec moi alors que j'essaie d'aider son petit frère et de m'intéresser un minimum à eux. Bon d'accord, c'est surtout de la curiosité malsaine.

Face à mon silence, le frère d'Eric acquiesce dans une révérence surjouée puis m'ouvre la porte et m'invite à passer devant lui. J'hésite quelques secondes, ne sachant pas dans quoi je suis en train de mettre les pieds. Diverses odeurs non identifiables, dont de tabac froid, agressent mes narines. Je fais un pas en arrière. Face à mon hésitation, le grand brun lève les yeux au ciel puis attrape mon avant-bras pour m'emmener avec lui. Je ne rechigne pas, contente qu'il entre en premier, restant sur mes gardes derrière lui. Moi qui me méfiait de l'individu, voilà que je me barricade derrière son dos. Celui-ci l'a remarqué puisqu'il tourne la tête vers mon visage blafard avec un sourire en coin, l'air satisfait.

Enfoiré. Tu dois jubiler de me voir dans ton environnement criminel.

- Les gars venez là, j'ai quelqu'un à vous présenter ! s'écrit-il en me lâchant.

La pièce dans laquelle nous nous trouvons est vide. Un vieux fauteuil traîne au milieu de celle-ci, ainsi qu'une table basse sur laquelle sont éparpillés quelques billets, deux cendriers remplis et des paquets de cigarettes. Au coin du meuble est posée une petite coupelle et sur celle-ci des petites boules nuancées. Cette forte odeur provient donc de là. J'en ai la tête qui tourne.

Soulman Dark FireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant