Soulman Dark Fire

Chapitre 13

Les premières lueurs du soleil me réchauffent le visage, frigorifié par la rosée du matin. Je pensais que mes premières foulées m'aideraient à m'évader un peu mais il n'en est rien. Les images d'hier soir me reviennent en mémoire à chaque seconde. Le son du craquement d'os nasal de Light me donne des frissons. J'ai fait l'erreur durant ces dernières semaines de romantiser mes relations avec les membres d'un gang. Depuis cet épisode, je me suis jurée de ne plus les côtoyer. Tant pis pour Eric, même si le savoir vivre dans cet environnement effrayant me brise le cœur. Avec le temps, j'oublierais peut-être cette violente altercation et reviendrais sur ma décision d'abandonner mon objectif de sauver le petit garçon. Pour l'instant, je suis trop lâche pour faire face de nouveaux à la dangerosité de ces types. 

La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées moroses. J'arrête ma course pour répondre à Lola.

- Salut Lynn, comment vas-tu ? J'espère que tu es bien rentrée hier soir ?

Je suis rassurée qu'elle m'appelle. Je comptais le faire une fois rentrée. J'ai appris en fuyant rapidement l'emprise de Darius que celui-ci l'avait raccompagné chez elle avant qu'il ne vienne me rejoindre. 

Je me suis enfuie en courant, n'attendant pas de savoir si le blondinet allait succomber à ses blessures. Personne n'a essayé de me rattraper et j'en suis bien contente. Monsieur Harinson est arrivé rapidement. Mon état l'inquiétait, ne pouvant cacher mes larmes au bout de quelques minutes de route. 

- Quelqu'un vous a fait du mal, Lynn ?

Je réponds non de la tête. Ma réponse suffit à détendre mon chauffeur qui est resté silencieux jusqu'à destination, à mon grand soulagement. Je n'ai pas envie de propager la violence de Logan, au risque que les garçons aient plus d'ennuis, même si je me doute que les habitants de Los Angeles ainsi que la police ne seraient pas étonnés. Malgré la peur et la colère, je ne peux pas leur faire de tord. Je préfère être lâche et faire comme s'il ne s'était rien passé. J'oublie et je fuis loin d'eux, voilà la seule solution que j'ai pu trouvé pour éviter les représailles. 

Je me reconcentre sur ma conversation téléphonique. 

- Bonjour Lola, oui très bien. Je suis bien rentrée avec monsieur Harinson hier. 

- Cool ! Je m'inquiétais, je n'avais pas eu de nouvelles de toi ce matin. Darius m'a raccompagnée hier. Il n'a pas l'air à première vue mais cet homme est très gentil et attentionné ! 

J'hésite à cet instant de parler de ce que j'ai vu pour qu'elle se méfie de lui. Même si j'aimerais la prévenir, les mots ne sortent pas. Arrête de vouloir les protéger !

- J'ai passé une super soirée hier, continue-t-elle. Je te remercie Lynn. Je comprends mieux tes mises en garde sur ma timidité maintenant. Je suis passée à côté de tellement de choses !

La gaieté de Lola me remonte le moral. Je suis contente qu'au moins une personne se soit réellement amusée. A présent, je ne l'inviterais plus à ce genre de soirée, au risque de se faire agresser ou de voir quelqu'un se faire agresser. D'ailleurs, je n'irais plus non plus.  

Après le coup de fil de ma collègue, je passe la journée du dimanche enfermée dans mon appartement à broyer du noir toute la journée dans mon lit. Je n'ai pas mangé, mon ventre trop contracté pour ingurgiter quoi que ce soit. Le reste de la semaine se passe de la même manière. J'ai perdu le goût de travailler, les images des garçons et de Light me torturant l'esprit. Cela m'a valut quelques réflexions de Caroline et inquiétudes de Lola que j'ai toutes deux ignorées. 

Le dimanche suivant se passe de la même manière. Je n'ai pas l'envie de sortir, ni d'acheter de vêtements pour me remonter le moral. J'ai passé toute la journée de samedi à ruminer par anxiété. D'habitude, j'étais chez le gang des DarkFire dès le matin pour donner des cours à Eric. Mon absence n'a valu aucun message des garçons. J'étais à la fois soulagée et déçue. C'est un mal pour un bien, Lynn. 

La sonnerie de mon appartement se met à retentir, me provoquant un sursaut. L'image de Logan, me toisant d'un regard froid sur le palier de ma porte me revient en mémoire. Il ne serait pas revenu, si ? 

La peur s'empare de moi. Pourtant, j'ai une irrésistible envie d'aller lui ouvrir. J'essaie de bloquer mes pensées et de réagir comme une adulte en lui demandant à lui et aux autres de me foutre la paix. C'est la meilleure solution pour moi. Mon état dépressif de la semaine m'a prouvé que les garçons me manquent, malgré la peur qu'ils m'inspirent. Ma conscience m'oblige à ne pas les revoir, évitant de tomber dans des relations toxiques, m'entraînant dans une vie remplie de violences. Mes pensées contradictoires me prennent la tête et m'empêchent de me concentrer sur mon travail. Je suis en train de détruire ma carrière pour ces gens. Il faut que je reprenne le contrôle de ma vie. 

Je me lève et me dirige vers la porte avec assurance. En ouvrant celle-ci, qu'elle ne fut pas ma surprise en y découvrant une jolie femme aux cheveux rouges, me souriant de toutes ses dents.