- Madame Brown ? Je peux vous parler une seconde ?
A peine j'entends la voix de Caroline sur le bas de la porte de mon bureau que je tressaille. Je lève la tête par dessus mon écran d'ordinateur pour porter une attention non voulue sur elle. Elle remonte ses petites lunettes rouge d'un doigt tout en attendant que je réagisse. J'arrive à apercevoir à la lumière du plafond des fourches et frisotis partir dans tous les sens sur ses boucles dorées. La peau de son visage est craquelée dû à une mauvaise hydratation. Ses cils sont collés entre eux par le surplus de mascara qu'elle s'inflige. Ses vêtements brodées à la main de toutes les couleurs me donnent le tournis. Je trouve cela révulsant de la part d'une employée d'un institut de beauté de ne pas prendre soin d'elle. Même si elle n'est pas en contact direct avec les clients, heureusement, elle pourrait faire un minimum d'effort.
- Allez-y, réponds-je ennuyée par la présence de ma collègue.
Cette dernière se racle la gorge tout en avançant jusqu'à atteindre l'autre côté de mon bureau. Elle pose un dossier sur celui-ci avant de commencer son énième critique.
- Depuis quelques jours, j'ai remarqué pas mal d'erreurs anormales au sujet du budget et cette fois, cela ne vient pas de votre équipe. C'est étonnant de votre part d'ailleurs. Vous êtes sûre que tout va bien ?
Je sais pertinemment que l'assistante du PDG, Jack, n'en pense pas moins. Elle se fiche éperdument de mon état de santé. Sans la connaître, n'importe qui pourrait croire qu'elle est sensible à la bonne ambiance de travail mais il n'en ait rien. Si elle peut s'informer sur le moindre potin pouvant porter préjudice à un employé, elle est la première à en faire part à notre grand patron. Je suis d'ailleurs quasiment sûre qu'ils couchent ensemble. Qui n'a pas été tenté dans cette foutue entreprise de flirter avec un patron obsédé comme Jack, promettant monts et merveilles professionnels ? Je soupçonne même qu'elle ait eu sa place par ce procédé peu conventionnel. Ce dernier a essayé plusieurs fois d'arriver à ses fins avec moi. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai eu envie de le frapper sur sa zone sensible, l'empêchant enfin d'harceler sexuellement les employées de notre institut. Je dois ma place par mes seules compétences et à mon travail acharné.
- Je vous rassure Caroline tout va bien, finis-je par sortir en me reconcentrant sur mon écran d'ordinateur. Cela ne se reproduira plus.
En réalité, j'ai des difficultés à me concentrer sur mon travail depuis une semaine, depuis cette fameuse soirée. Je n'arrive pas à oublier le visage de ce petit garçon et... le comportement de cet abruti avec qui il est parti. J'aurai dû l'en empêcher. La culpabilité ne me quitte plus depuis.
- Parfait, reprend ma collègue, je vous laisse revoir nos chiffres et me faire un rapport dès ce soir.
Sur son ordre, Caroline quitte mon bureau en prenant soin de refermer la porte derrière elle.
Je souffle en me renversant sur ma chaise. Je ferme les yeux un instant, essayant de me vider la tête avant d'entamer une longue journée prise de tête.
J'ai à peine un moment de répit que j'entends toquer à la porte.
- Entrez.
Un membre de mon équipe, Lola, fait son entrée timidement. Elle est la plus jeune du service de finance. Très intelligente mais n'ayant que peu de confiance en elle, cette employée modèle est celle que j'apprécie le plus.
- Je suis désolée de vous déranger mademoiselle Brown. Caroline m'a fait part des anomalies trouvées dans les flux budgétaires de la semaine. J'espère que je ne vous aies pas mise dans une situation inconfortable. Souhaitez-vous que je vous aide à régler le problème ?
- Sans façon, réponds-je crument. Ce ne sont pas vos erreurs mais les miennes alors arrêter de tout porter sur votre dos. Vous allez être manger toute crue si vous ne vous imposez pas dans ce domaine.
Mon ton est plus dur que je l'aurai voulu. La petite rouquine baisse les yeux, honteuse de m'avoir proposé son aide. Je ne veux pas être méchante à son égard car elle ne le mérite pas. J'essaie tant bien que mal de la forger mais cela fut un échec jusqu'à présent.
- Veuillez m'excuser, je ne voulais pas vous déranger.
Les yeux de la jeune employée me toise quelques secondes avant de dévier rapidement une nouvelle fois vers le sol. La lueur de son regard triste m'a rappelé un court instant celui du petit garçon. Lola s'apprête à refermer la porte avant que je ne réagisse.
- Attendez Lola, dis-je en me levant brusquement.
Cette dernière se redresse en attendant que je continue.
- Je veux bien que vous m'aidiez finalement, lancé-je avec une voix plus douce. Vous êtes la seule à pouvoir repérer mon erreur.
Les traits de la jeune femme se détente, laissant place à un sourire de satisfaction.
- Bien sûr mademoiselle Brown ! Par où dois-je commencer ?
- Etudiez ce dossier s'il vous plaît.
Je contourne mon bureau pour m'emparer des documents laissés par Caroline puis les tends à Lola.
- Je suis désolée pour ma remarque infondée, murmuré-je. Vous êtes douée dans votre métier, affirmez-vous un peu plus et vous irez loin Lola. Ayez confiance en vous, c'est tout ce que je vous souhaite.
Le sourire de cette dernière s'élargit, comme si je venais de lui offrir un cadeau inestimable ou bien une bonne augmentation. J'ai rarement vu une expression aussi joyeuse sur son visage depuis que je travaille au sein de l'institut. Je prends conscience que j'ai peut être était trop dure avec elle. Est-ce les événements de l'autre soir qui me font cet effet ?
- Ce n'est rien mademoiselle, reprend-elle en s'inclinant pour me remercier. Vous avez un travail prenant avec de grandes responsabilités. Je comprends totalement.
La gentillesse de Lola me touche. Je me sens honteuse tout à coup.
Cette dernière referme la porte derrière elle. Je reste plantée derrière celle-ci pendant quelques minutes, perdue dans mes pensées. Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
La journée de travail fut éprouvante. Sans l'aide de mon employée modèle, j'aurai pu finir beaucoup plus tard. En sortant de mon lieu de travail, je commande un taxi. Dans l'attente de ce dernier, j'inspire une bonne bouffée d'air frais, contente d'être enfin en week-end. Je vais pouvoir me reposer et remettre mes idées en place.
Je sens brusquement le coin de ma jupe bouger. Je baisse la tête et aperçoit avec étonnement le petit garçon aux yeux gris tirer sur mon vêtement en souriant.
- Bonjour madame, vous avez d'autres gâteaux ?
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Soulman Dark Fire
RomanceOn dit que l'argent ne fait pas le bonheur. Pourquoi mentir ? Il y contribue sinon je ne vivrais pas la vie de rêve que je mène actuellement. Indépendante et riche, mon quotidien est celui d'une vraie princesse. Alors pourquoi quand je le vois, lui...